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Rideau de fin pour le Théâtre de la Cité internationale à Paris ?

Faute de subventions, la saison 2014-2015 de ce lieu atypique pourrait bien avoir été la dernière.

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Publié le 30 juin 2015 à 16h59, modifié le 03 juillet 2015 à 16h01

Temps de Lecture 3 min.

La Coupole, la plus grande salle du Théâtre de la Cité internationale à Paris en 2013.

« Un théâtre sans projet artistique, c’est un théâtre qui meurt. » Telle est la sonnette d’alarme tirée par Pascale Henrot, ancienne directrice du Théâtre de la Cité internationale de Paris (TCI). Depuis septembre 2014, date de son départ à la tête de l’Organisation nationale de direction artistique, les salariés du Théâtre de la Cité sont dans l’expectative la plus totale quant à leur devenir. « En près d’un an, aucune procédure normale d’appel à candidatures n’a été lancée, c’est une stratégie du pourissement », s’indigne Pascale Henrot. Plus inquiétant encore, le conseil d’administration de la Cité internationale a mis sur la table un projet de restructuration du théâtre qui amputerait le TCI de plus de la moitié de sa subvention annuelle – qui s’élève pour l’heure à 880 000 euros.

Impossible donc de savoir si les trois salles du théâtre pourront de nouveau ouvrir leurs portes et afficher, comme en 2014, un taux de fréquention de 79 % – dont 30 % de jeunes spectateurs. L’avenir de ce théâtre atypique, implanté au cœur de la « Cité U » dont il est sous la tutelle, est donc entre les mains de la fondation de la Cité internationale. Face à la pétition lancée par l’équipe du TCI, ainsi qu’aux nombreux soutiens apportés notamment par Jack Lang, Denis Podalydès ou Christophe Rauck, la direction de la Cité reste muette. La déléguée générale Carine Camby tout comme le président Marchel Pochard se refusent à tout commentaire.

Un pôle de création unique au sud de Paris

Le Théâtre de la Cité est pourtant un lieu mythique de la scène contemporaine française. Rénové à grands frais (près de 8 millions d’euros) en 2004, il abrite treize studios de musique et cinq ateliers d’artistes. Pensé par les pères fondateurs comme faisant partie intégrante du projet humaniste de la « Cité U », il est inauguré en 1936. Sous l’impulsion d’André Malraux, André-Louis Périnetti en prend la direction en 1968 et y accueillera des figures d’avant-garde comme Victor Garcia ou le Grand Magic Circus.

A partir de 1991, la nouvelle maîtresse des lieux, Nicole Gautier, pense aussi le Théâtre de la Cité comme un point de propulsion pour de jeunes artistes. Pascale Henrot ajoute en 2008 sa pierre à l’édifice en axant sa programmation sur la transdisciplinarité : arts du cirque, nouvelles écritures et arts plastiques attirent le public dans un sud francilien pauvre en salles de tailles intermédiaires.

« Un déficit permanent »

Mais la direction reproche au théâtre de s’être trop éloigné de la vie universitaire. Selon des sources proches du dossier, la Cité internationale souhaiterait aussi investir dans des domaines jugés plus rentables et valorisants que la sphère artistique, comme la construction de nouvelles Maisons (Chine, Ile-de-France et Corée). Les membres du conseil d’administration n’envisagent plus de doter aussi largement un théâtre que certains désignent même comme un « déficit permanent » – même si le budget du TCI ne représente que 2,3 % des dépenses globales de la « Cité U ».

Suite au départ de Pascale Henrot, la fondation a fait part de son désir de voir se restructurer économiquement le théâtre. A cet effet, Philippe Bachman – directeur de la Comète de Châlons-en-Champagne – a été désigné début 2015 pour mener une mission de préfiguration de trois mois. Il s’agissait de définir un nouveau projet artistique pour le TCI et surtout de proposer un budget moins gourmand en dotations. Mais le rapport rendu par Philippe Bachman – qui propose d’ouvrir davantage les activités du théâtre à l’international et à la vie étudiante – n’a, semble t-il, pas suffi à combler les attentes de la fondation. Pas plus que la baisse de 150 000 euros de budget concédée à la Cité. A l’heure actuelle, les vingt-huit employés du théâtre sont condamnés à attendre la rentrée 2015 pour connaître la décision finale du conseil d’administration.

La fin d’une époque ?

Si la baisse des subventions annoncée par la fondation est confirmée, ni le ministère de la culture ni la Ville de Paris n’ont indiqué vouloir augmenter leurs subventions respectives de 1,3 million et 230 000 euros. Ce qui entraînerait le licenciement d’au moins dix personnes et rendrait impossible la poursuite des activités artistiques.

Tandis que l’équipe du TCI continue tant bien que mal de travailler, Jeanne Candel, artiste en résidence aux côtés de son collectif « La Vie Brève », a été reconduite pour un an au sein du TCI. « Je suis carrément en colère et attristée de la situation, assène Jeanne Candel. La résidence au Théâtre de la Cité a été un tremplin incroyable. Durant près de trois ans, nous avons eu une maison, un abri, un toit. A l’heure actuelle, c’est un luxe inestimable. » Un « luxe » que la fondation estime apparemment désormais de l’ordre du superflu.

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