Conférence nationale algérienne : Lakhdar Brahimi dément avoir été contacté

EXCLUSIF. Le bruit avait couru que Lakhdar Brahimi était parti pour présider la conférence nationale algérienne. C'est dans une lettre à ses amis qu'il a formellement démenti cette allégation.

Par , à Alger

Ancien ministre des Affaires étrangères, le nom de Lakhdar Brahimi, 85 ans, envoyé spécial de l'ONU sur le conflit syrien jusqu’en 2014, était sur toutes les lèvres pour présider la conférence chargée de faire des propositions sur l'avenir politique de l'Algérie. 
 

Ancien ministre des Affaires étrangères, le nom de Lakhdar Brahimi, 85 ans, envoyé spécial de l'ONU sur le conflit syrien jusqu’en 2014, était sur toutes les lèvres pour présider la conférence chargée de faire des propositions sur l'avenir politique de l'Algérie. 

 

© STAN HONDA / AFP

Temps de lecture : 3 min

« Au pays, comme à l'étranger, on continue à dire et à écrire que l'on m'a offert la position de président de la conférence nationale proposée pour favoriser une sortie de la crise. On continue même d'écrire que je tiens actuellement ce rôle. J'ai dit publiquement et je redis ici que ce n'est pas vrai : on ne m'a jamais proposé ce poste ; pas plus qu'on ne m'a proposé à aucun instant le moindre rôle officiel ou officieux. » Dans une « lettre à mes amis » diffusée de manière confidentielle par son fils, l'ancien diplomate Lakhdar Brahimi, 85 ans, dément une nouvelle fois avoir été contacté pour présider la conférence nationale annoncée par le président Bouteflika. Cette conférence « inclusive », qui prévoit d'associer la société civile et l'opposition à la rédaction d'une plateforme pour une Constitution qui sera approuvée par référendum, doit aussi fixer la date de la prochaine élection présidentielle.

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Pressenti

Lakhdar Brahimi est pressenti pour ce poste depuis qu'il a été reçu lundi soir devant les caméras par le chef de l'État, peu après que celui-ci, confronté à une contestation sans précédent depuis son arrivée au pouvoir il y a vingt ans, eut annoncé le report de la présidentielle et prolongé de fait son mandat jusqu'à la fin des travaux de cette conférence nationale.

« L'Algérie vit des journées et des semaines pleines de promesses, mais aussi de craintes et de dangers », écrit aussi l'architecte des accords de Taëf qui ont mis fin à la guerre civile libanaise en 1989 et ex-médiateur de l'ONU en Syrie. « Chacun essaie de suivre ce qui se passe chez nous, de là où il/elle se trouve. Certains essaient de peser sur les événements : ceci est parfaitement légitime lorsqu'il s'agit d'Algériennes ou d'Algériens. Ça ne l'est pas du tout pour celles et ceux qui ne le sont pas. »

Lakhdar Brahimi avait été présenté comme le troisième élément-clé d'un attelage comprenant aussi Noureddine Bedoui, le nouveau Premier ministre, et Ramtane Lamamra, vice-Premier ministre et chef de la diplomatie.

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« La situation dans le pays n'est pas celle où une seule partie peut unilatéralement choisir le président d'une telle conférence. Si et quand cette conférence devait devenir réalité, ce serait, à l'évidence, aux différents groupes qui en feraient partie de s'entendre pour choisir le président de la conférence ou, plus probablement le présidium qui piloterait ses travaux », précise-t-il.

Éviter le K.-O. irakien

Lundi 18 mars, celui qui fut aussi ministre des Affaires étrangères avait de nouveau appelé « au dialogue » entre protestataires et pouvoir pour aboutir au changement réclamé par la rue, en agitant l'exemple de l'Irak où le démantèlement des institutions a contribué à la dislocation du pays.

« En Irak, ils sont partis tous, mais regardez ce qui est arrivé », a-t-il souligné. Le démantèlement, après l'invasion américaine en 2003, du parti Baas au pouvoir et des organes de sécurité a contribué à la division confessionnelle du pays et in fine à la conquête par le groupe État islamique d'une partie du territoire. Niant vouloir ainsi « faire peur » aux contestataires, il a ajouté : « Il faut avoir conscience des dangers qui existent : parler de l'Irak ou de la Syrie, ce n'est pas essayer de dire à la population ne bougez plus. On leur dit avancez les yeux ouverts. »

Estimant « compréhensible » la « position de la rue », il a dénoncé celle des dirigeants politiques et syndicaux d'opposition. Mais il a également vanté le « plan de travail » d'Abdelaziz Bouteflika (report de la présidentielle, conférence nationale, nouvelle Constitution) et prôné le « dialogue » plutôt que le « changement radical » que réclament les contestataires.

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Dans sa lettre, il qualifie également les contacts noués récemment avec des représentants politiques, de l'État comme de l'opposition, et des membres de la société civile, d'« informels ». « Faut-il désormais être mandaté par qui que ce soit pour parler à des compatriotes de la situation dans notre pays  ? Je suis certain que les observateurs et les commentateurs objectifs tiendront compte de cette mise au point, à l'avenir. Les autres, je suppose, continueront à raconter ce qu'ils veulent. »

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