Uniques, comme la princesse d’Espinoy
Brasseur débutant, Cédric Haubourdin fait appel au crowdfunding pour produire trois nouvelles bières locales: la première, la Lalaing, sortira fin décembre.
- Publié le 07-11-2018 à 06h00
Mardi, sur la plateforme de financement participatif mimosa.com, le projet Max Craft Beer, lancé depuis une grosse semaine à peine, avait récolté 1 600 euros. À l'heure où vous lirez ces lignes, il est probable que d'autres contributeurs auront permis de «valider», en récoltant 60% du montant final espéré, l'initiative proposée par Cédric Haubourdin. Pour baptiser son activité brassicole naissante, celui qui souhaitait mettre sur le marché des bières artisanales « d'un nouveau type» s'est inspiré du prénom de son tout jeune fils.
Derrière les bières, une histoire
Le Tournaisien aurait ainsi réussi la première partie de son pari: sortir dans les prochaines la Lalaing, une nouvelle blonde parfumée aux fleurs de sureau, titrant 5% de volume d'alcool, que rejoindront bientôt dans la gamme deux autres bières audacieuses et singulières. Responsable informatique chez Import Distribution, une entreprise située dans le zoning, Cédric est bien connu sur les courts de tennis régionaux pour avoir été capitaine de l'équipe féminine (N1) du Vautour TC. Mais ce presque quadragénaire est aussi un passionné de voyages (plus de trente pays visités), de cuisine, et de bières spéciales: «En 2014, avec mon meilleur ami, lorsqu'on visitait le Canada en voiture, on a découvert dans des nanobrasseries les bières rousses, ces Red Ales cuivrées avec de l'amertume, qu'on ne connaissait pas du tout. On s'est dit qu'on pourrait essayer d'en lancer en Belgique, où les brasseurs restent souvent assez classiques. Finalement, je poursuis l'aventure tout seul…» Dans la foulée, cet autodidacte a acheté du matériel, notamment le Brew Monk, un système tout-en-un « facile à ranger dans les armoires», peu onéreux et qui assure une certaine stabilité aux productions, avant de s'inscrire, l'an dernier, à la formation en microbrasserie de l'IFAPME.
À terme, il aimerait bien ouvrir un taproom, « un bar où on retrouverait derrière le comptoir notre production, au fût, qu'on vend directement au consommateur. Ce sera peut-être dans cinq ou dix ans… Mais pour l'instant, j'ai une situation stable et je n'ai pas envie de prendre de risque.»
À ce jour, Cédric a concocté cinq recettes, à base de différents malts et houblons (américains, tchèques, allemands et néo-zélandais), mais aussi, pour certaines, du seigle ou des baies de genévrier: «J'ai fait mon premier brassin chez François Maurage, The Hopster.»
La première bière mise en point fut la Red Ale, avant une stout, peut-être sa préférée « mais j'ai délibérément choisi de sortir d'abord une bière susceptible de plaire au plus grand nombre. C'est donc une blonde, pas trop alcoolisée et pas trop sucrée, fraîche, facile à boire avec un côté floral, une bonne amertume, mais aussi beaucoup de caractère et de goût».
Cette Lalaing sera uniquement commercialisée en bouteilles de 33 cl: «Ma femme Katarina, qui est Slovaque, m'avait demandé: " C'est qui, la femme qui se trouve sur la Grand-Place de Tournai? " Tout est parti de là», explique celui qui est aussi féru d'histoire.
Brasseur «à façon»
« Lancer une brasserie, cela coûte énormément d'argent, et il faut un emplacement, que je n'ai pas», explique Cédric, qui a opté pour le brassage à façon. Ce sera clairement indiqué sur la bouteille: « Je veux être totalement transparent, ne pas flouer le consommateur.» Son choix s'est porté sur les installations de la brasserie De Feniks, à Heule.
Avec Gino Vantieghem, il n'a pas vraiment affaire à un débutant. Ce maître brasseur expérimenté a fondé Liefmans avant de rejoindre Unibroue, l'entreprise québécoise chère à Robert Charlebois, pour laquelle il avait créé la Blanche de Chambly: «Il est très précis, très honnête, le contact est immédiatement passé.» Sur la plateforme Mimosa, Cédric Haubourdin espère récolter trois mille euros, ce qui lui permettrait de mettre sur le marché, dès la fin décembre, 1 300 bouteilles de Lalaing et des articles de merchandising. Pour 50 euros versés, l'internaute aura par exemple droit à douze bouteilles de bière, deux verres et deux t-shirts.
Si la somme espérée est dépassée, une deuxième bière sortira dans les semaines qui suivront. Laquelle? « Ce sont les contributeurs qui choisiront. J'y tiens absolument!»
www.miimosa.com/be/projets/max-craft-beer-bieres-artisanales-belges