Sexe

De quoi a-t-on envie quand on a envie de sexe ?

Pourquoi coucher ? Cette question pourrait paraître triviale, mais elle n'est ni innocente, ni absurde.
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Margot Robbie et Leonardo DiCaprio dans "Le Loup de Wall Street" (2013)

Quand on les interroge sur leurs motivations, les gens rapportent mille raisons de forniquer (souvenez-vous, certaines de ces raisons sont parfaitement ésotériques). Au point que certains désirs n'appartiennent pas à la même planète : il y a les pulsions internes (envie de soulager une pression physique) et les pulsions externes (interagir avec une personne spécifique, obtenir quelque chose, régler un problème, se faire aimer, etc).

Parce qu'on ne prend pas toujours la peine de définir clairement la source de notre désir (nous parlons d'"envie de sexe" de manière générique), on n'y répond pas forcément de la manière la plus satisfaisante. C'est dommage pour vous, mais c'est encore plus dommage pour l'autre. En effet, s'il s'agit de se débarrasser d'une envie purement sexuelle, la partenaire peut avoir l'impression qu'on se sert d'elle comme d'un simple instrument. Dans le pire des cas, une personne fait l'amour et l'autre se masturbe, sans qu'il y ait eu discussion sur la question. Dans le meilleur des cas, au contraire, la partenaire est incroyablement excitée à l'idée de servir de vaginette - être utilisée est un fantasme courant (et pour les hommes aussi). Dans le doute, ça vaut le coup de poser la question, ou d'exprimer son envie de manière claire.

A l'inverse, on peut avoir envie spécifiquement de telle ou telle personne, de telle émotion générée par cette personne, de telle partie du corps de cette personne. Auquel cas le sexe devient un mode de communication, une manière de se rapprocher, de toucher, de câliner, de sentir. Et si vous poussez cette différenciation jusqu'au bout, les pratiques entraînées sont différentes : une envie égoïste peut se "traiter" plus efficacement et simplement par la masturbation (une fois encore, sauf si votre partenaire veut jouer). Si l'envie est altruiste, il devient moins important de recevoir un orgasme. Vous pouvez prendre plus de temps, débarrasser les activités de leur aspect purement fonctionnel pour rentrer dans des pratiques plus ludiques, ou tendres, ou hardcore, ou créatives (les goûts et les humeurs !).

Cette logique fonctionne aussi pour d'autres plaisirs et nécessités. Dormir parce qu'on a sommeil, parce que c'est l'heure, ou parce qu'on voudrait en terminer avec cette journée ? Manger par ennui, par compulsion, par faim, par convivialité - et du coup manger quoi et comment ? Si vous sortez de deux heures de sport, vous n'allez pas avaler une salade verte, et si vous avez juste envie d'un orgasme, est-il vraiment utile d'impliquer une partenaire ?

Un minimum de lucidité est d'autant plus crucial que l'indifférenciation des types de désir produit des discours absurdes : on parle de misère sexuelle pour justifier des agressions, alors que quand on "besoin" de sexe (il faudrait dire "envie" de sexe), on peut très bien s'en libérer en solitaire. Si les violeurs voulaient des orgasmes, ils ne violeraient pas, ils regarderaient un bon porno.

Non seulement repérer l'origine de votre désir fait de vous un meilleur amant, mais en précisant vos pensées, vous pourriez bien devenir un meilleur citoyen. Que demande le peuple ?