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EAN : 9782746506053
84 pages
Le Pommier (30/03/2012)
3.48/5   569 notes
Résumé :
Le monde a tellement changé que les jeunes se doivent de tout réinventer ! Pour Michel Serres, un nouvel humain est né, il le baptise " Petite Poucette ", notamment pour sa capacité à envoyer des messages avec son pouce. Nos sociétés occidentales ont déjà vécu deux révolutions : le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. Comme chacune des précédentes, la troisième, - le passage aux nouvelles technologies - tout aussi majeure, s'accompagne de mutati... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (93) Voir plus Ajouter une critique
3,48

sur 569 notes
J'aime bien écouter les chroniques de Michel Serres, dans lesquelles il nous livre des réflexions souvent pertinentes. Ici, la quatrième de couverture nous annonce : "Le monde a tellement changé que les jeunes doivent tout réinventer." Puis plus loin : "Petite Poucette va devoir réinventer une manière de vivre ensemble, des institutions, une manière d'être et de connaître...", et enfin : "Ce livre propose à Petite Poucette une collaboration entre générations pour mettre en oeuvre cette utopie, seule réalité possible". Quel programme ! Voilà qui promet d'être intéressant.
Hélas, ce court ouvrage ne tient vraiment pas ses promesses. L'auteur y accumule les évidences, il enfonce des portes ouvertes, il ne nous apprend rien : je suis restée sur ma faim.

Tout d'abord, qui est cette Petite Poucette ? Avec Petit Poucet, c'est un terme un peu paternaliste que Michel Serres emploie pour désigner les jeunes, si habiles de leurs pouces pour taper des messages. Car il est ici question de la révolution de l'informatique et d'internet, à laquelle notre société doit faire face, comme elle a dû autrefois s'adapter aux bouleversements entraînés par le passage de l'oral à l'écrit, puis de l'écrit à l'imprimé. le tout début du livre analyse ces mutations de façon assez intéressante. Mais c'est quand on aborde le coeur du sujet que tout se gâte.
Michel Serres se penche avec bienveillance sur la nouvelle génération, et son point de vue est rafraîchissant au milieu de tant de récriminations sur les jeunes que certains rendent responsables de tous les maux. Mais il faut rester lucide dans l'intérêt de Petite Poucette et ses amis, et les aider à tirer profit de cette révolution d'internet.

Pour Michel Serres, internet est fantastique, internet est merveilleux, internet est la solution à tout. Angélisme, naïveté, autosuggestion ?
Petite Poucette bavarde en cours car elle s'ennuie : "Pourquoi bavarde-t-elle, parmi le brouhaha de ses bavards camarades ? Parce que, ce savoir annoncé, tout le monde l'a déjà. En entier. À disposition. Sous la main. Accessible par Web, Wikipédia, portable, par n'importe quel portail." Michel Serres est-il sérieux, lui qui est enseignant, quand il écrit ceci ? Croit-il vraiment que les professeurs soient devenus inutiles puisque tout le savoir se trouve sur la toile ? Oui, on peut tout trouver ou presque en quelques clics, encore faut-il savoir chercher, mais surtout analyser et utiliser intelligemment les données obtenues. Michel Serres croit-il ou veut-il nous faire croire que l'on n'a plus besoin d'apprendre l'orthographe, la conjugaison ou la grammaire puisque tout est sur internet ? Quand on voit le piètre niveau de langue que l'on peut lire un peu partout, qui va jusqu'à rendre certains textes incompréhensibles, j'en doute fort ! Certes, on trouve sur le web toutes les définitions, toutes les règles de grammaire, toutes les conjugaisons, mais cela ne dispense nullement de leur apprentissage, soyons sérieux ! De même, trouver tout le vocabulaire et toute la grammaire anglaise sur la toile ne fera pas de vous un angliciste émérite.
Michel Serres nous vante les mérites de Petite Poucette qui sait si magnifiquement naviguer sur internet. Mais sait-elle prendre du recul par rapport à ce qu'elle y trouve, sait-elle trier le vrai du faux, et plus important encore : sait-elle penser par elle-même ?
Alors, quand Michel Serres envie presque Petite Poucette d'être née à cette époque bénie d'internet, je ne le rejoins pas. Je trouve au contraire que les nouvelles générations sont face à un monde complexe pour lequel ils ne sont pour la plupart pas suffisamment armés. Oui internet est un outil fantastique, qui offre tellement de possibilités à qui sait l'utiliser, mais ce n'est pas cet objet aseptisé qui nous est vanté ici. Internet a bien des défauts, bien des aspects négatifs. Si Petite Poucette n'y prend pas garde, internet peut faire entrer n'importe quelle propagande dans son crâne. Internet peut lui faire gober n'importe quel mensonge. Internet peut paradoxalement la priver de connaissances, en lui donnant l'illusion qu'elle n'a pas besoin d'apprendre. Et plus grave, internet est loin d'être inoffensif : les lynchages médiatiques prennent sur la toile des proportions effarantes, sans parler du douloureux sujet de personnes (souvent jeunes) poussées au suicide suite à des propos ou photos propagés sur la toile.
Alors, oui, vive internet ! Mais, il est indispensable d'apprendre aux jeunes générations à bien s'en servir. Je ne parle pas d'apprentissage mécanique : Petite Poucette sait taper bien plus vite que moi, sait naviguer bien plus rapidement que moi, je n'en doute pas. Mais ce que j'appelle bien se servir d'internet ne se réduit pas à cet aspect pratique, qui n'est que mineur. Ce qu'il faut, c'est apprendre à réfléchir, à prendre du recul, à analyser et trier les informations, pour ne pas subir internet mais se l'approprier. Et à mon avis, les compétences nécessaires doivent s'acquérir en amont de l'utilisation du réseau.
Si l'on apprend tout cela à Petite Poucette, oui, on pourra considérer qu'elle a de la chance.
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Comprendre les adolescents d'aujourd'hui... Leur inculquer une éducation... Voilà qui n'est pas facile lorsqu'on a comme modèle celle de nos parents. On a souvent tendance - et j'avoue être la première à le faire - à se référer au passé. Pourtant, les adolescents ont changé. La société de consommation et l'ère du numérique les ont fait changer. Ces petits poucets et poucettes, ainsi appelés par référence à l'utilisation de leur pouce sur leur smartphone, ne comprennent pas plus notre génération.

Michel Serres nous convie ici à réfléchir sur ce changement, à essayer de nous adapter au lieu de nous braquer. Ce n'est certes pas évident. La première idée serait de dire : "c'était comme ça avant, pourquoi cela changerait-il ? C'est à eux de s'y mettre !" Oui, mais voilà, il ne faut pas oublier un paramètre : la société évolue et, avec elle, les nouvelles générations. Ne pas s'en rendre compte ou, plutôt, ne pas vouloir s'en rendre compte, c'est se fermer à toute communication. Autant tenter de leur apprendre des choses via de multiples outils. Mais si vous lisez cette critique, c'est que vous êtes vous aussi sur un support numérique... donc vous comprendrez facilement ce que nous dit ce philosophe.

Un petit bémol tout de même : je ne suis pas d'accord avec tout ce qui est énoncé. J'aurais aimé que ce petit bouquin présentant une importante réflexion soit plus abouti. On reste un peu sur sa faim.
Lien : http://www.lydiabonnaventure..
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Je prends la peine de parcourir les critiques précédentes, dont une m'a incitée à lire cet opuscule.
Ce livre ratisse large, son lectorat va du collégien précoce au retraité bien conservé, de l'étudiante réfléchie à la ménagère branchée, de l'enseignant perplexe au chef d'entreprise qui prend le train, bref, c'est vous z'et moi.
De quoi faire de bons tirages...à 9,50 euros pièce....
Je ne vais pas dévoiler l'intrigue, on a tous compris que le clavier a remplacé la plume d'oie et que les écrans restent allumés jour et nuit. S'ensuit parait-il une révolution neuronale qui surdéveloppe la zone motrice du pouce et nous dispense d'écouter le bla-bla des profs; donc exit l'éducation nationale, c'est Gougle & Co qui s'y collent, pas de copies à corriger, vacances toute l'année et les marmots s'instruiront tous seuls, trop cool.
Je tweete, donc je suis. Je blogue, je tchate, je maile, je textote, bref je m'exprime, personne ne m'écoute mais c'est pas grave.
ON COMMUNIQUE, je vous dis.

Après la Bastille, il faut qu'on prenne la Tour Eiffel, pour que tous le monde soyent t'égaux, et alors ce sera le bonheur sur la Terre.

Michel Serres est un grand séducteur qui nous ferait avaler des couleuvres aussi grosses que des anacondas. Il a écrit sur des dizaines de sujets, il a 25 idées par secondes, il a une tête de papy adorable, et puis il est drôlement savant, avec sa sérendipité et ses mouvements browniens, et tous ses diplômes. Et il nous explique tout bien.
Il nous prend un peu pour des quiches.

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Il était une fois un vieil homme qui avait rencontré un petite fille. C'était sur la route à mi-chemin entre le Château d'Avant et la Cité d'Après. Il y avait là une colline d'où le vieil homme, qui venait du château d'Avant, pouvait observer ces deux lieux. Il s'était tout particulièrement pris d'affection pour cette petite fille, elle vivait dans la Cité d'Après. Et comme vous vous en doutez, il l'avait surnommée " Petite Poucette "…
Le Château d'Avant était là depuis des siècles. Il tenait debout sur de profondes fondations. Des fondations de papier imprimé et d'apprentissage méthodique. Au Château, le savoir se transmet par les livres et les doctes enseignants qui patiemment professent à la masse ignorante et transie de leurs descendants. Mais n'imaginez pas les habitants du Château comme d'horribles réactionnaires, durant des siècles, ils avaient fait progresser leur société, connu souffrances, privations, guerres et révolutions et s'étaient établis sur des institutions telles que l'église, l'armée, la classe, le marché.
La Cité d'Après n'avait pas de murs et expérimentait encore les processus de son établissement. Ici le savoir s'était affranchi du papier, mais pas encore de l'écrit ; Il s'échangeait librement entre pairs et se construisait en collaboration de tout un chacun sans le carcan des disciplines d'Avant. Au sein de la Cité, les communautés s'organisaient en réseau d'affinités multiculturelles qui repoussaient vigoureusement les anciennes filiations. N'avaient-ils pas raison de rétorquer que ces filiations s'étaient majoritairement constituées dans le sang...

Et le vieil homme observait les échanges entre ces deux mondes ; Plus particulièrement le phénomène de la transmission des connaissances : Ceux d'Avant voulaient bien faire profiter ceux d'Après de leurs leçons, mais comme ils les avaient apprises. Et ceux d'Après semblaient prétendre connaître déjà ces leçons et rêvaient d'en apprendre d'autres, professées autrement...
Le vieil homme n'avait qu'un rêve. Lui dont on disait pompeusement qu'il était " une vigie plantée sur le mât de notre époque ", qu'on appelait même " oracle " ! Lui voulait retrouver sa jeunesse... Pour pouvoir comme la petite fille exercer la dextérité digitale de ses pouces pour inventer le monde de demain...

Il était une fois... demain ? Hier ?... Maintenant ?...
Certainement maintenant lui ferai plaisir. " Main-tenant " tenant en main... cet outil numérique ultra-connecté qui caractérise tellement cette nouvelle citoyenne. Car la virtualité et l'immatérialité de ses échanges ne doivent pas conduire à penser qu'elle se désintéresse du monde qui l'entoure. Ce qui déconcerte, c'est que ce nouveau monde, il est en train de s'inventer au jour le jour... S'éloignant des axiomes et considérant du monde d'autrefois selon une évolution bien plus rapide.
Mais notre aîné ne nous parle pas de ce monde qui émerge. Il nous parle de cette petite fille et de ses conceptions qui la motivent. Il nous parle avec tendresse d'elle. Elle qui aujourd'hui est en âge d'avoir des descendants à son tour...
Puissions-nous vivre une époque intéressante... Michel Serres ne nous maudit pas, il nous ouvre les yeux. Les perspectives qu'il propose semblent vertigineuse tant elles donnent l'impression que ces jeunes à la moderne habileté palmaire et aux " neurones du numérique " sont différents de tous ceux qui les ont précédés.
Continuons à faire une optimiste confiance comme celui d'Avant en as en celle d'Après...
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Dans cet essai, Michel Serres s'intéresse à l'impact de la révolution technologique numérique sur la société, en particulier dans le domaine de la transmission du savoir.

Il y a eu, pour lui, deux révolutions précédentes dans ce domaine : le passage de l'oral à l'écrit, dans l'antiquité, puis le passage de l'écrit à l'imprimé, au XVème siècle. Chacune de ces innovations a facilité, démultiplié, la transmission du savoir.

Avec le numérique, l'ampleur de la transformation est bien plus importante : tout le savoir et toute l'information, vraie ou fausse, sont accessibles depuis un smartphone, une tablette ou un ordinateur, quel que soit le lieu où l'on se trouve. Exit, ou presque, la transmission du savoir par des sachants et l'apprentissage de l'esprit critique ?

La révolution technologique du numérique entrainerait alors une véritable révolution culturelle où l'on réfléchirait plus avec ses pouces (sur un clavier) qu'avec ses neurones...

J'ai trouvé la première moitié de la démonstration plutôt brillante et convaincante. La suite m'a paru plus laborieuse. Heureusement, l'auteur manie les concepts avec simplicité, sans abuser d'un vocabulaire qui pourrait paraître abscons au profane. le livre se lit assez facilement.

Un essai qui soulève des questions, apporte quelques réponses, mais garde nombre d'interrogations ouvertes.
Lien : http://michelgiraud.fr/2024/..
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critiques presse (2)
Liberation
15 mai 2012
Michel Serres se penche avec bienveillance sur la génération SMS et GPS.
Lire la critique sur le site : Liberation
Telerama
18 avril 2012
Loin de lorgner vers le passé, le penseur octogénaire sait, lui aussi, voyager au fond de l'inconnu pour trouver du nouveau.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (89) Voir plus Ajouter une citation
Ce format-page nous domine tant, et tant à notre insu, que les nouvelles technologies n'en sont pas encore sorties. L'écran de l'ordinateur - qui lui-même s'ouvre comme un livre - le mime, et Petite Poucette écrit encore sur lui, de ses dix doigts ou, sur le portable, des deux pouces.
Le travail achevé, elle s'empresse d'imprimer.

Les innovateurs de toute farine cherchent le nouveau livre électronique, alors que l'électronique ne s'est pas encore délivrée du livre, bien qu'elle implique tout autre chose que le livre, tout autre chose que le format transhistorique de la page. Cette chose reste à découvrir. Petite Poucette nous y aide.
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Ils sont formatés par les médias, diffusés par des adultes qui ont méticuleusement détruit leur faculté d'attention en réduisant la durée des images à sept secondes et le temps des réponses aux questions à quinze, chiffres officiels ; dont le mot le plus répété est "mort" et l'image la plus représentée celle de cadavres. Dès l'âge de douze ans, ces adultes-là les forcèrent à voir plus de vingt mille meurtres.
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Voici des jeunes gens auxquels nous prétendons dispenser de l'enseignement, au sein de cadres datant d'un âge qu'ils ne reconnaissent plus: bâtiments, cours de récréation, salles de classe, amphithéâtres, campus, bibliothèques, laboratoires, savoirs même.. cadres datant, dis-je, d'un âge et adaptés à une ère où les hommes et le monde étaient ce qu'ils ne sont plus.
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De notre tête osseuse et neuronale, notre tête intelligente sortit. Entre nos mains, la boîte ordinateur contient et fait fonctionner ce que nous appelions jadis nos facultés: une mémoire plus puissante mille fois que la nôtre ; une imagination garnie d'icônes par millions; une raison aussi, puisque autant de logiciels peuvent résoudre cent problèmes que nous n'eussions pas résolus seuls. Notre tête est jetée devant nous, en cette boîte cognitive objectivée... Voici le savoir jeté là, objectif, collecté, collectif, connecté.
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Ces enfants habitent donc le virtuel. Les sciences cognitives montrent que l'usage de la Toile, la lecture ou l'écriture au pouce des messages, la consultation de Wikipédia ou de Facebook n'excitent pas les mêmes neurones ni les mêmes zones corticales que l'usage du livre, de l'ardoise ou du cahier. Ils peuvent manipuler plusieurs informations à la fois. Ils ne connaissent, ni n'intègrent, ni ne synthétisent comme nous leurs ascendants.
Ils n'ont plus la même tête.
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Michel Serres nous manque déjà...

Certains les nomment génération Y ou "digital natives", les jeunes, (nouvelles ?), générations nous battent à plate couture devant un écran. Moi j'ai préféré les désigner sous le terme générique de ........?........

petite poucette
les pouces en or
petit poucet
poucez vous de là

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