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Australie : ces graphiques qui révèlent l'ampleur d'incendies historiques

Des feux de brousse d'une ampleur et d'une violence sans précédent ravagent l'Australie depuis octobre. Quelle surface a été brûlée ? Pourquoi les incendies sont particulièrement dévastateurs cette année ? Quel est le lien avec le réchauffement climatique ? Photographies et graphiques d'un sinistre historique.

Environ 80.000 km2 sont partis en fumée en Australie.
Environ 80.000 km2 sont partis en fumée en Australie. (SAEED KHAN/AFP)

Par Leïla Marchand, Jules Grandin

Publié le 10 janv. 2020 à 08:11Mis à jour le 10 janv. 2020 à 11:40

L'Australie fait face à des feux de forêt d'une ampleur et d'une violence sans précédent qui ont déjà dévasté des parties entières de son vaste territoire. Voici quelques éléments clés qui soulignent l'ampleur de la catastrophe.

Où se situent les incendies ?

Des incendies se sont déclarés dans tous les Etats australiens, mais la Nouvelle-Galles du Sud - dont Sydney est la capitale - est la plus durement touchée. Les déserts s'étendant sur une grande partie du centre du pays, les feux se sont surtout déclarés sur les côtes, dans les zones de végétation. Certaines des plus grandes villes ont été touchées, notamment Melbourne et Sydney.

Les flammes qui ont dévoré les forêts tropicales ont particulièrement alarmé les scientifiques, de tels feux étant très rares dans ces zones plus fraîches et humides.

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Les Echos

Les feux ont calciné l'île Kangourou (Kangaroo Island), troisième plus grande île australienne, qui abrite des zones naturelles protégées et de nombreuses espèces d'animaux.

Quelles surfaces ont brûlé ?

Les flammes ont ravagé plus de 80.000 km2 de brousse, zones boisées et parcs nationaux. Cela correspond à la superficie de l'Irlande ou à deux fois la superficie de la Suisse. Si les incendies avaient lieu en France, cela correspondrait à la totalité de la région Nouvelle-Aquitaine.

Un bilan pire que celui des récents incendies en Amazonie. Pour rappel, près de 25.000 kilomètres carrés sont partis en fumée en août dans la plus grande forêt tropicale au monde. En 2018, les incendies en Californie avaient détruit près de 8.000 kilomètres carré lors d'une des pires saisons de feux de forêt qu'ait connue cet Etat américain.

Quels sont les dégâts pour le moment ?

Ces feux ont fait 26 morts, dont quatre pompiers, depuis le début de la crise en septembre. Plus de 2.000 maisons ont été réduites en cendres, un chiffre qui pourrait augmenter à la suite des incendies en cours.

Des Australiens photographiés le 8 janvier dans les ruines calcinées de leur maison à Batlow.

Des Australiens photographiés le 8 janvier dans les ruines calcinées de leur maison à Batlow.SAEED KHAN/AFP

Fin décembre, la pollution de l'air dans la plus grande ville australienne a atteint un pic : son niveau était jusqu'à onze fois supérieur à celui estimé « dangereux », selon les médecins australiens. Cette brume épaisse était même visible depuis les satellites, comme le montre cette image capturée par la Nasa et l'Agence américaine d'observation atmosphérique :

Image satellite du 4 janvier montrant les zones touchées par le feu (modélisées en rouge) et la fumée grise dégagée.

Image satellite du 4 janvier montrant les zones touchées par le feu (modélisées en rouge) et la fumée grise dégagée.Goddard Space Flight Center de la NASA

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D'après le service de surveillance de l'atmosphère Copernicus du Centre européen pour les prévisions météorologiques à moyen terme (CEPMMT ou ECMWF), les incendies ont entraîné l'émission de 370 millions de tonnes de CO2, soit autant d'émissions de dioxyde de carbone que les feux dans la forêt amazonienne l'an dernier.

Des chercheurs de l'Université de Sydney estiment qu'un milliard d'animaux ont déjà été tués par les feux dans tout le pays. Ce chiffre inclut les mammifères, les oiseaux et les reptiles, mais pas les insectes ou les invertébrés. Une perte d'autant plus dramatique que l'île-continent abrite de nombreuses espèces endémiques.

Photo prise le 8 janvier montrant un kangourou mort près d'une ferme après un incendie à Batlow, en Australie.

Photo prise le 8 janvier montrant un kangourou mort près d'une ferme après un incendie à Batlow, en Australie.AFP/SAEED KHAN

Pourquoi ne parvient-on pas à éteindre les feux  ?

Des milliers de pompiers volontaires combattent chaque jour les incendies, mais les vents violents et les conditions chaudes et sèches ont rendu certains de ces feux presque impossibles à contenir.

Un hélicoptère luttant contre le feu près de Bairnsdale en Australie, le 31 décembre.

Un hélicoptère luttant contre le feu près de Bairnsdale en Australie, le 31 décembre.AFP/STATE GOVERNMENT OF VICTORIA

En dépit d'un répit relatif en début de semaine à la faveur d'une baisse des températures et de quelques précipitations, près de 150 incendies font toujours rage dans le Victoria et la Nouvelle-Galles du Sud, les deux Etats les plus touchés qui sont aussi les plus peuplés.

Les feux sont si intenses qu'ils génèrent leurs propres phénomènes météorologiques, les imprévisibles « orages de feu ». Ces orages ont tendance à être accompagnés de très peu de pluie de sorte que lorsque la foudre frappe le sol, très sec, de nouveaux incendies sont générés dans les environs.

Les fumées de ces gigantesques incendies ont été repérées jusqu'en Argentine et au Brésil, à plus de 12.000 km de l'autre côté du Pacifique, selon les agences météorologiques de ces pays. En Nouvelle-Zélande, à des milliers de kilomètres de l'Australie, le glacier Franz Josef a même pris une coloration ocre en raison des fumées.

Quel est l'historique des feux en Australie ?

Dans le monde, l'Australie est le continent le plus sujet aux incendies, qui se déclarent lors de l'été austral, entre décembre et février. « Le feu est présent sur le continent australien depuis des millions d'années et a joué un rôle important dans la formation d'une grande partie du paysage », rappelle l'Etat de Victoria sur son site web.

Les aborigènes ont même utilisé le feu pendant plusieurs milliers d'années pour régénérer la végétation, au point que cela a favorisé l'émergence de certaines plantes ayant besoin d'une chaleur intense pour libérer leurs graines. En explorant la côte en 1770, le capitaine James Cook a lui-même décrit l'Australie comme « un continent de fumée ».

L'arrivée des Européens a perturbé l'équilibre en place, avec l'abandon des pratiques de brûlage traditionnelles et une exploitation forestière sans restriction, provoquant de vastes incendies de forêt pendant la saison sèche.

Lors du 'Jeudi noir' de 1851, 5 millions d'hectares de végétation ont brûlé.

Lors du 'Jeudi noir' de 1851, 5 millions d'hectares de végétation ont brûlé.State library of Victoria, Julian Rossi Ashton

Au cours du siècle, des feux dévastateurs ont eu lieu, comme le « Black Sunday » de 1926 (60 morts), le « vendredi noir » de 1939 (71 morts, 1.300 maisons détruites), le « mercredi des cendres » (75 morts, 157 maisons détruites) en 1983. L'épisode le plus meurtrier a eu lieu en février 2009. Lors de ce « samedi noir », 179 personnes sont décédées dans l'Etat de Victoria.

Pourquoi cette année le sinistre est-il plus important ?

Bien que l'île-continent, très aride, connaisse chaque année des feux de brousse, cette saison a été pire que la normale et a commencé très tôt. Des températures records, une sécheresse prolongée et des vents forts soufflant à travers le territoire se sont additionnés pour créer des conditions propices à des feux de grande ampleur. ​A la mi-décembre, le mercure est monté à des niveaux jamais vu, avec un record à 41,9 degrés Celsius.

Selon les services météorologiques australiens, la période allant de janvier à novembre a été la deuxième plus sèche jamais enregistrée depuis 1902 ainsi que la plus chaude jamais observée.

Des actes criminels sont parfois à blâmer dans le déclenchement des incendies, ainsi que le défrichement des terres. Mais ce contexte climatique extrême confirme les prédictions des scientifiques : les incendies meurtriers deviendront plus fréquents et plus intenses à mesure que le réchauffement climatique s'aggrave. Depuis 1910, les températures du pays se sont élevées en moyenne d'environ un degré Celsius.

Combien va coûter cette crise ?

La crise risque de se poursuivre encore pendant plusieurs semaines. On ignore quel en sera le coût financier, mais le Conseil des assureurs d'Australie a annoncé que les demandes de dédommagements reçues par les compagnies s'élevaient d'ores et déjà à 700 millions de dollars australiens (433 millions d'euros), un montant appelé à grimper.

D'après Moody's Analytics, les dommages économiques devraient dépasser le record de 4,4 milliards de dollars établi par les incendies de 2009. En plus de plomber la confiance des consommateurs australiens, la catastrophe va augmenter la pollution de l'air et causer des dommages directs à des secteurs tels que l'agriculture et le tourisme.

Critiqué pour la lenteur de sa réponse depuis le début de cette crise, mais aussi pour son piètre bilan en matière de lutte contre le réchauffement climatique, le Premier ministre conservateur Scott Morrison s'est engagé à reverser sur deux ans deux milliards de dollars australiens (1,2 milliard d'euros) de rentrées fiscales dans un fonds national d'aide aux victimes des incendies.

Leïla Marchand

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