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Santé

Vivre plus vieux c'est bien, le faire en bonne santé c'est mieux

Davantage de seniors en bien meilleure santé : si la nouvelle donne démographique paraît une bonne nouvelle, c’est parce que le monde économique, technologique et médical a déjà commencé à miser sur le bien-être des "aînés". Au profit de tous.
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Mieux veillir
Confort de l'habitat, maison connectée, détection des chutes, dispositifs de sécurité... autant de services qui permettent un maintien à domicile sécurisé et plus longtemps.
©Antonio Saba / Cultura Creative

NUMÉRIQUE. Cet article est extrait de Sciences et Avenir 816, en vente en février 2015. Le magazine est également disponible à l'achat en version numérique via l'encadré ci-dessous.

VIEILLISSEMENT. Le constat est sans appel : la société française vieillit. Et même rapidement. Une évolution aux conséquences économiques et sociales gigantesques, qui va modifier en profondeur les relations entre générations. Dès 2015, les seniors — définis dans cette étude comme les plus de 50 ans — vont assurer une majorité des dépenses des ménages, selon le Credoc (Centre de recherche pour l’étude et l’observation des conditions de vie) : 64 % dans la santé, 60 % dans l’alimentaire, 58 % dans les équipements, 57 % dans les loisirs, etc. Et d’ici à quelques années, ces aînés vont encore plus clairement déterminer la consommation. Connaître leurs besoins et proposer des biens et services adaptés est donc un enjeu majeur, pour leur bien comme pour celui des plus jeunes.

Les pouvoirs publics l’ont compris en aidant à la création de la filière Silver Économie (traduisez : "l’économie des cheveux blancs") au cours de l'année 2013. Transports, services, loisirs, agroalimentaire, santé, équipement, il n’est pas un secteur d’activité qui ne soit concerné par cette vague de personnes plus âgées, non seulement en France, mais aussi dans le monde. Et la bonne nouvelle, sans tomber dans un optimisme béat, est que seule une petite fraction d’entre elles risque de se retrouver dépendante. Il faut donc s’attendre à vieillir plus longtemps, mais en meilleure santé qu’avant. En tout cas si l’augmentation de "l’espérance de vie en bonne santé perçue" constatée par l’Inserm continue sur sa lancée : depuis 2005, elle a crû de 1,5 an pour les hommes et de 1,6 an pour les femmes — soit plus que l’espérance de vie elle-même. Une perspective plutôt encourageante pour la société en général… et pour les acteurs des marchés technologiques ou de services en particulier !

Offrir aux aînés de vivre davantage chez eux 

De fait, ceux-ci ont les yeux rivés sur les innovations qui permettront d'atteindre un même objectif : aider à "mieux vieillir". La France n’est pas trop mal placée dans cette course mondiale, après l’Allemagne et le Japon, confrontés bien avant nous au vieillissement de leur population. "Il existe une recherche française solide et productive sur ces questions", souligne Vincent Rialle, chercheur au laboratoire Agim (Âge, imagerie, modélisation) du CNRS et de l’université Joseph-Fourier Grenoble 1. Certaines technologies, tels les robots compagnons chargés d’accomplir des tâches simples ou les exosquelettes palliant certains handicaps, ne sont pas encore en phase d’industrialisation.

ÉQUIPEMENT. D’autres, moins spectaculaires, mais fort utiles dans la vie quotidienne — notamment en matière d’équipement de la maison — se développent à un rythme soutenu, en prenant notamment en compte le désir numéro un des seniors : "rester le plus longtemps possible chez eux, pour ne pas être une charge, notamment pour leurs enfants", précise Olivier Peyrat, directeur général de l’Afnor (Association française de normalisation), qui vient de publier une étude sur leurs attentes. "Un désir d’autonomie qui est une spécificité française par rapport aux pays latins."

Le maintien du lien ne doit pas devenir trop invasif 

SERVICES. Confort de l’habitat, maison connectée, détection des chutes, dispositifs de sécurité... autant de services qui permettent ce maintien à domicile. Ils sont bien sûr facilités par les nouvelles technologies et la vague numérique, sur laquelle les seniors surfent eux aussi. En témoigne le succès des ordinateurs, tablettes et téléphones "simplifiés" comme Doro, Ordissimo, ou Bazile. "Grâce à Internet, les liens avec la famille ou le voisinage sont préservés, ce qui explique le véritable plébiscite sur ces produits", note Philippe Metzenthin, président de la FFD (Fédération française de domotique). 

Pour autant, du chemin reste à faire. D’abord pour bien identifier les besoins et favoriser le "vivre ensemble" tout en évitant de tomber dans la stigmatisation d’une population qui ne se définit évidemment pas uniquement par son âge. De fait, la frontière entre le maintien du lien et la surveillance n’est pas toujours très clairement perçue, d’autant que les technologies peuvent permettre d’aller très loin dans l’inquisition : combien de fois le frigo a-t-il été ouvert, combien de temps passé devant les écrans, le nombre de visites reçues, etc. "Si cela peut être utile pour des populations très spécifiques, comme les malades d’Alzheimer, cela ne fonctionne pas auprès de la grande majorité des seniors, qui détestent se sentir ainsi pistés", souligne Michaël Carré, cofondateur de Médialis, une société de conseil et d’expertise en gérontechnologies. 

Autre ambiguïté : les  seniors refusent le marketing à outrance et "les produits étiquetés “petits vieux”", poursuit Michaël carré. ce qui ne les empêche pas d’être demandeurs de produits et services adaptés à leurs problèmes spécifiques ou dont le mode d’emploi est simplifié. Au-delà des technologies performantes, voire révolutionnaires, les innovations "d’usage" ou "d’organisation" peuvent donc aussi changer la vie des plus âgés. "Elles permettent d’éviter les abandons d’utilisation de certaines pratiques", souligne Franck Lehuédé, chef de projet au Crédoc. "On peut ainsi imaginer des services spécifiques en gare, du covoiturage, des voitures électriques pour les pensionnaires de maisons de retraite", énumère Jérôme Arnaud, le président de la Silver Valley et patron de la société suédoise Doro, leader sur le marché des téléphones simplifiés. Encore faut-il pour cela que les intervenants du médical, de l’industrie, et du social se parlent. "Il faut maintenant que les acteurs s’interconnectent, reconnaît Jérôme Arnaud. Mais les idées et le potentiel de croissance sont bien présents."

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