C’est une étrange structure d’acier et de verre. Un bâtiment de six étages ouverts sur l’extérieur qu’un œil distrait pourrait aisément confondre avec un parking aérien particulièrement moderne. L’intérieur est plus perturbant encore. Sitôt passée la porte d’entrée, on a la sensation de mettre le pied dans une station lunaire ou d’être au cœur d’un film de science-fiction des années 1980. Le vaste espace est traversé verticalement par d’imposantes colonnes d’acier et horizontalement par des passerelles qui s’enchevêtrent sur plusieurs niveaux. Autour, des blocs cabines de béton aux allures de conteneurs sont portés dans les airs par des piliers – ce sont les chambres…
Tout en haut, sous la canopée, un dernier étage abrite des salles de conférences, un spa avec bain turc, un club de fitness et des restaurants avec vue imprenable sur la ville et la campagne alentour. Quelle folie s’est donc emparée de Necmi Asfuroglu, le propriétaire ? L’homme d’affaires, producteur de béton et d’acier, n’avait jamais bâti d’hôtel avant ce projet rétrofuturiste. Pour comprendre sa démarche, il faut baisser les yeux et regarder sous l’établissement, posé sur des pilotis d’acier. Là se découvre une splendeur : 1,7 hectare de ruines de la cité antique d’Antioche, sur laquelle la ville moderne d’Antakya (Turquie) est construite.
Erigée en 300 av. J.-C, Antioche a été la troisième plus grande ville de l’Empire romain, après Rome et Alexandrie. C’est ici que le christianisme a commencé à se développer : les disciples du Christ ont pris le nom de « chrétiens » au Ier siècle, pour se distinguer des juifs qui ne croyaient pas en Jésus. Les rues de la ville actuelle recouvrent des siècles d’histoire traversant diverses époques, hellénistique, romaine, byzantine, chrétienne, arabe.
Treize civilisations
L’histoire du Museum Hotel a commencé en 2009. Antakya est alors une zone touristique prisée et Necmi Asfuroglu désire installer un 5 étoiles tout à fait classique sur un terrain qu’il possède, idéalement situé entre le Musée archéologique et une autre attraction incontournable de la ville, la grotte de Saint-Pierre. « Antakya reposant sur un site archéologique, l’Etat oblige les constructeurs à faire des fouilles avant de commencer des travaux. Les archéologues ont donc sondé le terrain à divers endroits. A chaque fois, ils sont tombés sur quelque chose. La construction de l’hôtel a dû être stoppée », raconte Sabiha Asfuroglu, la fille du propriétaire, qui a supervisé le projet.
Il vous reste 69.56% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.