Conférence tenue dans le cadre du ciné festival du pays de Fayence 2019
Je ne suis pas sûr que tout le monde dans l'assistance ait réalisé ce qu'impliquait cette conférence de Michel Crucifix. Je parierais que 95% sont dans ce cas; ce n'est pas la capacité de compréhension qui est en cause; mais l'ignorance ou le scepticisme concernant la menace du rechauffement climatique et de ses conséquences pour la vie, sous ses formes actuelles, dont nous l'espèce humaine; la sixième extinction serait en cours.
Certains avec qui j'ai parlé après, étaient même dans la confusion totale; par exemple CM, qui met tout ça sur le dos du capitalisme, des quelques hyper riches comme Bernard Arnault, qui possèdent près de 50% de la richesse de l'humanité; il suffirait de mettre fin au capitalisme (cf. Jean Ziegler) - comme du bon vieux temps de Marx et de l'Union Soviétique - pour résoudre tous ces problèmes. CM est un adepte du monologue incessant, figé sur ce qui n'occupe que sa ligne de pensée. Mais il est vrai que nous sommes tous sensibles à notre propre espace-temps limité, enfermés dans nos bulles; dans notre mode de vie, notre famille, notre travail, nos revenus; bref à la stabilité du monde tel que nous le percevons aujourd'hui. Dans l'esprit de la grande majorité des pays dits développés, notre mode de vie "occidental" n'est pas "négociable"; et chez les peuples en développement ou sous développés, le progrès vers un mode de vie plus prospère n'est pas négociable non plus.
Épisodes pluvieux extrêmes à répétition dans le bassin méditerranéen, tempêtes, ouragans, cyclônes, canicules et sécheresses en Europe en 2019, perturbations liées au phénomène "El Niño" dans les régions tropicales, fonte des glaciers, hausse du niveau de la mer, problème du "trou d'ozone", tous ces faits relayés par les médias créent un sentiment d'inquiétude et font prendre conscience de l'évolution du climat. L'homme, par son action inconsidérée sur l'environnement, par tous les rejets dans l'atmosphère que ses activités génèrent, compromet-il l'avenir des générations futures ?
Michel Crucifix nous a tenus en haleine pendant une heure. Plus de la moitié de ce temps fut de nous expliquer comment notre planète avait évolué depuis sa création il y a 4.5 milliards d'années, comment la biosphère avait fabriqué l'atmosphère telle qu'elle est aujourd'hui, comment la biosphère interagit chimiquement avec tous les éléments.
Cette diapo me paraît résumer l'ensemble de sa conférence. C'est l'évolution de la température au cours de 65 millions d'années avant le présent, cad. depuis la fin du Paléocène (attention, l'échelle de temps est logarithmique). Cette diapo montre qu'il y a eu un fort réchauffement à la fin du paléocène et au début de l'Éocène - 7° Celsius de plus qu'aujourd'hui; c'est ce qu'on appelle PETM paleo-ecocene thermal maximum - et ensuite un refroidissemnt continuel du pliocène jusqu'à la fin du pleistocène - 5° Celsius de moins qu'aujourd'hui, ce qui a provoqué les glaciations Inlandsis (calottes polaires de l'antarctique et de l'arctique); puis la succession des cycles glaciaires (froids) et interglaciaires (chauds) pendant le pleistocène; une succession expliquée par les cycles de Milankovitch et l'activité solaire: le cycle des tâches solaires.
Tous les changements climatiques qui se sont produits - température, niveau des mers, aridité... sont le résultat de l'interaction mécanique, physique, chimique et biochimique entre la biosphère, l'atmosphère la plus proche de l'écorce terrestre, la lithosphère et l'hydrosphère. Ces changements ont provoqué des extinctions d'espèces ou des migrations pour les espèces qui le pouvaient. La dérive des continents est aussi un facteur dans ces évolutions.
Depuis 220 ans la population d'Homo.Sapiens.sapiens est passée de 1 milliards d'habitants (1800) à 7.7 milliards en 2019. En l'an 0, nous étions 190 millions. Voir ce graphique.
Les 7.7 milliards d'habitants de la planète aujourd'hui sont le résultat d'une formidable explosion, depuis le début de la révolution industrielle, due à la mécanisation par les énergies fossiles et aux progrès scientifiques et techniques dans tous les domaines, dont ont résulté : la réduction de la mortalité infantile, l'allongement de la durée de vie et le vieillissement de la population et la capacité de nourrir cette population accrue... 9 milliards en 2050, c'est sûr car les femmes qui procréeront sont déjà nées; 11 milliards en 2100 si la tendance continue. Mais la fertilité - nombre d'enfants par femme - commence à diminuer... Voir "C'est la technologie qui nous permettra de nourrir 11 milliards d'humains Entretien avec Paul Morland".
La teneur en CO2 est passée de 280ppm à 400ppm et la température moyenne s'est accrue de 1.2° Celsius. La combustion des énergies fossiles, charbon, pétrole et gaz, dans les transports, l'industrie (sidérurgie, ciment), la production d'électricité et la climatisation, continue d'augmenter au rythme de 3 ppm par an. A ce rythme, dans 140 ans, il y aura autant de CO2 dans l’atmosphère que lors du dernier réchauffement climatique majeur: le PETM! qui a provoqué l'extinction de nombreuses espèces, ce que montre la géologie et les fossiles.
Ainsi par la révolution industrielle, par la consommation massive d'énergies fossiles, l'homme modifie les conditions climatiques de la planète qui conditionnent la biosphère telle que nous la connaissons. Peut-on arrêter cette évolution? Peut-on s'adapter au changement en cours? Rien n'est moins sûr.
Références:
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Mis en ligne le 17/10/2019 
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