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L’automatisation industrielle, quel avenir pour les usines du futur ?

A travers une série d’enquêtes réalisées sur l’automatisation et l’avenir du travail, il me semble pertinent d’interroger la manière dont celui-ci modifie la société. La thèse centrale sur l’automatisation et ses conséquences qui transforment progressivement la force de travail est plus que d’actualité. Il semblerait que les managers des usines du futur se voient confier la tâche de remplacer l’activité des ouvriers humains par une généralisation massive de la robotisation et pour laquelle le salarié deviendra un opérateur de ces nouvelles formes d’organisation sur la chaîne de production industrielle. Dans cette contribution, je vais tenter dans un premier temps de définir ce qu’est l’automatisation, puis je rendrai compte de ses spécificités et sur ce que l’automatisation peut avoir comme effets quant au processus de production industrielle. Enfin, je terminerai cette contribution en essayant de penser l’existence d’un système technicien à l’aune de cette implémentation industrielle et industrieuse, si j’ose dire, d’un construit technique évolutif qui ouvre la porte à de nouveaux débats et réflexions pour l’avenir de nos sociétés.

I. L’automatisation, un phénomène industriel bouleversant

L’automatisation trouve son origine dans les années 1950, lorsque selon Jérémy Rifkin l’ordinateur programmable transformait l’industrie en insistant sur une restructuration des activités des usines. Le phénomène ne date pas d’aujourd’hui avec la particularité d’engager une automatisation des processus de production et de fabrication industrielles. En fait, le mot automation apparaît pour la première fois en avril 1947 au sein du département du vice-président de l’entreprise Ford, Del Harder avec l’idée que les technologies développées sur le marché allait faire évoluer la cadence des opérations de traitement industriel et renforcer la productivité des chaines de montages automobiles. Face aux revendications ouvrières qui souhaitaient garder la mainmise sur le fonctionnement de l’entreprise et sur le procédé de production, plusieurs grands groupes américains s’orientèrent vers les nouvelles technologies pour transformer les usines et accroitre leurs bénéfices et leurs productivités. Mais l’un des changements majeurs concernant cette pénétration des technologies industrielles dans les usines s’effectua aux environs des années 1960 lorsque les dirigeants d’entreprises décidèrent d’intégrer dans le processus de production des ordinateurs à l’intérieur des ateliers de fabrication. Cette avancée technologique s’illustrant comme le fait de pouvoir façonner et mettre en assemblage les pièces d’un produit fut perçue comme un bouleversement des organisations avec des technologies de fabrication nouvelle depuis le travail de création réalisé grâce à la chaine de montage mobile développé par Henri Ford.

A notre époque, c’est bien plus qu’une diffusion de la technologie computationnelle dans les usines qui se réalise avec une nouvelle transformation et insertion de la robotisation à grande échelle et pour laquelle des opérateurs ont pour tâches de contrôler et de vérifier le bon fonctionnement de ces outils techniques. L’automatisation concerne principalement des techniques et des processus multiples qui reproduisent les gestes des ouvriers sur les chaines de montage. En parcourant les travaux de Tiffany Blandin sur l’évolution du travail dans la société, il me semble intéressant de mettre en lumière la manière dont l’automatisation qu’elle évoque dans son ouvrage « Un monde sans travail ? » participe à une transformation des pratiques et de l’activité industrieuse sur les territoires. En effet, l’auteur évoque l’existence de plateformes logistiques alimentaires équipées des dernières avancées technologiques en terme d’automatisation et de robotisation de la chaine de production dans le secteur de la grande distribution. Lors de son exploration, la journaliste explique qu’il existe à l’intérieur même de l’usine, un assemblage de tapis roulants complétés par la présence de transstockeurs qui exécutent en toute autonomie des travaux de logistique pour la préparation des commandes de l’entreprise. Voici un exemple d’automatisation qui peut être interrogé quant à son utilisation et ses effets sur le mode de production industriel à venir.

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II. Le processus d’automatisation industrielle

La particularité de l’automatisation permet de gagner en efficacité sur des tâches simples voire sur des processus de contrôle intégrant des technologies de pointe et en vue d’accroitre la productivité. L’automatisation permet au client de pouvoir accéder à une qualité de services qui ne nécessite pas réellement d’effort dans la logique de production et sur les chaines de montages. La révolution industrielle du 19ème siècle a participé aux prémisses de l’automatisation même avec le remplacement d’ouvriers par des machines de production participant à une amélioration des rendements et un affaiblissement des coûts de la main d’œuvres. L’exemple des systèmes d’automatisation dans le secteur industriel se présente comme l’un des phénomènes les plus représentatifs de l’automatisation. Les équipements techniques et d’automatisations industrielles intégrant capteurs et machines-outils se réalisent à l’intérieur même de secteurs intégrant des techniques de pointes. L’un de ces exemples est celui du traitement d’image des systèmes d’automatisation industrielle utilisés pour la production et en vue d’optimiser également leurs ressources. Cette automatisation se découvre dans des secteurs pouvant être aussi éloignés que l’automobile, les équipements industriels, l’électronique ainsi que je l’ai exposé précédemment les plateformes de logistiques alimentaires. L’avenir de cette automatisation peut être interrogée notamment sur l’implémentation progressive de nouvelles générations d’outils et de systèmes d’automatisation de plus en plus complexes et intelligents. Concernant les différentes spécificités de l’automatisation, elles peuvent être organisés selon sept points majeurs. La première concerne la réduction des coûts de production pour les usines avec un retour sur investissement rapide. La deuxième est celui de l’optimisation du cycle de fabrication par les robots qui augmentent les taux de production. La troisième est celle d’une amélioration de la qualité avec des tâches précises effectuées sur la chaine de production. La quatrième spécificité est celle du gain d’espaces rendant le flux du processus plus efficace. La cinquième concerne la réduction des déchets avec des robots qui peuvent économiser de la matière première. La sixième spécificité est celle des emplois locaux avec des opérateurs qui travaillent à proximité des robots de la ligne de production. Enfin, la septième spécificité est celle de la réduction des délais et coûts de production avec à la clé un rapport qualité prix intéressant. Ces spécificités me permettent d’avancer que l’automatisation à l’échelle industrielle peut être questionnée notamment sur la manière dont elle va se développer à l’avenir pour les chaines de productions industrielles avec la présence d’opérateurs humains pour contrôler le travail de production.

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III. L’automatisation, un nouveau système technicien

La technique apparaît dans sa totalité comme porteur d’un enchevêtrement de systèmes dépendants les uns des autres. Cette spécificité de la technique se retrouve par exemple dans le domaine du ferroviaire, du postal, de la téléphonie et de l’aérien où lorsque surgit un événement imprévu modifiant l’un des éléments techniques de l’objet, c’est tout l’ensemble du système qui se dérègle et qui peut être bloqué. A l’inverse cet enchevêtrement participerait à une forme d’autonomie de l’individu et de sa liberté. Certains chercheurs soutiennent que cette autonomie de l’individu par la technique résulte d’une adaptation à son milieu pour être conforme au système .Cette question sommaire de la technique en élude une autre. Il s’agit d’interroger la place et la nature dans son développement total. Pour le cas de l’automatisation industrielle, l’utilisation de machines et d’outils de fabrication industriels voire numériques questionne en terme de connaissance technique et de leurs rapports à l’individu. Comprendre le fonctionnement d’une machine outil ou d’un robot nécessite une certaine temporalité, à la fois dans sa construction physique, son accessibilité ainsi que ses fonctionnalités. C’est tout l’enjeu de ce système technicien que de permettre aux individus d’accéder à une simplicité d’utilisation de machines complexes à travers la présence de personnel ressources et formés de manière appropriés. Et de conclure sur le fait qu’il est intéressant de s’interroger sur la manière dont l’automatisation industrielle transforme progressivement le mode de production des usines qui s’accaparent ces innovations technologiques.

Bibliographie à titre indicatif

Rifkin, Jeremy. 2006. La fin du travail. Paris: La Découverte, 532 p
Blandin, Tiffany. 2017. Un monde sans travail ?, 126 p

Benjamin Lorre
Docteur en Sciences de l’Information et de la Communication – USPC. Il nous propose des articles d’opinions sur les questions de mode de travail, de révolutions des pratiques professionnelles et de l’innovation technologique dans la société. Il s’intéresse aux nouvelles mutations du travail en lien avec la diffusion des technologies numériques.

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