Tétraplégique, il se bat contre sa mutuelle en justice

Real Hutchinson mène un combat contre le système d'évaluation des mutualités

© RTBF - Monika Wachter

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Par Anaïs Stas

Ce vendredi après-midi débute devant le tribunal du travail de Wavre, le procès de Real Hutchinson contre sa mutuelle. Âgé de 37 ans, il vit à Louvain-la-Neuve. Depuis sa plus tendre enfance, il souffre d'une forme de tétraplégie causée par un manque d'oxygénation du cerveau durant une opération. Il n'avait que neuf mois.

"Dévalué" après un contrôle de sa mutuelle

Début 2017, Real H. reçoit une visite de contrôle d'une infirmière de la mutualité chrétienne. Au terme d'un contrôle qu'il juge expéditif "elle m'a juste regardé pendant 5 minutes. Elle est restée sur le pas-de-porte", explique Real Hutchinson, "elle a décrété que j'étais suffisamment autonome que pour marcher avec une tribune et sortir tout seul du lit". Conséquence immédiate et catastrophique pour Real Hutchinson, il a été "dévalué" par sa mutuelle. Il passe d'un forfait C, le forfait le plus élevé, au forfait A, le plus faible. Concrètement, les infirmiers qui passaient matin et soir ne sont plus tenus de venir, et le remboursement pour ses soins infirmiers passe de 45,49 euros à 17,26 euros.

Il se bat pour "récupérer ses droits et changer le système d'évaluation"

Après un recours contre sa mutuelle, Real Hutchinson a récupéré une partie de ses droits. Il remonte d'un échelon et passe au forfait intermédiaire. Les soins infirmiers sont légèrement mieux remboursés. Par contre, les infirmiers ne sont tenus qu'à une visite par jour.

"Si l'infirmier ne passe pas le soir, ça veut dire que je dois rester dans ma chaise toute la nuit. S'il ne vient pas au matin. Je dois rester au lit toute la journée", une situation intenable. "Heureusement, j'ai trouvé une équipe compréhensive qui passe plusieurs fois par jour. Par contre, niveau financier, les soins sont moins remboursés." Mais au-delà de son propre sort, Real Hutchinson veut faire modifier la méthode et l'échelle d'évaluation des mutuelles et de l'INAMI, pour toutes les personnes souffrant d'un handicap. "Dans notre société, qui prône plus d'autonomie de la personne handicapée, c'est impensable de laisser les gens dans une dépendance pareille."

Suite à la publication de cet article, la Mutualité chrétienne a exigé un droit de réponse. Elle assure à la RTBF qu'il "semble peu plausible que le contrôle effectué chez M. Real Hutchinson se soit effectué dans les conditions tels que décrites (...) Ce type de contrôles est effectué par des médecins et infirmières dûment mandatés et formés à cette tâche. S’ils dépendent bien d’une mutualité, c’est effectivement l’Inami qui organise leurs fonctions, en particulier leur activité de contrôle."

La Mutualité chrétienne précise également que les forfaits "sont directement versés aux infirmiers prestataires et non aux patients. Les catégories de forfait ne fixent qu’un nombre minimum de passages d’infirmier au domicile d’un patient en incapacité."

Néanmoins, ajoute la Mutualité chrétienne, "nous prenons bonne note que Monsieur Real Hutchinson entend mener son action en justice également pour faire évoluer le système d’évaluation de dépendance actuel. A ce propos, je signale qu’un travail est en cours autour d’un nouveau système d’évaluation : le Belrai. Vous pourrez trouver de plus amples informations à son sujet ici".

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