Hébergement des sans-abri : le cri d’alarme du Samu social

Face à la pénurie de logements dans la capitale mais aussi en Ile-de-France, le Samu sociale et la Ville de Paris appellent à l’aide.

 Le 115 ne peut plus répondre aux nombreux appels. Les places d’hébergement d’urgence sont saturées.
Le 115 ne peut plus répondre aux nombreux appels. Les places d’hébergement d’urgence sont saturées. LP/F.L.

    A peine 2 °C au lever du jour dans la capitale… et des températures négatives redoutées pour la fin de la semaine. La première vague de froid est arrivée ce mercredi sur la capitale. La veille au soir, pourtant, le centre 115 du Samu Social-Paris n'avait pas pu trouver de solution d'hébergement pour l'ensemble des appelants. 180 sans-abri « isolés » (dont 80 femmes) et plus de 600 personnes en famille (essentiellement des femmes seules avec enfant) ont dû être renvoyés à la rue pour la nuit.

    « La situation n'a jamais été aussi tendue pour cette catégorie de sans-abri », explique Eric Pliez, président du Samu Social de Paris qui tire la sonnette d'alarme à la veille de l'arrivée des grands froids. « Il y a encore 2 ans, les opérateurs du 115 parvenaient à trouver des solutions d'hébergement à 8 familles sur 10. Aujourd'hui, c'est moins d'un appelant sur cinq qui obtient une réponse positive », rappelle-t-il en estimant à plus de 500 le nombre de mineurs qui dorment chaque nuit dans la rue avec leur(s) parent(s).

    En cause : la saturation totale des hôtels dits « sociaux » (en fait des hôtels privés à bas coût) vers lesquels les familles à la rue sont orientées, faute de places adaptées dans les centres d'hébergement plus classiques. Le Samu social — qui s'est doté depuis déjà 10 ans d'un « pôle de réservation hôtelière » chargé de prospecter les hôtels, de négocier des prix… — peut compter sur un parc de 11 600 chambres à Paris et en Ile-de-France.

    Mais ces lieux d'hébergement d'urgence de substitution ne se libèrent pas assez rapidement pour faire au flux des entrants. Un chiffre suffit à illustrer l'embolie du dispositif : celui de la durée moyenne de séjour des familles en hébergement hôtelier. Selon le Samu social, elle dépasserait désormais… 2 ans et demi.

    « Les familles de sans-abri sont stockées dans les hôtels », résume Eric Pliez, en s'excusant pour la violence du terme. La montée en charge du dispositif d'hébergement hivernal de la préfecture de région, qui devrait aboutir à l'ouverture progressive de 1 500 places supplémentaires, devrait permettre de faire remonter un peu le taux de réponse positive au 115. « Mais, le compte n'y est pas », s'alarme Eric Pliez.

    « Il manque au moins 3 000 places sur la Métropole pour faire face à la demande d'hébergement », a-t-il rappelé ce mercredi lors de l'inauguration d'un nouveau centre dans le XIIe arrondissement (lire ci-dessous). Même si les travailleurs sociaux s'accordent tous sur l'inadaptation des chambres d'hôtels pour l'accueil des familles, le président du Samu Social plaide pour une augmentation des crédits d'Etat pour le paiement des nuitées hôtelières (NDLR : 211 M€ en 2016). « C'est la seule solution pour ne pas aller dans le mur, insiste-t-il. Le mur, ce serait qu'un enfant meurt dans la rue à Paris ! »

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