Publicité

Nez électronique, toucher virtuel, ouïe sélective : quand la tech réinvente les cinq sens

Notre façon de voir, toucher, sentir le monde pourrait ne plus être la même dans le futur. A Vivatech, certaines start-up présentaient des dispositifs sensoriels particulièrement innovants.

Le dispositif de 'GoTouch VR' permet de recréer la sensation de toucher en réalité virtuelle.
Le dispositif de 'GoTouch VR' permet de recréer la sensation de toucher en réalité virtuelle. (DR - GoTouch VR)

Par Leïla Marchand

Publié le 27 mai 2018 à 16:18Mis à jour le 28 mai 2018 à 08:54

Des écouteurs pour sélectionner les sons environnants que l'on veut entendre, des petits boîtiers pour « sentir » la réalité virtuelle, un « nez électronique » capable d'imiter le nez humain, des hologrammes presque plus vrais que nature… Tour d'horizons des start-up qui réinventent les cinq sens, présentes cette semaine à Vivatech, salon mondial de l'innovation.

Le toucher : GoTouch VR

Tel le héros du film « Ready Player One », vous pourriez bientôt vous immerger dans un monde virtuel avec un casque à poser devant les yeux, mais aussi avec une combinaison sensorielle capable de vous faire « toucher » cette réalité fictive.

La technologie n'est pas encore aussi avancée, mais le dispositif de Go Touch VR commence à s'en rapprocher. Cette start-up basée à Lille a mis au point de petits boîtiers à enfiler sur le bout des doigts et qui exercent une pression sur la pulpe du doigt chaque fois que l'utilisateur « touche » un élément de la réalité virtuelle.

Publicité

Le test du VR Touch :

Co-fondée par quatre doctorants en 2017, la start-up veut s'imposer comme « fournisseur de solution haptique » auprès des professionnels notamment, précise l'ingénieur Gabriele Sabatino. « Cela permet par exemple de manipuler un objet sur lequel on travaille, ou, pour un consommateur, de visualiser un produit avant de le commander ».

Dévoilé en janvier dernier au Consumer Electronic Show de Las Vegas, le dispositif est adaptable à n'importe quel casque de réalité virtuelle du marché. La start-up a réussi à lever près de 1 million de dollars en septembre dernier et à fournir son kit à plusieurs entreprises - parmi lesquelles le géant automobile BMW.

L'odorat : Aryballe Technologies

Le nez humain est très sensible, mais sûrement pas aussi précis que celui inventé par Aryballe Technologies. La start-up grenobloise a conçu un dispositif portatif capable de « mesurer » et « numériser » une odeur grâce à une cinquantaine de nanocapteurs, qui imitent les récepteurs olfactifs humains.

Pointé par exemple sur un flacon contenant une odeur de vanille, le détecteur va pouvoir identifier ce parfum en moins de 15 secondes en le comparant avec les centaines d'odeurs enregistrées dans sa base.

Cette invention pourrait trouver des applications dans de nombreux domaines, comme des tests olfactifs dans les industries agroalimentaires ou cosmétiques, avance Fanny Turlure, en charge du développement de la start-up. « Est-ce que mon eau de parfum a bien l'odeur qu'elle devrait avoir ? Ou, à moyen terme, on peut imaginer que ce soit intégré dans les fours, pour détecter quand le poulet est bien cuit comme on l'aime », explique-t-elle.

Fondée en 2014, Aryballe Technologies a finalisé une première levée de fonds de 3,1 millions d'euros en 2016 et a déjà écoulé une quarantaine de ses appareils, vendus environ 10.000 euros l'unité.

Le goût : DouxMaTok

Imaginez : vous mangez un gâteau que vous trouvez particulièrement sucré, et aussitôt vous regrettez de ne pas avoir respecté vos bonnes résolutions alimentaires… Et pourtant, ce gâteau comprenait en fait très peu de sucre. Pas d'alternative au sucre comme l'aspartame dans ce tour de passe-passe, mais une technologie inventée par DouxMatok, et déjà protégée par 14 brevets.

Publicité

Cette société israélienne a trouvé une manière de préparer le sucre pour qu'il soit ressenti comme plus sucré par nos papilles. « La molécule de sucre se rend directement sur les récepteurs de douceur sur la langue », explique Stéphane Laik, ingénieur agroalimentaire.

Pour cela, DouxMatok suit une « recette » impliquant notamment d'utiliser une particule minérale inerte (la silice) comme support pour les molécules de sucre. Cela forme alors une nouvelle structure, qui permet des réductions de sucre de 20 à 40 %, selon les applications.

« On a fondé la société en 2014 et on va commencer la commercialisation fin septembre. On est en train de travailler avec des partenaires américains et européens, indique le PDG Eran Baniel. Le problème, c'est que l'on n'a pas assez d'échantillons ! Pour chaque kilo produit, il y a déjà 20 entreprises qui attendent ». La start-up assure que son processus pourra être adapté à d'autres goûts que le sucré, comme le salé ou le gras.

L'ouïe : Orosound

Travailler en open space, l'aménagement idéal pour gagner de la place et communiquer entre collègues mais… un enfer lorsque certains voisins se révèlent bruyants. Partant de ce constat, la société Orosound a conçu des écouteurs spéciaux, capables d'atténuer le bruit environnant.

Certes, il existe déjà toutes sortes de casques promouvant la « réduction de bruit active », mais les écouteurs Tilde ont été singulièrement améliorés, assure Ludovic Margueritte, directeur commercial de la start-up parisienne.

« On a huit microphones embarqués dans les écouteurs, qui analysent l'environnement en temps réel et on génère une onde par opposition de phase, ce qui va créer du silence. Ca, c'est la réduction active de bruit. Mais à côté de ça, on a poussé cette technologie plus loin en la rendant sélective et directionnelle », explique Agathe Géhin, responsable marketing et communication.

Ainsi, avec les écouteurs intra-auriculaires sur les oreilles, le brouhaha environnant peut être réduit jusqu'à 30 décibels (une molette permet de régler ce niveau de réduction), mais en plus, l'algorithme intégré à l'appareil arrive à éliminer seulement les bruits ambiants et pas les sons utiles, comme la voix.

« On peut également passer en mode directionnel, où vous éliminez les sons à 300 degrés autour de vous, mais pas dans le cône de 60 degrés devant vous, ce qui vous permet d'entendre seulement la personne qui vous parle », précise-t-elle.

Lancée en 2015 avec une campagne sur Kickstarter, Orosound a passé deux ans à développer cette technologie brevetée, avant de commencer la commercialisation il y a quelques mois. Ses écouteurs, produits en Chine, ont déjà été adoptés par de grands groupes comme La Poste, Total et le Futuroscope.

La vue : Orbis Holographics

Les casques de réalité virtuelle et les applications de réalité augmentée permettent déjà de visionner des réalisations virtuelles. Mais avec les hologrammes, il est maintenant possible de voir ces images 3D à l'oeil nu.

La start-up parisienne Orbis Holographics, créée en juin 2016, a poussé le concept plus loin en créant des hologrammes haut de gamme et interactifs. Ses illusions d'optiques sont projetées avec des bornes holographiques, par exemple grâce un système de reflets sur des vitres, sur de la brume, ou encore sur des hélices tournant à grande vitesse.

« On propose aux marques une solution inédite pour leur communication. Par exemple, on a fait une statue en hologramme de trois mètres de haut pour une campagne de communication à Bruxelles, où on filmait les gens avant de les afficher en live en hologramme », explique Adrien Dalberto, un des cofondateurs.

« Pour le matériel, on travaille souvent avec les supports holographiques qui existent sur le marché, et on assure la création du contenu et éventuellement le système d'interactivité. Mais on peut aussi créer un support sur mesure », poursuit-il.

La start-up, qui s'est lancée sur le marché en 2017, a déjà su séduire de gros groupes, tels qu'Hermès, Thalys, Roland-Garros, Renault ou Sodexo. Mais au-delà de l'événementiel, les deux fondateurs Yvan Touhami et Adrien Dalberto veulent s'imposer dans des créneaux plus pérennes, par exemple « créer des vitrines de Noël », ou, auprès des particuliers, « en créant des hologrammes de cheminée, de plantes ou d'aquarium ». « Imaginez, un bonsaï holographique, suggère Adrien Dalberto. On pourrait le voir pousser, le couper, ce serait génial ! ».

Leïla Marchand

MicrosoftTeams-image.png

Nouveau : découvrez nos offres Premium !

Vos responsabilités exigent une attention fine aux événements et rapports de force qui régissent notre monde. Vous avez besoin d’anticiper les grandes tendances pour reconnaitre, au bon moment, les opportunités à saisir et les risques à prévenir.C’est précisément la promesse de nos offres PREMIUM : vous fournir des analyses exclusives et des outils de veille sectorielle pour prendre des décisions éclairées, identifier les signaux faibles et appuyer vos partis pris. N'attendez plus, les décisions les plus déterminantes pour vos succès 2024 se prennent maintenant !
Je découvre les offres

Nos Vidéos

xx0urmq-O.jpg

SNCF : la concurrence peut-elle faire baisser les prix des billets de train ?

xqk50pr-O.jpg

Crise de l’immobilier, climat : la maison individuelle a-t-elle encore un avenir ?

x0xfrvz-O.jpg

Autoroutes : pourquoi le prix des péages augmente ? (et ce n’est pas près de s’arrêter)

Publicité