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POLITIQUERemaniement: Les frondeurs vont-ils faire la loi au Parlement?

Remaniement: Les frondeurs vont-ils faire la loi au Parlement?

POLITIQUEPrivé de représentants de l’aile gauche du PS, le gouvernement pourrait devoir faire face à une fronde plus intense que jamais…
Manuel Valls à l'Assemblée nationale.
Manuel Valls à l'Assemblée nationale. - P.ANDRIEU / AFP
Anissa Boumediene

Anissa Boumediene

Avec le départ d’Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, la gauche de la gauche n’est désormais plus représentée dans le gouvernement de Manuel Valls et la majorité parlementaire s’étiole encore un peu plus. Dans ce contexte, c’est le mouvement des frondeurs qui pourrait sortir renforcé de cette crise politique et en profiter pour faire sa loi au Parlement.

Une menace pour le gouvernement

Peu nombreux lorsque Manuel Valls a pris les rênes de Matignon en avril, les frondeurs se comptent aujourd’hui par dizaines. Et le départ des deux ex-ministres du gouvernement, les seuls de l’exécutif à partager leur ligne économique, pourrait grossir encore leurs rangs.

En désaccord avec la politique économique du chef de l’Etat, qu’ils jugent trop centriste, les frondeurs de l’aile gauche du PS pourraient court-circuiter la politique du gouvernement. «François Hollande se trouve comme un roi nu», a déclaré sur BFMTV la sénatrice Marie-Noëlle Lienemann, l’une des tenantes de l’aile gauche du PS qui réclamait début août la suspension immédiate du pacte de responsabilité avec le collectif Maintenant la gauche.

Si trop de parlementaires venaient à rejoindre les rangs des frondeurs, le gouvernement serait alors directement menacé de ne pas pouvoir appliquer sa politique, faute de pouvoir la faire voter par une majorité trop rétrécie. Un scénario catastrophe dont François Hollande, déjà au plus bas dans les sondages, se passerait volontiers.

L’arme du vote dans la balance

C’est l’arme brandie par les frondeurs: la menace de ne pas voter la politique du gouvernement. Mais jusqu’à maintenant, les frondeurs ne sont pas allés au-delà des menaces. En avril, ils étaient seulement onze députés socialistes à s’abstenir lors du vote de confiance au premier gouvernement Valls, avant de passer à quarante et un lors du vote du plan d’économies de 50 milliards d’euros.

En juillet, à l’exception d’un seul, ils avaient tous voté le projet de loi de finances rectificative et seuls 33 s’étaient abstenus de voter le nouveau budget de la sécurité sociale. A ce jour, ils n’ont pas été jusqu’à voter contre un texte de l’exécutif.

Le vrai test aura lieu à l’automne, à l’occasion de l’examen au Parlement du budget 2015. Jean-Marie Le Guen se dit «confiant sur la manière dont [ils auront] une majorité» à l’Assemblée nationale. Pas inquiet pour le vote du budget, le secrétaire d’Etat aux relations avec le Parlement rappelait ce mardi sur France Inter que «cela fait cinq mois qu’à chaque vote on parle des frondeurs, et à chaque fois le texte est passé majoritairement, largement, par une majorité de gauche».

>> La composition du nouveau gouvernement en direct par ici

Défiance ou confiance?

L’annonce du nouveau gouvernement vient d’avoir lieu et si une partie des effectifs ministériels va être remplacée, Manuel Valls reste aux commandes. Mais alors que l’usage veut que le Premier ministre fasse un discours de politique générale, il se murmure que Valls s’en passerait, zappant aussi l’étape du vote de confiance à l’Assemblée nationale, qu’il n’est pas sûr d’obtenir.

Pour le député des Français de l’étranger, Pouria Amirshahi, «si la nouvelle feuille de route présentée par le Premier ministre est plus discutable encore que celle suivie jusque-là, alors [il] réaffirmer [a] [sa] distance et [ses] critiques».

Mais les frondeurs sont dans leurs petits souliers: faire tomber le gouvernement obligerait François Hollande à convoquer de nouvelles élections législatives, pour le plus grand bonheur de l’opposition. Mais le frondeur Christian Paul «n’envisage pas encore de dissolution car, depuis les défaites électorales du printemps, [il veut] encore penser qu’il n’y a pas de malédiction qui pèse sur la gauche au pouvoir».

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