Orgasme vaginal ou orgasme clitoridien ? Stop, on ne veut plus entendre cette question. Orgasme, c'est tout. Bon, on vous l'accorde, on comprend que vous vous posiez encore la question. Parce que même les scientifiques ne s'accordent pas là-dessus : y a-t-il un orgasme vaginal ET un orgasme clitoridien ? On vous dit tout. Mais une seule chose est certaine, c'est que sur le sujet, les spécialistes ont des positions bien tranchées, mais différentes.
Orgasme vaginal, mythe ou réalité ?
Longtemps, une distinction a été faite entre orgasme vaginal et orgasme clitoridien. Mais les récentes études ont permis de découvrir que les deux étaient en réalité intimement liés.
Pour rappel le clitoris a été découvert et étudié depuis des siècles. Julia Pietri, auteure du Petit guide de la masturbation féminine retrace dans son ouvrage, ses interventions et sur son compte Instagram une brève histoire de cet organe de plaisir.
Le clitoris apparaissait sur les croquis anatomiques au XVIIe siècle avant de disparaître des radars. Ils ont réalisé qu’il n’avait aucun rôle dans la reproduction, et participait uniquement au plaisir de la femme.
Le clitoris fait son grand retour avec l’urologue australienne Helen O’Connel qui le photographie en 1998, puis avec les Dr Odile Buisson et Dr Pierre Foldès qui en réalise une échographie pendant une pénétration en 2004, puis en 2016 lors de la première représentation en 3D du clitoris, grâce notamment à Odile Fillod.
Ainsi, on comprend progressivement que le clitoris n’est pas juste un petit bouton situé au dessus de l’entrée du vagin, et qui par stimulation (avec un doigt, une main, une frottement…) provoque des orgasmes clitoridiens. On découvre qu’il a une partie interne composée de deux corps caverneux de douze à quinze centimètres qui se rejoignent au sommet de la vulve, pour former un angle en avant et donner le gland clitoridien.
Il y a aussi deux bulbes, deux corps spongieux, qui enserrent partiellement le vagin. Cette partie interne du clitoris contient énormément de terminaisons neurosensorielles et se gorge de sang lors d'une excitation sexuelle (elle est érectile, comme le pénis), et donc augmente de volume.
En bref, le clitoris enveloppe l’intérieur du vagin et provoque donc le fameux orgasme vaginal.
Orgasme vaginal et orgasme clitoridien : pas de différence ?
Ainsi, une partie des scientifiques estiment qu’orgasme clitoridien et vaginal ne font qu’un, en réalité. La pénétration et ce gonflement autour de la paroi vaginale procurerait le plaisir. Et le point G serait ainsi une zone G, plus propice au plaisir car à cet endroit précis la partie interne du clitoris contient un nombre particulièrement intéressant de capteurs sensoriels, et s’approche d’autant plus de la paroi vaginale.
La team "ils ne font qu’un" prône ainsi le fait de comprendre le plaisir féminin en reconnectant l’ensemble de l’organe sexuel de la femme. Et veut déculpabiliser celles qui ne seraient pas ‘vaginales’ ou pas ‘clitoridiennes’. Elles sont, c’est tout.
Un autre pan des médecins et scientifiques défend l’idée que le vagin est à l’origine d’un orgasme. Et donc défendent l’existence du point G, source du Saint-Graal.
De nouvelles voix s’élèvent pour déplorer autant une théorie que l’autre. Ovidie par exemple met en garde contre l’infantilisation des femmes.
Dans l’un de ses ouvrages, Libres, elle explique que pour elle, “une norme en chasse une autre : avant nous ne devions jouir que par la pénétration, aujourd’hui nous ne jouissons que grâce au clitoris, je ne vois pas beaucoup de différence si ce n’est que, certes, des travaux sur la prédominance du plaisir clitoridien comme le rapport de Shere Hite de 1976 ont permis de démocratiser des pratiques non-reproductives. Accordons-lui au moins cela”. Elle explique ainsi que marteler que l’orgasme vaginal n’existe pas, au lieu de les libérer, fait culpabiliser les femmes qui le ressentent ainsi.
L’orgasme féminin, une jouissance plurielle
Pour éviter tout débat, on peut bien sûr recommander aux partenaires de stimuler en simultané vagin et gland du clitoris, afin d’avoir un plaisir décuplé et pourquoi pas, un orgasme multiple. Mais c’est une autre histoire.
La démocratisation de cet organe sexuel rend invisible les autres zones érogènes du corps féminin. La sexualité féminine est pourtant large. La pluralité de l’orgasme permet à certaines femmes de jouir par stimulation de l’anus, ou par celle des tétons (oui, l’orgasme des seins existe). L’orgasme cervical, obtenu par stimulation du col de l’utérus, est aussi peu connu.
Et surtout, si le savoir permet aux femmes de se connecter à leur propre corps, rien de mieux que l’expérience et la pratique. Avec un ou une partenaire, bien sûr, mais aussi seules. Certaines femmes n’ont jamais connu d’orgasme via la pénétration avec un partenaire, mais en pénétrant elle-même. D’autres ont appris à stimuler l’ensemble de leur clitoris. L’orgasme féminin n’est ni donc ni que vaginal ou que clitoridien, il est pluriel et dépend évidemment de chaque femme et de ses ressentis. Les zones érogènes sont multiples, alors profitons-en !