Coup de frein sur les hôtesses aguicheuses

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Salon de l'autoCoup de frein sur les hôtesses aguicheuses

La plupart des stands présents au Salon de l'auto ont troqué les habits sexy contre des conseils avisés.

De plus en plus de constructeurs ont renoncé aux hôtesses légèrement vêtues pour attirer le public majoritairement masculin des salons automobiles, comme on le constate à Genève où les stands misent plutôt sur l'expertise de jeunes hommes et femmes, à parité.

La tendance existe depuis plusieurs années et semble avoir été renforcée par le mouvement #MeToo, élan de libération de la parole des femmes face aux violences sexistes.

«Je suis très contente que nous ne soyons pas considérées comme des objets», témoigne pour l'AFP Julie, une hôtesse sur le salon qui n'a pas souhaité donner son nom. «Je ne suis pas là pour juste sourire et montrer mon corps», assure-t-elle.

Cette année, «j'ai remarqué que les jupes étaient un peu plus longues et qu'on voyait moins de peau que ce qu'on aurait pu voir auparavant», affirme Olivier Wittmann, directeur général de Renault Suisse.

Sur la plupart des stands, la tendance vestimentaire est claire : pantalons, jupes longues, t-shirts et vestes dominent. Les mannequins ont laissé place à des «car explainers» (expliqueurs de voiture, en anglais). Les hôtes et hôtesses d'accueil, au côté des voitures, sont formés par les constructeurs pour apporter de l'information aux visiteurs.

- «Pneu sexy» -

Le constructeur italien de voitures de luxe Manifattura Automobili Torino fait partie des quelques stands à continuer de faire appel à un mannequin, l'Italienne Eva Squillari, modèle depuis huit ans, qui officie pour la deuxième année à Genève. «C'est mon travail, je pose toujours pour les photographes. Je ne suis pas nue, donc il n'y a rien de mal à ça», dit-elle.

Chez le fabriquant suisse de pneus Coopertires, deux jeunes femmes en robes courtes prennent la pose à l'approche des caméras ou appareils photo. «Rendre un pneu sexy tout seul est un défi», s'exclame un responsable de la marque, qui n'a pas souhaité être nommé. «Les hommes aiment prendre en photo des femmes», affirme-t-il. Selon lui, à la télévision, «presque toutes les voitures montrées sont celles avec mannequin». «Ca a toujours fait partie de ce monde masculin qu'est un salon automobile», ajoute-t-il. Mais sa vision est largement minoritaire.

Chez Renault, «ça fait plusieurs années que nous avons cette stratégie axée sur la compétence», explique M. Wittmann. Au fil des années, le groupe français a ainsi «intégré de plus en plus d'hommes» au sein du personnel des salons, «pour arriver aujourd'hui quasiment à la parité», poursuit-il.

«Notre politique a toujours été d'avoir à côté des voitures des personnes formées aux produits», affirme Fabio Capano, directeur du marketing chez Toyota Europe, à l'AFP. «La clé est de pouvoir expliquer le produit», ajoute M. Capano, selon qui «les show européens ont toujours été classes comparés à ceux d'autres régions du monde».

«Les moeurs évoluent»

Plusieurs personnes interrogées jugent très importante pour le secteur automobile la décision de la Formule 1 de ne plus avoir recours aux «grid girls», ces jeunes femmes, choisies pour leur plastique, qui indiquaient l'emplacement des monoplaces sur la grille de départ.

«Les moeurs évoluent. Je dirais que c'était nécessaire», affirme M. Wittmann. Les stands italiens Fiat et Alfa Romeo continuent d'employer majoritairement des hôtesses. Elles sont vêtues sobrement : pantalons ou jupes mi-longues noirs et chemisiers blancs. «Je ne pense pas que ce soit offensant», a déclaré le PDG de Fiat Chrysler Sergio Marchionne, interrogé sur le sujet, lors d'une conférence de presse.

Mais les mutations en cours sont loin d'avoir gommé toute forme de sexisme, raconte une hôtesse. «Sur les deux ans de salon j'ai eu quelques commentaires lourds ou déplacés, se souvient-elle. Et parfois des clients demandent à parler à un homme, soi-disant plus compétent». (nxp/afp)

(NewsXpress)

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