Des cours de bricolage interdits aux hommes

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Women at workDes cours de bricolage interdits aux hommes

Des soirées réservées aux femmes visent à les encourager à effectuer de petits travaux d'appartement. Leurs impressions en vidéo.

Yannick Weber
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Yannick Weber

«Mesdames, à vos marteaux, scies et perceuses! Le temps d'une soirée, le magasin de bricolage sera exclusivement entre des mains féminines. Et une chose est sûre: ce sera pour bosser et pas pour papoter.» Le marketing choisi par Hornbach ne cache pas son jeu: à fond dans les stéréotypes. Dans la liste des activités proposées, la chaîne de magasins démarre par exemple avec la «décoration créative de murs», loin de l'illustration accompagnant l'invitation où l'on voit une jeune femme, scie à la main, lunettes de protection et pamirs sur les oreilles.

La première «soirée de l'artisanat féminin» qui s'est déroulée jeudi soir à Villeneuve (VD) affichait en tout cas complet. Et c'est aussi de pose de stratifié, de fixations murales et de remplacement de siphons dont on parlait. On y allait de coups de scie et de manipulations que bien des hommes auraient eu grande peine à mener à bien. A commencer par l'auteur de cet article.

Une non-mixité intéressante

Mais une soirée 100% femmes serait-elle une fausse bonne idée pour servir la cause féminine? Sont-elles vues comme si médiocres qu'il leur faut des cours, gratuits et rien que pour elles, pour les remettre au niveau de leurs congénères mâles? L'initiative ne déplaît pas forcément aux féministes.

«L'idée d'un environnement de non-mixité est intéressante», estime Valérie Vuille, présidente de l'association DécadréE. Elle mentionne une étude mettant des femmes face à un vélo à réparer. en présence d'hommes, elles les laissaient faire, mais en leur absence, elles n'hésitaient pas à s'y atteler. «Nous sommes éduqués dans une société basée sur une binarité hommes-femmes. Ces espaces de non-mixité permettent de la dépasser, chaque participante étant amenée à réaliser toutes sortes de tâches, même celles attribuées ordinairement aux hommes», poursuit-elle.

Elle relève avec regret, tout de même, «une forme d'instrumentalisation et de commercialisation du féminisme». Sur place, les participantes semblaient assez loin de ces préoccupations et ont semblé convaincues. Pas de jugement, pas de pression, et des rires qui alternaient avec une grande concentration. Et ce, malgré le fait que la quasi-totalité des experts qui proposaient des démonstrations étaient des hommes.

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