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Portrait

Jérôme Pamela Un polytechnicien chercheur au service d'ITER-France

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Publié le 18 janv. 2010 à 01:01Mis à jour le 6 août 2019 à 00:00

Beaucoup de ses camarades de promotion sont désormais à la tête de grandes entreprises, mais à sa sortie de Polytechnique, en 1974, Jérôme Pamela a préféré la voie de la recherche pure et dure. Sa nomination à cinquante-quatre ans à la direction de l'agence ITER-France est une parfaite synthèse de son engagement de longue date dans la fusion nucléaire et de sa conviction que seules les grandes coopérations internationales sont aujourd'hui à même de faire avancer la science. « La bonne recherche est celle qui se fait dans un cadre permettant à la fois la compétition et la collaboration », répète-t-il volontiers.

Cet enfant de Neuilly, qui a grandi sous l'oeil des prêtres du Collège Stanislas avant d'intégrer l'X, enchaîne donc avec un DEA en physique nucléaire et en physique des particules à Orsay. En 1977, il intègre le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et passe son doctorat d'Etat en participant aux premières grandes expériences internationales sur l'accélérateur de particules Petra en Allemagne, puis au CERN en Suisse.

Sa vie professionnelle va changer de cap en 1984 à la faveur d'une rencontre avec un ancien camarade de l'X qui lui parle avec enthousiasme des recherches sur la fusion et le convainc de s'engager dans ce domaine. « La physique des particules est une des aventures cognitives les plus passionnantes de notre époque, mais l'intérêt de la fusion est aussi pratique : c'est le défi de mettre au point une source d'énergie quasi inépuisable au service de l'humanité », explique ce quinqua souriant et grisonnant qui dit avoir gardé de ses jeunes années passées chez les « cathos » de « Stan » une vraie foi dans l'humanisme.

Collaboration modèle au niveau européen
Cette conversion le conduit sur le site du CEA à Cadarache dès 1986 pour travailler sur la fusion, puis pour coordonner ces recherches au niveau européen. Il participe aussi, au début des années 1990, aux prémices du réacteur expérimental à fusion thermonucléaire ITER que l'on commence alors à évoquer, en montant un groupe de suivi au sein du CEA puis en menant des études sur un site d'accueil à Cadarache. Mais ITER devra attendre mai 2005 pour être définitivement validé par ses six partenaires mondiaux (Europe, Japon, Etats-Unis, Russie, Chine et Corée du Sud).

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Entre-temps, en 1999, Jérôme Pamela a pris en Grande-Bretagne la direction du JET (Joint European Torus), un réacteur en forme d'anneau capable d'utiliser un mélange deutérium-tritium et d'engendrer plusieurs mégawatts d'énergie de fusion, mais seulement pendant quelques secondes. Le début d'une période intense où se conjuguent pour lui une nouvelle expérience managériale et la nécessité de réinventer le fonctionnement du JET pour en faire un véritable outil scientifique collaboratif. « C'était un virage délibéré pour passer à des programmes de recherche supranationaux et renforcer l'Europe dans l'objectif d'ITER », explique-t-il. Un modèle de collaboration qu'il aimerait bien voir dupliqué plus largement au sein de l'Union européenne.

En 2006, Jérôme Pamela a quitté le JET pour prendre, à Munich, les rênes du programme européen de recherche en fusion EFDA (European Fusion Development Agreement), qui implique la Commission, des laboratoires et des institutions des 27 Etats membres et de la Suisse, et coordonne le travail de plus d'un millier de chercheurs en Europe. Son épouse, pianiste, et leurs quatre garçons sont alors venus s'installer dans la région Paca où il les rejoint désormais à plein temps. L'occasion de retrouver le plaisir de jouer, lui aussi, du piano après toutes ces années passées dans les avions. Et l'espérance de voir enfin aboutir un grand rêve scientifique.

BRIGITTE CHALLIOL

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