L'entreprise sans chef a fait long feu !
La transformation digitale a pu faire croire à un aplatissement de la hiérarchie, mais nombre d'entreprises reviennent à un modèle plus pyramidal. La fin du management n'est pas pour demain.
Grâce à un coup de baguette magique l'entreprise moderne est devenue agile, la transformation digitale a « disrupté » les fonctions traditionnelles, les DRH chantent en choeur les louanges de l'entreprise libérée à organigramme plat, sans chef et sans hiérarchie.
Fin du rêve, la réalité !
Oui, la transformation digitale en entreprise a profondément redistribué les cartes. De nouvelles fonctions (data, marketing on line, community management, data science, e-commerce, etc.) sont apparues et ont parfois annexé les métiers traditionnels, en particulier ceux du marketing et de la communication. Oui, de nombreuses entreprises, notamment des « pure players » du e-commerce comme Zalando, ont mis en place des organisations holocratiques, en supprimant les différents échelons hiérarchiques. Place à l'initiative individuelle et à la créativité de tous au service du collectif !
Pour autant, l'entreprise sans chef a fait long feu ! Beaucoup de sociétés sont revenues à un modèle plus pyramidal et ont remis de la hiérarchie au sein des organigrammes. Sans doute s'est-on quelque peu illusionné sur la portée de l'entreprise sans chef ! Le modèle de l'entreprise libérée, agile et digitale est directement issu de la culture start-up. Pour les groupes qui aspirent à développer l'esprit entrepreneurial, promouvoir l'entreprise sans ou avec moins de chefs, revient à imiter les facteurs de réussite des jeune pousse.
Plus de projets individuels
Soyons clair, si les start-up ont sans doute réduit le nombre d'échelons hiérarchiques, elles ne se sont pas - et loin s'en faut - débarrassé de leurs chefs ni de leur codir. Chacun à leur manière, Jacques Antoine Granjon chez Vente-Privée, Xavier Niel chez Free et Marc Simoncini chez Meetic puis Sensee sont de vrais capitaines d'entreprise, charismatiques et même souvent autoritaires. Chacun a su s'entourer d'un codir de fidèles collaborateurs.
In fine, que reste-t-il de l'illusion de l'entreprise holocratique ? Deux acquis. Le premier, l'esprit entrepreneurial à insuffler dans l'entreprise. Il s'agit de ce souffle « intrapreunarial » qui vient d'en bas et qui donne plus de place aux projets individuels dans l'entreprise. Le deuxième, la pyramide managériale avec moins d'échelons. L'échelle se raccourcissant, les managers intermédiaires ont du souci à se faire !
Pierre Cannet est PDG de Blue Search Conseil, cabinet de conseil en RH. Sur Twitter : @