Analyse au Luxembourg: «Les Luxembourgeois ne sont pas plus pervers que d'autres»

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Analyse au Luxembourg«Les Luxembourgeois ne sont pas plus pervers que d'autres»

LUXEMBOURG – Comment interpréter les résultats de l’étude sur la pornographie, publiés mercredi par «L’essentiel» en coopération avec les statisticiens de PornHub? Nous avons interrogé un expert.

Le porno est populaire dans le monde entier, et le Luxembourg n'est pas une exception. L’essentiel a analysé avec les statisticiens de PornHub les habitudes de consommation des sites pornographiques dans le pays. Comment interpréter les données de PornHub? Que nous révèlent-elles sur la sexualité dans notre société? Nous avons interrogé Simon Görgen, membre de l'équipe en charge de l'éducation sexuelle au sein du Planning familial au Luxembourg. Selon lui, le visionnage de sites pornographiques est devenu une chose tout à fait banale. «Il n’y a pas de honte à avoir» tant que le tournage et le visionnage des vidéos sont réalisés par des personnes consentantes. «La pornographie peut faire partie intégrante de la sexualité».

La manière de consommer la pornographie n’a rien non plus d’alarmant, selon Simon Görgen. Les habitants du Luxembourg ne sont «pas plus pervers» que d'autres. Le pédagogue de formation met tout de même les jeunes en garde par rapport à l’accès très facile à la pornographie hard. «Si la première expérience sexuelle est un film porno hardcore, les jeunes peuvent développer une fausse image de la sexualité».

La différence entre la pornographie et la réalité

Simon Görgen et ses collègues se rendent régulièrement dans des écoles pour effectuer un travail de pédagogie et de prévention. Ils dispensent même des cours pour des élèves de quatrième classe, dans lesquels ils évoquent les changements du corps lors de la puberté. Avec les plus âgés, les spécialistes parlent de sexualité et de prévention des risques. «Les enfants de neuf ans ont rarement vu des films pornos. Quand des élèves plus âgés leur montrent une vidéo, ils ne reconnaissent même pas les différentes parties du corps».

Il arrive même que certains demandent ce qu'est la pornographie. Simon Görgen explique alors «la différence entre cles scènes que l’on voit dans ces films et une relation de couple dans la réalité». Certains des 13-16 ans qui ont déjà eu accès à la pornographie pensent que ça devrait se passer de la même façon «dans le lit à la maison», d'où une certaine confusion dans la tête des adolescents. «Il faut leurs expliquer qu'il s'agit d'acteurs porno professionnels, pour qui le sexe est un métier».

Rassurer les parents

«On parle souvent de sexualité, notamment en groupe. Nous devons faire avec eux la distinction entre sexualité et pornographie». Par exemple expliquer que toutes les femmes ne se mettent pas à genoux à attendre que leur partenaire leur éjacule au visage. Si un jeune homme a cette image des femmes et de la sexualité, «il ne trouvera pas beaucoup de jeunes filles ou de femmes qui s'intéresseront à lui», parce que «ce qui semble plaîre aux actrices porno ne plaît pas forcément aux femmes dans la réalité».

Le spécialiste se veut rassurant auprès des parents qui s’inquiètent pour leurs adolescents. Les jeunes sont certes confrontés à des images auxquelles leurs parents n’avaient pas accès aussi facilement. «Mais ils sont aussi ingénus que nous pouvions l’être à leur âge. Je ne vois pas de différence avec ma génération, développe le trentenaire. Quand on gratte un peu, on s’aperçoit que les jeunes recherchent aussi de l’amour, de la fidélité et de l’amitié».

(Tobias Senzig/L'essentiel)

Le Planning familial

Le Planning familial est une asbl en charge, selon ses propres termes de «la promotion de la santé sexuelle, reproductive et affecrive». L'association, financée en partie par le ministère de la Santé, traite aussi de prévention, des maladies sexuellement transmissibles et de grossesse.

Une équipe spéciale s'occupe des questions de «l'éducation sexuelle et affective» dans les établissements scolaires du Grand-Duché. Les 13-16 ans peuvent alors poser des questions qu'ils n'auraient probablement pas posé à leurs professeurs.

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