Réseaux sociaux: appui réservé aux candidates

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GenèveRéseaux sociaux: appui réservé aux candidates

Des cours de réseaux sociaux sont offerts aux candidates. Nulles? Non, pas assez présentes en politique.

Lucie Fehlbaum
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Lucie Fehlbaum
Les femmes et particulièrement les personnalités publiques sont plus touchées que les hommes par le harcèlement en ligne.

Les femmes et particulièrement les personnalités publiques sont plus touchées que les hommes par le harcèlement en ligne.

«Quel succès! Les participantes ont posé beaucoup de questions.» Colette Fry est ravie. La formation dispensée par le bureau de promotion de l'égalité (BPEV), qu'elle dirige, à destination des candidates aux prochaines municipales, a cartonné. Gratuite, elle a réuni 160 participantes. Et zéro participant. Car le cours «Gérer sa campagne électorale sur les réseaux sociaux», donné mardi soir, ne s'adressait pas à eux. «Notre but est l'égalité. Quand il y aura 68% de femmes et 32% d'hommes au Grand Conseil, nos formations s'adresseront à ces derniers.»

Exigence d'égalité

Apprendre à gérer sa présence en ligne, à répondre aux commentaires ou aux questions sous les posts... le programme peut sembler basique. L'Etat a-t-il pris les candidates pour des billes? «Non, assure Philippe Dunant, porte-parole du Département des ressources humaines, dont dépend le BPEV. L'objectif de cette formation est de donner aux candidates des conseils et outils afin de gérer au mieux leur présence sur les réseaux sociaux, compte tenu de l'importance grandissante de ces canaux dans le contexte d'une campagne électorale.»

C'est aussi une exigence légale qui pousse l'Etat à parer à la sous-représentation des femmes en politique. «En moyenne, on compte 35% d'élues dans les communes. Nous organisons notamment des formations ou des soirées de réseautages pour y remédier», précise Philippe Dunant.

Attaques intimes

Se rendre visible sur les réseaux, donc, mais aussi combattre les remarques déplacées, intimes, celles qui visent très largement les femmes. «Elles sont effectivement plus touchées que les hommes par le harcèlement en ligne, ce qui se révèle être également le cas pour les personnalités publiques», confirme le porte-parole.

L'idée, si elle séduit à gauche comme à droite, ne fait pas l'unanimité. Pour Albane Schlechten, candidate PS en Ville de Genève, il s'agit d'une excellente initiative. «On a toujours à apprendre en matière de communication digitale et malheureusement, de sensibilisation aux insultes. Les réponses sous les posts peuvent être très virulentes, avoir des armes pour les traiter ou non permet d'être moins affectée.» La candidate déplore que les reproches faits aux femmes concernent souvent le physique ou la personnalité. «On ne dira jamais à un homme de calmer ses nerfs ou de retourner à la cuisine.» Tatiana Knoll, son homologue UDC, trouve également le cours «génial. Nous sommes très seules pendant la campagne. Les hommes ont plus de facilité à recevoir des donations. Les femmes ont du mal à se faire une place.»

Paternalisme ringard

Mais pour la candidate PLR en Ville Michèle Roullet, séparer hommes et femmes est «une honte. Où allons-nous cesser? Lorsque nous n'aurons plus le droit de nous attabler ensemble ?» Tentée par le programme, la prétendante aux Municipales 2020 est tombée des nues face à la non-mixité. «C'est un relent d'un paternalisme du 19ème siècle où l'on prend les femmes par la main et où on les traite comme des bécasses.»

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