HOMOLOGIE. Chez tous les vertébrés le pénis remplit une fonction homologue, rendant possible la copulation. Pourtant, l'organe génital masculin n'est pas forgé par les même groupes de cellules dans un embryon de serpent ou un embryon de souris. "Un changement évolutif peut conduire à une situation où des structures fonctionnellement analogues sont sculptées sur des substrats non homologues" explique Patrick Tschopp, de l'Ecole médicale de Harvard.
Dérivés des pattes chez les reptiles
Avec son directeur de laboratoire, Clifford Tabin, le scientifique a observé et étudié le développement des organes génitaux externes chez différents animaux. Ils présentent leurs résultats dans un article publié par la revue Nature. Ils y décrivent comment le pénis se forment chez les mammifères à partir du bourgeon cellulaire qui donne également naissance à la queue. Tandis que chez les reptiles, le pénis est dérivé des tissus à partir desquels se forment les membres postérieurs ou leurs moignons atrophiés pour les serpents. Cette origine explique pourquoi les serpents et certains lézards possèdent deux pénis, appelés hémipénis par les biologistes.
CLOAQUE. Malgré ces différences, pénis reptiliens et mammaliens partagent "une homologie profonde" estime Clifford Tabin. "C'est le même programme génétique et les mêmes signaux moléculaires ancestraux qui déclenchent la formation du pénis dans les deux groupes" souligne-t-il. C'est la position du cloaque, organe où aboutissent les intestins et les voies urinaires (il existe au stade embryonnaire chez l'homme), qui détermine quel type de tissu va être recruté pour former le pénis.
Cette étude confirme que les pénis des reptiles et des mammifères ont vraisemblablement une origine ancestrale commune. Elle permettra aussi de mieux comprendre certaines malformations congénitales comme l’hypospadias ou l'ectopie testiculaire.