« Trop laide pour être violée » : le Brésil indigné après les propos machistes d’un député

publié par Marine Durand le 20•12•2014
modifié il y a 7 mois
« Trop laide pour être violée » : le Brésil indigné après les propos machistes d’un député

Le député brésilien Jair Bolsonaro s’en est pris à une de ses collègues en des termes odieux à la mi-décembre, et crée depuis la polémique dans le pays.

« Elle ne mérite pas d’être violée car elle est très laide. Ce n’est pas mon type. Je ne la violerai jamais. » La phrase, profondément choquante quel que soit son contexte, provoque depuis 10 jours l’indignation au Brésil, et la réaction de la communauté internationale. Car c’est au député brésilien Jair Bolsonaro que l’on doit un tel monument de machisme, comme le raconte Le Point.fr. Et l’homme politique, souvent classé à l’extrême droite, n’en est pas à son premier dérapage.
« L’affaire remonte au 10 décembre », explique le site d’information. Jair Bolsonaro, député de l’opposition et militaire de réserve, s’en prend alors à l’une de ses « ennemies » de longue date en politique, l’ex-ministre des Droits de l’homme et députée du Parti des travailleurs (celui de la présidente Dilma Roussef) Maria do Rosario Nunes. Quelques jours plus tôt, le ton est monté entre les deux députés, après des propos de Nunes contre la dictature brésilienne. Lors d’une session parlementaire, l’homme de 59 ans vocifère à l’intention de sa collègue : « Il y a quelques jours tu m’as traité de violeur. Et j’ai dit que je ne te violerai pas parce que tu ne le méritais pas ! » On ignore encore dans quel contexte la députée du PT a pu traité son interlocuteur de violeur, précise Le Point.

Mais alors que Jair Bolsonaro aurait pu faire profil bas après une réflexion aussi déplacée, le député enfonce le clou le lendemain dans le journal Zero Hora, prétextant des propos teintés d’ironie : « Elle ne mérite pas d’être violée car elle est très laide. Ce n’est pas mon type. Je ne la violerai jamais. » Et va même jusqu’à diffuser la vidéo de ses exploits sur les réseaux sociaux.
Une condamnation unanime
Si Jair Bolsonaro « traine une suite de polémique si longue que les politiciens sulfureux d’autres pays ne peuvent que s’incliner », comme le décrit le blog du Monde.fr Big Browser, cette fois, le remuant député semble être allé trop loin. Dans un pays où l’on déplore 143 000 viols par an, tenir de tels propos a déclenché une polémique qui retentit dans toute la société. « C’est un appel à la violence contre les femmes. Une personne avec une attitude comme celle de ce monsieur ne peut représenter aucun secteur de la société », a ainsi dénoncé Lucia Rincon, dirigeante d’une organisation féministe qui a appelé à manifester contre Bolsonaro, tandis que le bureau de l’ONU pour les droits de l’homme qualifiait ces propos d »‘inacceptables ». Maria do Rosario Nunes a de son côté déposé plainte pour injure et calomnie.

La reconnaissance du crime de féminicide
Mais l’incident a au moins eu un mérite : celui de mettre en lumière le « fond machiste de la société brésilienne », relève Le Point. Un projet de loi reconnaissant le crime de féminicide a été approuvé par le Sénat cette semaine, et doit encore être validé par les députés et la présidence.
En 2013 au Brésil, plus de 50 000 agressions sexuelles ont été dénoncées, mais seules 35% des victimes environ portent plainte. En avril déjà, les Brésiliennes s’étaient insurgées contre les violences faites aux femmes. Selon un sondage, une majorité de Brésiliens pensaient que « si les femmes se comportaient mieux, il y aurait moins de viols », entraînant une réaction massive sur les réseaux sociaux.
Quelques jours plus tard, l’institut de sondage révélait s’être trompé dans les chiffres. « Mais ça ne change rien : ce sont toujours 26% de trop! Les histoires qu’ont raconté les femmes sur les réseaux sociaux sont la preuve suffisante que l’étude avait raison et qu’il y a encore du chemin à faire », expliquait à l’époque à Grazia la journaliste féministe brésilienne Nana Queiroz.

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