Affaire Bygmalion : l'étau se resserre autour de Jean-François Copé

EXCLUSIF. L'ancien secrétaire général de l'UMP avait été alerté dès l'entre-deux-tours de la présidentielle 2012 sur les difficultés financières de son parti.

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La défense de Jean-François Copé semble s'affaiblir à mesure qu'avance l'enquête sur l'affaire Bygmalion.
La défense de Jean-François Copé semble s'affaiblir à mesure qu'avance l'enquête sur l'affaire Bygmalion. © AFP

Temps de lecture : 3 min

Jean-François Copé pouvait-il vraiment ignorer la gabegie à l'oeuvre au sein de son parti au cours de la campagne de 2012 ? Une note adressée à l'ex-patron de l'UMP pendant l'entre-deux-tours de la présidentielle, dont Le Point révèle l'existence dans son enquête "Les enfants gâtés de l'UMP", vient fragiliser la défense de celui qui se présente comme "l'homme qui ne savait rien".

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Dans ce document, retrouvé par les policiers au siège de l'UMP, Fabienne Liadzé, la directrice des ressources, alerte son secrétaire général, Jean-François Copé, sur les difficultés financières du parti. "Si rien n'est fait pour débloquer cette situation, l'UMP sera en défaut de paiement à partir de ce lundi 30 avril", écrit la comptable le 27 avril 2012.

Nous sommes alors à quelques jours du second tour de la présidentielle. Plus de sept millions d'euros ont déjà été virés par l'UMP sur le compte d'Event & Cie, la filiale de Bygmalion chargée d'organiser les meetings de Nicolas Sarkozy. Le tiers seulement de la somme globale que le parti aura finalement versée à Event en 2012. Cette année-là, plus de 22 millions d'euros sont sortis des caisses de l'UMP pour atterrir sur le compte du prestataire.

"Tout ceci a été une révélation sidérante" (Copé aux enquêteurs)

À en croire les dirigeants de Bygmalion, cette manne aurait essentiellement été débitée pour la campagne de Nicolas Sarkozy. C'est du moins ce que laisse penser une comptabilité interne remise aux enquêteurs le 27 mai dernier par Patrick Maisonneuve, l'avocat de la société de communication, cogérée par deux proches de Jean-François Copé. Plus de 18 millions d'euros de dépassement de frais de campagne auraient été dissimulés, via notamment de fausses conventions facturées à l'UMP.

Entendu comme témoin le 26 mai, Jean-François Copé avait, pour sa part, affirmé n'avoir jamais eu connaissance de ces mouvements d'argent. "Tout ceci a été une révélation sidérante, je n'avais jamais été informé d'irrégularités dans les dépenses et les procédures de l'UMP", déclarait l'ex-patron de l'UMP aux enquêteurs. Un aveuglement qu'il continuera de plaider devant les caméras, avant d'entamer une longue hibernation médiatique dont il n'est toujours pas sorti depuis sa démission de la présidence de l'UMP en juin dernier.

La note de Fabienne Liadzé prouve pourtant que Jean-François Copé a été informé des difficultés financières de son parti, au moins dès la fin du mois d'avril 2012. Après qu'il a pris les rênes de l'UMP, en 2010, les caisses se sont progressivement asséchées. Alors qu'en 2008, les comptes affichaient un solde positif de dix millions d'euros, trois ans plus tard, l'excédent n'est plus que de 280 000 euros. Dès la fin 2012, les finances de l'UMP sont dans le rouge avec un solde négatif de près de 40 millions d'euros. Entre-temps, l'endettement du parti a grimpé en flèche. De 44 millions d'euros en 2011, le montant des sommes empruntées par l'UMP a augmenté de 120 % en un an pour atteindre 96 millions d'euros en 2012.

Des problèmes de trésorerie auxquels la société Bygmalion n'est pas étrangère. En plus des vingt-deux millions perçus en 2012, la petite start-up créée en 2008 a encaissé de l'UMP près de cinq millions d'euros en 2011, via sa filiale Event & Cie.

"C'est à Copé qu'il faudra poser la question" (Césari)

"Comment, dans ces conditions, Jean-François Copé n'a-t-il donc pas pu connaître le montage mis en place pour faire supporter au parti qu'il dirige des dépenses qui relèvent de la campagne de Nicolas Sarkozy ?" ont demandé les enquêteurs à Éric Césari lors de garde à vue le 2 octobre dernier. "C'est à lui qu'il faudra poser la question", a répondu ce proche de Nicolas Sarkozy, qui a officié comme directeur général de l'UMP de 2008 à juin 2014.

Après les nouvelles perquisitions réalisées ce mercredi 29 octobre au siège de l'UMP, les soupçons s'accumulent autour de l'ancien chef du parti. Nul doute que Jean-François Copé devrait être prochainement réentendu par les enquêteurs pour s'expliquer à nouveau sur sa version des faits.

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Commentaires (134)

  • MAUREPAS

    C'est bien Copé, ce politicard-cumulard-combinard-gamellard, qui, lors d'une conférence de presse, le teint blafard, avait promis de mettre sous clé, la trésorerie de l'UMP. Il avait même ajouté, avec la fourberie qui le caractérise, qu'il allait proposer deux propositions de loi à l'assemblée nationale pour la "transparence" des finances des partis politiques... Sacré Copé, un vrai culot d'acier... Il a même écrit un bouquin au titre définissant bien ce tartuffe : "Promis, j'arrête la langue de bois"...

  • benjamin borghesio

    Copé, Lavrilleux, Buisson, Alves, j'en passe et des pires, Sarkozy savait bien mal s'entourer lui qui, bien qu'intervenant sur tout, absolument tout, "ne savait pas". Or c'est une qualité première chez les chefs contraints de déléguer, de savoir s'entourer... Evaluation du Monsieur : zéro !

  • cloberval

    Qui s'est enrichi ? Ce n'est pas Copé mais l'état- major de Bygmalion.
    En plus il semble que le fric non placé en immobilier prenait la route de paradis fiscaux. L'hypothèse d'un gang qui ravageait l'UMP devient prédominante sur celle d'une dérive des patrons.

    D'ailleurs arithmétiquement l'UMP ne peut pas devoir 18 millions à Bygmalion puisque si c'était le cas elle les devrait à au moins à 85 % à de vrais fournisseurs qui auraient fait du bruit depuis le temps.

    Bygmalion a fait des fausses factures à son profit avec le minimum de complicité internes. Il est clair que les grands dirigeants ne sont pas dans le coup car ils ont créé des "cloches" comptables pour ne pas être mouillés et c'est entre deux cloches non communicantes (celle des comptes de campagne et celle des comptes de l'UMP) que ce sont installées les entourloupes.

    Une chose me semble évidente dans les accusations à porter sur les "chefs"
    1/ Le trésorier Dord qui accuse Copé mais qui le nez sur les factures et contrats n'a rien vu sauf des dépenses importantes rien dit ; Or c'est bien le rôle du trésorier et pas celui du président d'être informé sur ce qu'il fait payer et d'informer officiellement et clairement le président et le bureau en cas d'anomalies ou de doutes.
    2/ Il y a une commission élue des comptes de l'UMP et elle non plus n'a rien vu. Pourtant tous ne sont pas des copéistes car élus par le bureau.
    3/ La CNCC n'est pas incompétente et elle a pu contrôler les factures, les fournisseurs, les prix, les faits du terrain dans beaucoup de cas. On ne peut pas lui passer 18 millions (ni même 2) sous le nez alors qu'elle cherchait justement à dégommer Sarkozy sur un dépassement. Les comptes sont validés par le juge constitutionnel et il faudra prouver qu'ils n'étaient pas bons avec des faits. Il est sur que quand Bygmalion présit des factures de fournisseurs multipliées par 6 le trésorier de Sarkozy a refusé de payer la culbute. MAIS ELLE N'EST PAS DUE ET C'EST LE VRAI PRIX QUI ÉTÉ PAYE