Dernier épisode d’un feuilleton ponctué de nombreux rebondissements, François Hollande a annoncé mercredi 30 mars l’abandon de la révision constitutionnelle, qui visait notamment à inscrire la déchéance de nationalité dans la Constitution.
La proposition de François Hollande après les attentats du 13 novembre a autant embarrassé la droite que la gauche. La première, peu encline à applaudir une mesure qu’elle avait pourtant appelée de ses vœux, s’orientait vers un « soutien prudent » et sous conditions, avant de la plomber par un vote du Sénat.
La deuxième, tiraillée entre la discipline présidentielle et de sérieuses réserves sur l’opportunité d’une telle mesure, est allée jusqu’à proposer d’étendre la déchéance à tous les Français, au risque de créer des apatrides.
Pour se sortir de ce piège, tous les acteurs politiques multiplient les circonvolutions, aggravant la confusion qui régnait déjà dans le débat public. Pour vous remettre les idées au clair, Les Décodeurs ont résumé le débat sous la forme d’une conversation instantanée reprenant les principaux points de vue et arguments avancés lors des dernières semaines.
François Hollande
L’opinion
Le gouvernement
L’opinion
Le gouvernement
Le problème, c’est que la déchéance de nationalité est pour l’instant limitée à certains Français, avec des critères précis. Ces terroristes doivent :
- Être nés étrangers
- Avoir été naturalisés il y a moins de 10 ans (ou 15 ans pour les actes de terrorisme)
Résultat : à peine une dizaine de procédures ont abouti depuis le début des années 2000.
L’opinion
Le gouvernement
Les Décodeurs
La France est liée par plusieurs traités internationaux qui l’empêchent de produire des apatrides :
- la déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 (« Tout individu a droit à une nationalité ») ;
- la convention de New York de 1961 (« Les États contractants ne priveront de leur nationalité aucun individu si cette privation doit le rendre apatride ») ;
- la convention du Conseil de l’Europe sur la nationalité de 1997 (qui vise à empêcher l’apparition de cas d’apatridie).
Le gouvernement
Les Décodeurs
L’opinion
Le gouvernement
L’opinion
Les Décodeurs
L’opinion
Le gouvernement
L’opinion
Le gouvernement
L’opinion
La gauche de la gauche
Cette mesure ne va certainement pas dissuader les terroristes potentiels de commettre des attentats. Peu d’entre eux ont l’intention de rester vivre en France après. Regardez les derniers attentats djihadistes commis en France : les terroristes ont soit décidé de mourir en martyrs, soit fui le pays pour tenter de rejoindre la Syrie. La plupart n’accordent aucune importance à la nationalité française.
Quelques personnalités de droite
Une partie des socialistes
La droite
Les Décodeurs
Le gouvernement
Les Décodeurs
Le gouvernement
Marc Trévidic
(ancien juge antiterroriste)
L'opinion
Anne Hidalgo et Jean-Pierre Mignard
(maire de Paris et avocat)
Jean-Jacques Urvoas
(président de la commission des lois de l'Assemblée)
L’opinion
La gauche de la gauche
Quelques socialistes
Marine Le Pen
Le gouvernement
Les Décodeurs
Le gouvernement
L'opinion'
Tous les opposants au texte
Le gouvernement
Tous les opposants au texte
Les Décodeurs
L'opinion
Le gouvernement et l'état-major du PS
L'opinion
Le gouvernement et l'état-major du PS
Les Décodeurs
Juridiquement, c'est peut-être vrai. Mais politiquement, en recommençant à créer des apatrides (et bafouant, du même coup, le droit humain qu'est progressivement devenu la nationalité), la France enverrait un drôle de symbole au monde.
Comme l'a rappelé le juriste Jules Lepoutre dans Libération, la France « s’est depuis longtemps engagée, politiquement, à ne pas procéder ainsi ». Elle n'a plus produit d'apatride depuis le régime de Vichy et, comme le rappelle le quotidien, en Europe, « seul le Royaume-Uni prévoit depuis 2014, et dans des conditions très strictes, une telle mesure, encore jamais utilisée »
En outre, cette mesure poserait un problème pratique : que faire des terroristes apatrides, illégaux sur notre sol, mais qu'aucun autre pays ne souhaiterait accueillir ?
Le gouvernement
Le gouvernement
L'opinion
Mais... je croyais que ce n'était pas possible, qu'on ne pouvait pas déchoir de sa nationalité un Français qui n'en a qu'une seule ?
Les Décodeurs
L'opinion
Ah.
Le gouvernement
Les Décodeurs
Le Sénat (majorité de droite)
Les Décodeurs
François Hollande
Les Décodeurs
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