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Népal : le défi d'aider les survivants du séisme

Un quartier de Katmandu, au Népal, en ruines

Un quartier de Katmandu, au Népal, en ruines

Photo : Danish Siddiqui / Reuters

Radio-Canada

Des milliers de Népalais ont entrepris lundi de fuir Katmandou, la capitale du pays, dévastée par le séisme qui a provoqué la mort de plus de 4000 personnes. La population craint un manque de nourriture et est effrayée par les nombreuses répliques. L'ONU promet quant à elle une aide humanitaire massive aux sinistrés.

Le bilan du séisme qui a dévasté le Népal samedi dépasse maintenant les 4000 morts. Un communiqué diffusé sur Facebook par la police népalaise fait état de 7180 blessés à la suite de la secousse d'une magnitude de 7,8, samedi. Certains responsables n'excluent pas qu'au total, la catastrophe ait fait plus de 5000 morts. Il s'agit du séisme le plus dévastateur depuis celui de 1934, qui avait fait 8500 morts.

À Katmandou, les abris, le carburant, la nourriture, l'électricité et les médicaments faisaient tous gravement défaut lundi, et la situation serait encore pire dans les campagnes. Les rescapés se ruaient lundi en masse sur les produits alimentaires et les stations-service pour faire des réserves, redoutant des pénuries.

Les routes permettant de sortir de la capitale népalaise sont noires de monde. Certains tentent de trouver place à bord d'autobus, de voitures ou de camions. Des queues interminables se sont formées à l'aéroport de Katmandou, où les sinistrés tentent désespérément de trouver un vol.

En entrevue à l'émission Pas de midi sans info!, Alain Lapierre, chef de l'équipe d'urgence de CARE Canada au Népal, affirme que le trafic à l'aéroport de Katmandou est au ralenti, « mais quand même les avions humanitaires arrivent, certains vols commerciaux continuent, donc ça s'organise ».

Les hôpitaux sont pleins, la nourriture est quand même limitée, les sources d'eau sont aussi limitées et elles peuvent être contaminées, surtout avec la pluie. Les conditions sanitaires sont très précaires.

Une citation de Alain Lapierre, chef de l'équipe d'urgence de CARE Canada au Népal

Séisme meurtrier au Népal

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Un écolier en uniforme marche entre les ruines des maisons.

Des répliques sismiques à n'en plus finir

Nombreux sont ceux qui disent avoir dormi dehors depuis le séisme de samedi, soit parce que leur logement a été détruit,soit parce qu'ils craignent que leur toit ne s'effondre au vu des multiples répliques.Les craintes de maladies ont également émergé parmi les dizaines de milliers d'habitants ayant perdu leur logement et contraints de camper dans des parcs.

À Katmandou, les morts et les blessés gisent en plein air. Il n'y a plus assez de lits dans les hôpitaux dévastés de la ville.Les morgues arrivent, quant à elles, à saturation.

L'administrateur en chef du district de Katmandou, Ek Narayan Aryal, a dit que des tentes et de l'eau potable étaient distribuées lundi dans dix emplacements de la ville. « Il y a eu plus de 100 séismes et répliques, ce qui complique les opérations de secours, a-t-il dit. Même les secouristes ont peur et se sauvent », dit-il.

Jean-Jacques Simon, responsable des communications de l'UNICEF pour la région de l'Asie du Sud, a vécu le tremblement de terre à Katmandou, où il habite présentement. Depuis, il passe ses nuits dans sa voiture avec sa famille.

« Il y a tellement de blessés, témoigne-t-il. C'est trop pour le genre de centres de santé qu'il y a ici. Ils ne sont pas équipés pour ce genre d'arrivée massive [de patients], pour ce genre de tragédie. Il y a énormément de choses à faire ici. »

Tout ce qu'on sait, c'est qu'il y a des villages entiers qui ont été décimés, mais en raison de l'infrastructure routière, il est difficile d'avoir accès à ces endroits. Donc l'information arrive au compte-goutte. 

Une citation de Jean-Jacques Simon, responsable des communications de l'UNICEF pour la région de l'Asie du Sud

Jean-Jacques Simon souligne que les organisations humanitaires continuent à se mobiliser, à l'image de l'UNICEF dont deux avions chargés de matériel médical, de tentes et de couvertures.

Il indique toutefois que les besoins sont énormes. « On avait positionné pas mal stocks dans nos entrepôts, mais pas assez pour ça. On avait positionné pour 5000 familles, mais là on a beaucoup trop de demandes. » mentionne-t-il, ajoutant que même s'« il y a quand même une bonne solidarité au sein des agences des Nations unies et des partenaires », il y a « énormément de défis et de travail ».

Détresse dans les campagnes

Les secouristes peinent toujours à rejoindre les villages reculés. Certains chemins et sentiers ont été bloqués par des glissements de terrain, a indiqué l'organisme Vision Mondiale, dans un courriel à l'Associated Press. Les sauveteurs ont aussi beaucoup de mal à atteindre certaines zones montagneuses qui ont été touchées. Le Népal compte 28 millions d'habitants.

« Il y a beaucoup de régions qui sont complètement enclavées et les routes ne sont pas accessibles. Beaucoup de régions sont accessibles seulement via hélicoptère », fait remarquer Alain Lapierre, de CARE Canada.

L'explorateur Bernard Voyer s'inquiète notamment du sort des habitants des petits villages et hameaux éloignés. « Avant d'avoir des nouvelles de ce qui s'est passé, je suis certain que certains de ces hameaux sont détruits complètement par des éboulis de roches », dit-il, craignant que le bilan s'alourdisse considérablement.

« On parle souvent de Katmandou, mais tout le reste du pays, ces petits villages, qu'est-ce qui se passe là-bas? », se demande l'explorateur.

Quand saurons-nous le bilan de la catastrophe au complet? Ça m'inquiète énormément.

Une citation de L'explorateur Bernard Voyer

Quant aux alpinistes coincés dans l'Everest, Bernard Voyer rappelle qu'il n'est pas facile de les sauver en haute montagne, où il est extrêmement périlleux pour les hélicoptères d'atterrir.

Il estime que le sauvetage des alpinistes et autres randonneurs prendra du temps, d'autant plus que la localité la plus proche du camp de base, Lukla, dispose d'une piste d'atterrissage ne pouvant accueillir que de petits avions de 15 passagers.

Des centaines d'alpinistes sont coincés au camp de base de l'Everest, où une énorme avalanche a fait 17 morts. Des hélicoptères ont récupéré lundi les alpinistes coincés haut dans leur ascension par des crevasses et des glaciers, après avoir évacué les blessés.

Bernard Voyer ne pense pas que les alpinistes vont désormais bouder le Népal. Il fait remarquer que ceux-ci, avec les randonneurs, constituent une « source importante de revenus » pour ce pays et ses habitants.

Entrevue avec Bernard Voyer à l'émission Pas de midi sans info! : 1ère partie et 2e partie

Le principal dirigeant du district de Gorkha, où la secousse était centrée, Udav Prashad Timalsina, a fait état de villages où 70 % des maisons auraient été anéanties.

Les 100 000 soldats de l'armée népalaise ont été mobilisés pour les opérations de secours.

Selon l'UNICEF, près d'un million d'enfants sont « durement touchés ». L'organisation humanitaire de l'ONU craint une épidémie de maladies infectieuses.

Le pays manque de personnel médical spécialisé, et a besoin de tentes, de nourriture sèche, de couvertures, de matelas et de médicaments. « Nous n'avons pas les hélicoptères dont nous avons besoin ni l'expertise pour secourir les gens coincés », affirme le secrétaire général du gouvernement et responsable des opérations de secours, Lila Mani Poudyal.

Vous avez de la famille ou des amis au Népal?

Le ministère des Affaires étrangères du Canada invite les personnes qui ont des amis ou de la famille au Népal à téléphoner au 1 800 387-3124 ou à envoyer un courriel à l'adresse sos@international.gc.ca pour obtenir de l'information.

À Bhaktapur, ville à l'est de Katmandou célèbre pour ses temples, des bâtiments vieux de plusieurs siècles se sont effondrés et ceux qui sont toujours debout présentent des fissures. Des habitants se sont rassemblés sous des tentes dans l'enceinte d'une cité scolaire.

En Inde, 66 personnes ont été tuées et au moins 20 autres au Tibet, selon l'agence officielle chinoise Chine nouvelle.

Gravité d'un séisme selon sa magnitude
MagnitudeEffets
Moins de 3,5 Enregistré par les sismographes locaux, mais généralement pas ressenti.
3,5 - 5,4 Souvent ressenti, mais cause rarement des dommages.
Sous 6,0 Peut causer de légers dommages aux édifices bien construits, et des dommages majeurs aux édifices de piètre qualité.
6,1 - 6,9 Peut causer des dommages aux édifices de piètre qualité et aux structures sur une distance allant jusqu'à environ 100 kilomètres.
7,0 - 7,9 Séisme « majeur ». Peut causer de sérieux dommages sur de vastes étendues.
8,0 - 8,9 Séisme « énorme ». Peut causer des dommages sérieux et la perte de vie sur des distances allant jusqu'à plusieurs centaines de kilomètres.
9 Séisme énorme et rare. Peut causer des dommages sérieux sur des distances allant jusqu'à 1000 km.
Source : Ressources naturelles Canada

Les secouristes népalais reçoivent le renfort de centaines d'humanitaires arrivés de pays comme la Chine, l'Inde et les États-Unis et de nombreuses organisations et États ont promis leur aide (dont le Canada, le Royaume-Uni, l'Espagne et Israël). Toutefois, certains avions n'ont pu atterrir en raison des répliques qui ont contraint le principal aéroport de Katmandou à fermer plusieurs fois dimanche.

Le Programme alimentaire mondial (PAM) de l'ONU prépare une opération« massive » d'aide, et espère envoyer au plus vite un premier avion chargé d'aide alimentaire, a annoncé à l'AFP une de ses porte-parole, Elisabeth Byrs.

À cette époque de l'année, le Népal est très fréquenté par les touristes, attirés par les sommets de l'Himalaya et les circuits de trekking. À Paris, le Quai d'Orsay a déclaré être sans nouvelles de 674 Français. Les proches de quatre ressortissants canadiens au Népal disent quant à eux être toujours sans nouvelle d'eux.

Carte du Nepal

Carte du Nepal

Photo : Radio-Canada

Avec les informations de Reuters, Agence France-Presse, Associated Press et La Presse canadienne

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