Entreprise sociale et rentable
Chez Corelap, plus de 85% des employés sont atteints d’un handicap, physique ou intellectuel. Malgré tout, on vise la performance et la qualité.
- Publié le 10-09-2018 à 06h00
Disposant de 9 000 m2 d'installations sur la commune de Mouscron, Corelap est une entreprise de travail adapté connue par de nombreux Hurlus pour son service de photocopies. Mais connaissez-vous son histoire? Né en 1969, l'atelier protégé fut lancé par la Mutualité chrétienne de Mouscron. «C'était dans un de leurs locaux. Ça a démarré avec tout juste deux ou trois ouvriers», souligne Laurent Breyne, le directeur de l'entreprise.
À l'époque, seules deux activités voient le jour. La première consistait en un travail de reliure artisanale. «C'est différent des reliures modernes. Ça servait par exemple à restaurer des livres ou à assembler les journaux», explique le directeur.
La deuxième activité était la cordonnerie, mais celle-ci a disparu il y a une quinzaine d'années. La reliure artisanale, quant à elle, s'est arrêtée il y a cinq ans: «C'est regrettant car c'est une belle activité, mais on a dû y mettre fin par manque de demandes, mais aussi de rentabilité», avoue Laurent Breyne.
Du recyclage fibre textile aux photocopies
À l'heure d'aujourd'hui, Corelap mène plusieurs activités. La première est le service de photocopies post-impressions, associé aux travaux de finitions, tels que l'agrafage, la perforation, etc. «Depuis un mois, on propose des impressions grand format», annonce Maurent Breyne. La deuxième est le secteur de recyclage fibre textile. Il y a ensuite la sous-traitance industrielle, ce qui comporte des travaux de collages, d'emballage, de montage, etc. «C'est très varié», affirme le directeur.
Enfin, une équipe de Corelap travaille directement sur les sites mêmes des clients. «On a des gens dans l'industrie alimentaire, mais aussi dans la mécanique ou encore la logistique», précise Laurent Breyne. Si au départ, Corelap avait le statut d'atelier protégé, on nomme cela aujourd'hui une entreprise de travail adapté (ETA). Celle-ci est agréée par l'Agence pour une Vie de Qualité (AVIQ), qui s'occupe des personnes âgées et handicapées: «Notre mission, c'est de trouver des emplois adaptés aux difficultés de santé des personnes».
«Tout le monde est capable de produire un travail»
Chez Corelap, parmi les 135 employés, plus de 85% sont atteints d'un handicap. «Ce sont des personnes ayant un souci physique ou intellectuel. Cela peut être quelqu'un ayant des problèmes de dos, tout comme quelqu'un ayant un handicap sensoriel, visuel ou même psychiatrique», précise notre interlocuteur. Les activités, dès lors, sont adaptées aux capacités de chacun. Tous comme les autres ETA, Corelap fonctionne sur base du chiffre d'affaires mais aussi de subsides. «Il y a un subside pour les cadres et un autre pour les ouvriers. Quelqu'un avec un niveau de productivité plus faible bénéficiera d'un subside plus important», explique le directeur. Une véritable démarche sociale est ainsi ancrée au cœur de l'entreprise. «On essaie de donner de l'emploi à ceux qui, sans ça, auraient du mal à travailler. Ils sont contents de venir car on leur offre une insertion sociale. Cela montre aussi que tout le monde est capable de produire un travail. Il faut juste pouvoir s'adapter».