Après avoir réussi à obtenir 17 sièges de députés au Parlement en janvier, avec 6 % des voix, le parti centriste To Potami (« la Rivière »), créé en 2014, voudrait peser dans un éventuel gouvernement de coalition en cas de victoire d’Alexis Tsipras aux législatives anticipées du 20 septembre.
Cependant, le chef de la gauche radicale vise une large majorité et a exclu toute alliance avec le « vieux système » de la Grèce. To Potami est jugé trop libéral par les cadres de Syriza. Les premiers sondages n’indiquent pas de percée de To Potami, après sept mois de mandats parlementaires. Son président, Stavros Theodorakis, évoque, dans un entretien accordé au Monde, les conditions d’une éventuelle alliance.
Alexis Tsipras devait-il provoquer ces nouvelles élections, prévues le 20 septembre ?
Il a le comportement habituel des politiciens grecs, quand ils sont dans une impasse. La plupart des anciens premiers ministres ont convoqué des élections anticipées. Alexis Tsipras est allé plus vite que ses prédécesseurs, alors que l’accord sur le nouveau mémorandum [avec les pays créanciers] a été voté par plus de 200 députés. Il pouvait prendre le risque de continuer à gouverner et provoquer des élections s’il était vraiment mis en minorité.
Que pensez-vous du changement d’attitude de Syriza sur le mémorandum ?
Pendant des mois, le gouvernement nous a expliqué que le mémorandum, c’était la mort de l’Europe, et finalement 120 députés ont signé. On s’interroge surtout sur combien nous allons payer pour ce changement tardif. Sans doute quelques dizaines de milliards d’euros. Les cours particuliers de M. Tsipras sur l’Europe coûtent cher à la Grèce. Je ne suis pas sûr de la réalité de ce changement. Il faut qu’il apporte des preuves. Si l’on veut que les réformes prévues dans le Mémorandum fonctionnent, il faut les accepter pleinement, pas les présenter comme des travaux forcés.
Peut-on faire évoluer ce mémorandum ?
Il y a des erreurs et des inégalités dans le texte signé. Le nouveau gouvernement devra le faire évoluer en proposant des mesures équivalentes financièrement. On peut le faire pour les îles, par exemple. Cette question importante pour la Grèce doit faire l’objet d’un traitement global et ne pas être vue uniquement sous l’angle d’une augmentation de la TVA. C’est la même chose pour la taxe sur l’enseignement privé. Alexis Tsipras vise la majorité et a annoncé qu’il ne ferait pas d’alliance avec les partis du vieux système, qui inclut selon lui To Potami.
Etes-vous prêt à gouverner avec lui ?
C’est le peuple grec qui s’exprimera sur les alliances gouvernementales, pas M. Tsipras. S’il décide de nous renforcer et d’affaiblir Syriza, ce sera un mandat très clair. S’il ne peut pas renouveler son alliance avec les Grecs indépendants, qui représentent l’extrême droite, parce qu’ils n’entrent pas au Parlement, il doit regarder les autres listes. On espère que les gens ne vont pas voter pour les anciens partis, comme Nouvelle démocratie, le Pasok ou Syriza qui utilisent les mêmes vieilles méthodes de gestion du pouvoir.
Quel va être votre programme pour les élections ?
Le prochain gouvernement doit mettre en place un plan très concret. Le mémorandum ne peut pas constituer un projet. Il faut mettre en avant ses propres changements. Nous voulons défendre les droits de la Grèce qui produit et qui travaille. Ce n’est pas notre priorité de protéger la nomenklatura des partis. Il faut renforcer les petites et les grandes entreprises afin de permettre aux hommes et aux femmes de travailler. Nous avons aussi un projet de refondation de l’éducation, qui est loin de ce que veut faire Syriza.
Alors, comment allez-vous pouvoir gouverner avec eux, le cas échéant ?
Il n’y a pas de solution idéale en politique. Je ne peux pas changer les politiciens avec qui je peux collaborer. Il faut faire avec ceux qui existent. Nous avons de nombreux cadres disponibles pour changer la Grèce.
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