La mort brutale et injuste de Ned Stark dans la première saison de Game of Thrones a pris tout le monde de court.

La mort brutale et injuste de Ned Stark dans la première saison de Game of Thrones a pris tout le monde de court.

Capture d'écran HBO

[Attention spoilers, vous devez avoir vu l'épisode 8 de la saison 4 de Game of Thrones pour pouvoir aborder la lecture de cet article en toute sérénité]

Publicité

Tout le talent de George R.R. Martin ne réside pas tant dans l'écriture que dans le choix des personnages qu'il fait mourir dans Game of Thrones. Tel un marionnettiste rusé et sadique, l'auteur tisse des liens entre les personnages et les lecteurs/téléspectateurs avant de leur arracher brutalement au moment le plus opportun.

Alors que l'on pensait toujours que Ned Stark allait être le héros au grand coeur sur lequel toute la série allait reposer, George R.R Martin lui fait couper la tête juste avant la fin de la première saison. Le choc. Alors qu'on commençait à découvrir le visage tendre de cette brute de Khal Drogo, même topo! George ne trouve rien de mieux à faire que de le transformer en légume et de pousser sa femme Daenerys à l'achever. Sadique? Si peu... On n'avait encore rien vu.

Dans la saison 3, la tension morbide monte encore d'un cran avec le massacre des Stark, dont la femme de Robb, enceinte de quelques mois, sauvagement poignardée lors du bien nommé Red Wedding. Et quand ENFIN on obtient justice avec la mort du plus détestable des personnages, à savoir le roi Joffrey au début de la saison 4, on le paye aussitôt très cher avec la mort du facétieux Oberyn Martell, qu'on commençait tout juste à apprécier. Sans parler du sort de Tyrion Lannister, qui semble sans issue à la fin de l'épisode 8...

Et le pire dans tout ça, c'est qu'on en redemande! Tel un jouvenceau éconduit par sa belle, plus le spectateur est malmené, plus il revient à la charge. George R.R Martin a beau lui faire vivre des montagnes russes émotionnelles en choissisant de tuer les personnages auxquels ils nous a savemment attachés, l'heure du divorce n'a pas sonné. Bien au contraire, les fans de Game of Thrones sont plus accro que jamais, faisant régner un climat de terreur du spoil, et exploser les compteurs d'audience de HBO.

Pourquoi ça marche? Parce que George R.R Martin prend à revers tout ce qui nous a été savamment distillé depuis notre plus tendre enfance: les fameuses "happy ends". Sans tomber dans les clichés Disney (et quand bien même la mort de Mufasa dans Le Roi Lion est toujours aussi dure à encaisser), les films (blockbusters en tête), aussi dramatiques qu'ils soient, se terminent toujours ou presque par une note d'espoir.

L'humanité est sauvée de justesse, la famille est enfin réunie, même le chien s'en est sorti après avoir vécu l'apocalypse. Dans Game of Thrones, c'est tout le contraire. Westeros s'apparente à un enfer dans lequel on s'enfonce toujours un peu plus à mesure que l'hiver approche. Pas de pitié pour les gentils, c'est toujours eux qui passent à la trappe. Et les grands vilains ne cessent de gravir les échelons du pouvoir, à l'image d'un Ramsay Snow ou d'un Littlefinger.

Résultat, dans Game of Thrones, rien n'est jamais acquis. A chaque épisode, les téléspectateurs se retrouvent dans la même position que les personnages, à se demander "à quelle sauce vais-je bien pouvoir être mangé cette fois-ci?" Même les acteurs de la série HBO avouent trépigner d'impatience et redouter que leur personnage soit supprimé à chaque fois qu'on leur remet les scripts. De quoi instaurer un climat de doute permanent et donc de suspense hautement addictif. Sans omettre la détresse psychologue dans laquelle nous plonge chaque avant-dernier épisode de saison, ou mort inconcevable.

Il va de soi que George R.R Martin ne va pas s'arrêter sur une si bonne lancée. L'auteur ne se privera certainement pas de pousser le vice encore plus loin en s'attaquant par exemple à l'un des trois personnages intouchables de la série. A savoir le vaillant Jon Snow, de retour à CastleBlack, Khaleesi la conquérante, qui assoit son pouvoir à Meereen, ou bien Tyrion, le seul Lannister auquel les téléspectateurs vouent une admiration sans borne. Faites votre choix et préparez-vous au pire, winter is coming...

Publicité