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Les jeunes pousses nantaises à la conquête du monde viticole

La Vigne Numérique, un nouveau cluster, rassemble les initiatives les plus intéressantes.Les jeunes pousses se positionnent aussi bien en BtoC que BtoB.

Une dizaine de start-up de la région nantaise ambitionnent de révolutionner les modes de consommation et le fonctionnement du marché du vin.
Une dizaine de start-up de la région nantaise ambitionnent de révolutionner les modes de consommation et le fonctionnement du marché du vin. (Photo Jean Sébastien Evrard/AFP)
Publié le 11 mars 2016 à 02:00

Même Axelle Lemaire, secrétaire d'Etat au numérique, a testé le casque neuronal Neurokiff. C'était lors du dernier Web2day, le rendez-vous annuel du numérique à Nantes. Encore en incubation à l'université de Nantes, Neurokiff se fait fort de mesurer les émotions d'une personne dégustant un vin à partir des ondes cérébrales. Une application restitue graphiquement sur tablette quatre états émotionnels en temps réel avec une appréciation « de “very bad kiff “à “100 % pur kiff” », mentionne Christophe Renaudineau, à l'origine du projet.

Des applis surprenantes

A l'heure où fleurissent les « Shazam du vin », Œnobook, une autre start-up nantaise, devrait elle aussi surprendre le marché du vin avec un étonnant bloc-notes de dégustation. Son application permet une représentation graphique du profil sensoriel du vin goûté. Sur son smartphone, l'utilisateur modifie d'un glissement de doigt une forme en accentuant les critères proposés (fruit, floral, minéral…) pour caractériser un vin et s'en faire une « image mentale », explique Cyril Issanchou, cocréateur de la société nantaise. La palme de l'insolite revient sans doute à Vinomusic, associant vins et musique, en partenariat avec des labels indépendants. « Chacun des vins sélectionnés est rapproché d'une playlist thématique autour d'une émotion : délicate, puissante, rythmée… à partir du ressenti d'un comité composé de spécialistes du vin, de la musique et de consommateurs », explique Elise Gartion, qui a coalisé, pour créer Vinomusic, des profils complémentaires dont un vigneron, un œnologue et un embouteilleur.

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Cluster tech

Ces start-up figurent parmi les fondateurs de La Vigne Numérique, un nouveau cluster rassemblant une dizaine d'entreprises, principalement nantaises, issues des technologies digitales et de la passion du vin, deux mondes qui se méconnaissent. « Il y a une vraie fracture culturelle », confirme Quentin de Molliens, président du cluster. « Sur les techniques numériques de culture, les viticulteurs sont très avancés. Ils le sont moins sur la partie marketing et commerciale. La Vigne Numérique veut injecter çà et là du numérique dans cet important secteur économique. » Naturellement, les membres jouent la complémentarité. Quentin de Molliens propose par exemple aux vignerons d'accroître leur présence sur les réseaux sociaux. Au-delà des innovations de rupture, l'approche est pragmatique, commerciale avec une notion de proximité.

L'effet de groupe

La plate-forme Grappons-nous, ouverte l'année dernière, offre la possibilité d'effectuer des achats groupés de vins. « L'objectif est de faciliter une pratique déjà existante, de manière informelle, en famille, entre amis ou collègues », résume son fondateur, Romain Collaire, ingénieur de formation, ayant découvert le monde de la vente vinicole en Nouvelle-Zélande. Grappons-nous, qui intègre un système de paiement s'appuyant sur la cagnotte MangoPay (Leetchi), regroupe déjà 300 membres actifs, et propose environ 300 vins d'une cinquantaine de domaines. Dans un registre voisin, Komka Vigneron propose un réseau social ciblé mettant en relation producteurs et acheteurs professionnels : agents, cavistes et RHF. « La problématique d'un producteur est purement commerciale. Or sur Internet, on peut être partout et nulle part, d'où l'idée de créer un réseau de gens qui se ressemblent, explique Rémy Maronne. Il y a d'un côté une explosion du nombre de petits producteurs désireux de vendre sur des quantités et des prix acceptables et, de l'autre, des cavistes cherchant du renouvellement. » Pour faciliter la vie des vignerons, l'éditeur Naoned IT vient de lancer l'Exocep, un outil de gestion de la relation client qui se greffe aux progiciels de gestion déjà en cours dans la profession. Naoned IT propose en plus des fonctions d'organisation d'événements, de gestion des mails, de suivi des invitations, mais aussi une géolocalisation pour optimiser les livraisons. L'objectif des fondateurs, Grégory Boulay et Fabrice Bellamy, est de libérer le vigneron du facturier, des courriers promotionnels et d'une multitude d'autres papiers… Une petite révolution dans ce milieu de traditions.

À noter

La Vigne Numérique fait des émules dans la région. Le cluster nautique Nina lui a demandé conseil pour démarrer son action.

Correspondants à Nantes

Maureen Le Mao et Emmanuel Guimard

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