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Liban - Société civile

Trois entreprises primées par la LTA pour leur lutte contre la corruption

La cérémonie de clôture du programme de renforcement de la souveraineté de la loi a témoigné de la publication de deux études sur la corruption au sein de secteur public et sur l'accès à l'information au Liban.

Isabelle Naoum, représentant la Blom Bank, Nada Abdelsater Abou Samra, Stephen Rosenlund et Élie Aoun du Rassemblement des dirigeants et chefs d’entreprise libanais.

C'est par un dîner à l'hôtel Riviera, en présence de nombreux journalistes et hommes d'affaires, que l'Association libanaise pour la promotion de la transparence (LTA) a choisi de clôturer les travaux de son programme de « Renforcement de la souveraineté de la loi à travers l'éducation civile », réalisé en collaboration avec la Blom Bank et le Centre pour l'entreprise privée internationale (Cipe). L'association à but non lucratif, activement engagée dans la lutte anticorruption, a publié pour l'occasion deux guides présentant un état des lieux au Liban en matière de transparence. Le premier, consacré à la corruption administrative, a révélé ce que pense le secteur privé du secteur public. Il a été élaboré au terme d'une étude statistique réalisée auprès de 800 entreprises privées.

« En 2010, la LTA avait réalisé une étude similaire concernant Beyrouth, a expliqué Dany Haddad, chercheur qui a réalisé les deux études et qui en a présenté quelques résultats. Nous avons cette fois décidé d'inclure toutes les régions du Liban. Nous avons ainsi découvert que 80 pour cent des entreprises privées estiment que la corruption a augmenté durant les deux dernières années. Près de 89 pour cent pensent aussi que le gouvernement est dirigé par les intérêts personnels des politiciens et 90 pour cent ont qualifié les contacts personnels d'essentiels pour mener à bien une formalité administrative. Par ailleurs, 65 pour cent des entreprises ont avoué avoir payé certains pots-de-vin pour accélérer ces formalités. » « Nous avons aussi demandé à ces entreprises de classer différents secteurs selon leur niveau de corruption, a-t-il ajouté. Le secteur privé a classé l'institution militaire comme étant la moins corrompue, suivie par les ONG. Les médias occupent la huitième place et le Parlement la 12e et dernière place. »

(Lire aussi : « Kabseh », la voiture de « Sakker el-Dekkene », garde un œil sur les administrations publiques)

 

De la difficulté d'accéder à l'information
Affirmant que la LTA a proposé une réforme législative et administrative comme solution, notamment la mise en place d'une loi pour protéger les dénonciateurs de la corruption, d'un comité national de lutte anticorruption et d'une nouvelle loi électorale, M. Haddad a exposé les grandes lignes de la seconde étude qui met l'accent sur l'importance de l'accès à l'information pour le secteur privé. « Nous avons ainsi détecté les difficultés d'accéder à l'information au Liban et comment le secteur privé pourrait bénéficier de la mise en place d'une loi à ce sujet, a-t-il noté.

La Jordanie, le Yémen et la Tunisie sont les seuls pays à avoir adopté une telle loi, mais elle n'y est pas encore appliquée. Au Liban, le projet de loi est prêt et cela fait 5 ans qu'il passe de commission en commission. Il y a quelques mois, le Premier ministre a demandé qu'il soit réétudié avant son vote à l'Assemblée générale. Nous sommes retournés à la case départ. » « Cette loi d'accès à l'information est extrêmement importante pour le secteur privé, puisqu'elle lui permet de mieux évaluer les coûts de chaque formalité, de connaître les dessous de chaque adjudication en toute transparence et oblige l'État et autres institutions à divulguer et publier continuellement certains documents, comme les détails des réunions parlementaires », a poursuivi Dany Haddad, appelant par ailleurs à légaliser certains pots-de-vin de façon à ce que ces derniers soient inclus dans les coûts d'une formalité et que les entreprises puissent évaluer leurs budgets correctement.

Après un reportage révélant l'opinion des citoyens dans la rue en ce qui concerne la corruption au Liban, la LTA a décidé d'honorer trois entreprises libanaises engagées dans la lutte anticorruption pour clôturer le concours qu'elle avait lancé à cet effet il y a quelques mois. La compagnie A.N. Boukather, distributrice exclusive des voitures Mazda, ForeLogix qui assiste les entreprises technologiquement, et Auberge Beity, active dans le domaine touristique, ont ainsi reçu le prix des meilleures « success stories » de la lutte anticorruption. À travers des reportages exposant les travaux des deux premières entreprises, les PDG Anthony Boukather et Pierre Obeid ont fait part de leurs stratégies pour combattre la corruption, avant que Joséphine Zogheib d'Auberge Beity ne présente un témoignage en direct à l'assistance. « Chaque année, nous attendions plus de 6 heures aux frontières pour faire passer 200 étudiants de l'USJ du Liban jusqu'en Jordanie, au lieu de 30 minutes, seulement parce que nous n'acceptions pas de payer le pot-de-vin, soit près de 2 000 dollars », a-t-elle raconté.

Une stratégie à plus d'un niveau
La cérémonie avait débuté par une allocution prononcée par la présidente de la LTA, Me Nada Abdelsater Abou Samra, qui a assuré que la corruption dans le secteur privé active la corruption du secteur public et que le changement doit commencer au sein des entreprises privées. « Ces pots-de-vin sont devenus chose courante au point que les entreprises les incluent dans leur budget annuel sans toutefois les nommer », a-t-elle noté, rappelant que le Liban a signé en 2009 l'accord de lutte anticorruption qui stipule la nécessité de libérer le secteur privé de la corruption. Rappelant les activités menées par la LTA, Nada Abdelsater a affirmé qu'« il est temps de mettre en place une stratégie pour mener ce combat qui commence par l'éducation au sein de la famille ».

De son côté, le responsable régional du Cipe qui finance le programme, Stephen Rosenlund, a fait part de la fierté qu'a le Cipe – qui lutte pour la démocratie, les droits des femmes et la transparence dans plus de 100 pays dans le monde – de coopérer avec la LTA depuis 2003. « Le secteur privé doit hausser la voix dans ce combat et la lutte ne peut être que plus efficace quand les efforts deviennent collectifs et que le secteur public et la société civile y participent également pour aboutir à un changement institutionnel », a-t-il déclaré, saluant le travail mené par le réseau libanais de lutte contre les pots-de-vin, créé par la LTA en 2008, « pour combattre ce fléau du côté de la demande, mais aussi du côté de l'offre ».

 

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commentaires (2)

TANT QUE L'HOMME... EST HOMME... IL MANGERA ENCORE ET TOUJOURS LA POMME !

LA LIBRE EXPRESSION

17 h 29, le 02 octobre 2014

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Commentaires (2)

  • TANT QUE L'HOMME... EST HOMME... IL MANGERA ENCORE ET TOUJOURS LA POMME !

    LA LIBRE EXPRESSION

    17 h 29, le 02 octobre 2014

  • COURAGE! Le chemin à parcourir est très long et particulièrement ardu et souvent barré par ceux qui cherchent leurs propres intérêts.

    Nadine Naccache

    11 h 54, le 02 octobre 2014

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