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Un esprit féminin règne au chai de la Cave de Bonvillars

Passionnée de vente, Sylvie Mayland incite les viticulteurs à être fiers de leurs vins.

Elle ne s'en cache pas: Sylvie Mayland défend l'égalité homme-femme dans son entreprise, la Cave des viticulteurs de Bonvillars. Cette société coopérative, qui fête cette année son 75e anniversaire, a ainsi trouvé un subtil équilibre en son palais entre la gérance féminine, qui règne côté cour, et le travail de la vigne, fait essentiellement par des hommes, côté jardin. Ensemble, ils font fructifier une entreprise aujourd'hui plus florissante que jamais, à en croire la directrice.

Cette période faste se reflète dans la nouvelle devanture de la Cave, moderne et d'un rouge flamboyant, que l'on aperçoit en arrivant de Champagne, et qui cache désormais l'ancien bâtiment démodé. Revenue dans la société coopérative où elle avait déjà œuvré durant cinq ans comme représentante, Sylvie Mayland a pris la direction de la Cave après un passage dans la grande maison Schenk de Rolle, entre 2001 et 2007, où elle était responsable de la distribution pour la Suisse romande. Chez le négociant international, dont la taille correspond à près de vingt fois celle de l'entreprise du Nord vaudois, elle a appris à commercer avec d'importants volumes et elle y a pris goût. «Je suis passionnée de vente», affirme-t-elle.

«Valoriser le jus»

À la Cave de Bonvillars, le volume de raisin encavé est stable, en raison des quotas: de 700'000 à 800'000 litres par an provenant d'une centaine d'hectares de vigne, même si, certaines années, selon les conditions, la production peut varier de 20% à 30%. Après les années difficiles de 2003 et 2004, financièrement, où les volumes n'étaient pas maîtrisés et les vignerons pas payés, ce qui a nécessité une profonde restructuration, l'entreprise a changé de stratégie et de vocation. «Avant notre vin était vendu en vrac pour des assemblages, explique la directrice. Actuellement, on vend beaucoup de bouteilles afin de valoriser le jus et obtenir une meilleure valeur ajoutée.»

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L'objectif de la Cave est de mettre pratiquement toute la production en bouteilles, mais parfois, pour «arranger des collègues de la région», elle leur vend une petite quantité en vrac. Elle produit désormais près d'un million de flacons (ou cols) par an, la moitié en 5 dl afin de répondre à la demande des consommateurs. D'entente avec les vignerons de la coopérative, l'oenologue Olivier Robert, qui a une expérience de près de dix ans dans la maison, élabore des vins qui font la réputation de la Cave de Bonvillars au-delà du pied du Jura, ce qui n'était pas le cas au siècle passé. Celle-ci se retrouve d'ailleurs régulièrement nominée dans les concours et ses vins sont livrés à de Grandes Tables.

Son chiffre d'affaires a ainsi sensiblement progressé puisqu'il est de près de 6 millions de francs, contre moins de 5 millions en 2007. Toutefois, relève Sylvie Mayland, les racines de ce succès remontent plus loin. «Il y a déjà trente ou quarante ans, les viticulteurs se sont rendu compte qu'on a une terre à vins rouges. Ils étaient des précurseurs en arrachant le chasselas pour planter du gamaret et du garanoir. Depuis une quinzaine d'années, ils plantent du galotta (Ndlr: un cépage né lui aussi chez Agroscope, le centre de recherche lié à Changins), du merlot et cabernet.»

Cépages résistants

Actuellement, l'entreprise fait d'autres essais avec des cépages résistants – tel le divico – dans le but d'utiliser moins d'intrants. «Nous voulons faire des vins les plus naturels possible et devons être sensibles au réchauffement climatique», dit-elle en nous apprenant au passage que, au niveau pluviométrie, il y a très peu d'eau dans ce terroir compris entre le lac de Neuchâtel et le pied du Jura.

Les rouges représentent dès lors 60% de la production de la Cave, le chasselas 30%, les spécialités de blanc le reste. Pour la directrice, le principal changement ne relève pas du produit, mais de l'état d'esprit au sein de la coopérative viticole: «Avant, les viticulteurs faisaient des bons vins, mais ils ne savaient pas les vendre. Nous avons commencé à être fiers de ce que l'on faisait et présenté des vins pour des médailles. Et nous en avons obtenu.»

Sylvie Mayland, de formation littéraire et qui a fait une école de marketing, se souvient, à son arrivée, d'avoir un peu bousculé les idées reçues: «Quand je parlais de marketing au conseil d'administration, on me regardait bizarrement: ce sont des dépenses. J'ai cherché également de nouveaux marchés et me suis rapprochée des grossistes et de la grande distribution.» Elle a ainsi instillé une nouvelle culture d'entreprise visant à ouvrir les portes de la Cave vers l'extérieur sans attendre que les gens viennent. De belles étiquettes, selon elle, montrent la fierté qu'on a des produits.

Le vin n'a pas de sexe

La transformation de la Cave, en 2014, allait dans le même sens. La société coopérative a décidé un gros investissement (2,5 millions de francs) dans cette modernisation afin de disposer de nouveaux équipements et de halles de stockage. La vinothèque est ouverte six jours sur sept, et la Cave loue une salle afin d'accueillir des groupes pour des mariages, fêtes de famille ou séminaires. L'entreprise compte douze employés plus trois à temps partiel en période de forte activité. La directrice apprécie le statut de coopérative de la Cave, qui compte une centaine de sociétaires, dont 40 vignerons actifs. Elle s'organise autour de ces derniers, de la direction, du conseil d'administration et de l'assemblée générale: «Tout ça, c'est un management participatif.»

À la Cave de Bonvillars, Sylvie Mayland n'impose pas son parfum de femme dans la dive bouteille. «Les gens parlent de vins féminins. Je n'aime pas entendre cela. À Bonvillars, on n'en fait pas, on fait des vins naturels.» Ce côté féminin, consent-elle, s'affiche au niveau de l'esthétisme de la bouteille, qu'elle aime «bien habillée». Et sans doute aussi dans l'accueil des clients. Dans sa société, celle qui ne craint pas de s'affirmer féministe «mais dans le bon sens du terme» revendique toutefois d'avoir veillé à la parité des sexes. «Si j'ai le choix, à compétences égales entre hommes et femmes, je choisis des femmes. Je n'ai pas féminisé ce travail, ce sont les professions de l'oenologie et du vin qui se sont féminisées.»

Publié le: 16.04.2018

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