Bombardier: soulagement chez les syndicats

Publié le 29/10/2015 à 12:06

Bombardier: soulagement chez les syndicats

Publié le 29/10/2015 à 12:06

(Photo: Bloomberg)

Les différents syndicats de Bombardier lâchent un soupir de soulagement à la suite de la confirmation du gouvernement du Québec de voler au secours de la multinationale.

«C’était la chose à faire. Le gouvernement ne pouvait absolument pas laisser tomber cette locomotive de l’aérospatiale qu’est Bombardier», a réagi ce matin Claude Boisvert, le président du district 11 de l’Association international des machinistes et des travailleurs de l’aérospatiale (AIMTA), affilié à la FTQ

Québec a confirmé ce matin verser 1G $US dans Bombardier afin de l'aider à compléter le développement de son avion commercial CSeries. Cette aide gouvernementale a été confirmée alors que l'entreprise annonçait une perte de 4,9 G$ US au troisième trimestre, principalement reliée aux programmes de la CSeries et du Learjet 85.

Par le biais d'Investissement Québec (IQ), l'État possédera 49,5% d'une société en commandite qui comprendra les actifs, passifs et obligations de la CSeries. En échange, Bombardier - qui détiendra 50,5% de la société – s’engage entre autres à maintenir son siège social au Québec, ainsi que d'autres activités liées au programme CSeries pour les 20 prochaines années.

Cette garantie de maintien des activités de Bombardier en sol québécois réjouit les travailleurs autant, si non plus que le G$US investi par Québec. «C’est excellent pour Bombardier, pour ses travailleurs et pour toute la filière aéronautique au Québec», affirme David Chartrand, coordonnateur provincial de l’AIMAT et vice-président de la FTQ.


« Après Alcan, achetée par Rio Tinto et le Cirque du soleil, passé aux mains d’intérêts chinois, il ne nous reste plus que Bombardier. »


Ce dernier soutient que si Bombardier ne s’était pas porté acquéreur de Canadair à l’époque (achat qui a permis à l'entreprise de se lancer dans l'aéronautique), il y a fort à parier que ce secteur aujourd’hui de 40 000 travailleurs au Québec se serait développé ailleurs. «Le CRJ a révolutionné l’industrie de l'aviation régionale. Plus de 2 000 de ces avions ont été vendus partout sur la planète. Il faut en être fier ; le Québec en a profité, autant que Bombardier et ses travailleurs», affirme M. Chartrand.

L’achat d’une part majoritaire du programme CSeries par Airbus, un scénario envisagé confirmé par Bombardier il y a quelques semaine, aurait lancé un message beaucoup plus inquiétant pour le employés, estime Claude Boisvert, de l’AIMTA. Ce syndicat représente quelque 4 500 travailleurs de l'aéronautique chez Bombardier au Québec.

Au total, Bombardier embauche 17 750 travailleurs au Québec, et plus de 24 300 au Canada. De sources syndicales, le salaire d’un travailleur d’usine de Bombardier Aéronautique au Québec varie entre 50 000 et 55 000$ par année, en excluant les avantages sociaux.

Même expression de satisfaction de la part d'Unifor, cet autre syndicat représentant les quelques 1 700 travailleurs affectés aux ateliers de finition des avions Global 5000 et 6000 de Bombardier. Faute de commandes, entre 200 et 300 de ces travailleurs perdront probablement leurs emplois au début de 2016.

«Il évident que nous aurions préféré que le gouvernement investisse dans l’ensemble de l’entreprise plutôt que seulement dans le programme CSeries. Mais si par cet investissement, la situation financière de l’entreprise s’améliore, nous avons bon espoir que nous finiront par tous en profiter», a déclaré à Les Affaires, depuis Toronto, Renaud Gagné, président chez Bombardier du syndicat Unifor, affilié à la FTQ.

En réponse aux réactions hostiles de Québécois qui peinent à comprendre une telle injection de capitaux du gouvernement au moment même où ce dernier tente de les convaincre de la nécessité de réduire les dépenses gouvernementales, M. Gagné rappelle que l’aérospatiale est aussi importante au Québec que ne l’est l’industrie automobile en Ontario. 

Cette industrie mérite pleinement l’aide qu’on lui accorde, soutient-il. Après Alcan, achetée par Rio Tinto et le Cirque du soleil, passé aux mains d’intérêts chinois, il ne nous reste plus que Bombardier, affirme M. Chartrand. Le leader du syndicat des machinistes représente quelque 16 000 travailleurs au Québec, tant chez Bombardier que chez Air Canada, Transat AT ou Messier Dowty.

«C’est important de garder de tels fleurons chez nous. Un travailleur de chez Bombardier va au restaurant avec sa famille, emmène ses enfants à La Ronde, et les inscrit dans des activités sportives. Ça aide toute l’économie locale.»

Peu après 13:30, l'action de Bombardier se négoviait à 1,41$, en chute de 0,20$ ou de 12,42% depuis le début de la journée. Depuis le début de l'année 2015, sa valeur a reculé de 2,54$ ou 61,20%.

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