Il poignarde un barbu dans le bus par peur du terrorisme

L'homme qui avait agressé un passager sur la ligne reliant Argenteuil (Val-d'Oise) à Houilles a été condamné à deux ans de prison dont six mois avec sursis.

Patrick, 53 ans, dit avoir cru que sa victime, qui était assise et lui tournait le dos, allait lui tirer dessus.
Patrick, 53 ans, dit avoir cru que sa victime, qui était assise et lui tournait le dos, allait lui tirer dessus. LP/MAÏRAM GUISSÉ

    L'alcool mêlé à l'angoisse que provoque la menace terroriste, un homme de 53 ans comparaissait hier soir devant le tribunal correctionnel de Versailles. Vendredi après-midi à Houilles, il a poignardé un jeune voyageur dans un bus de la société TVO. Il a été condamné à deux ans de prison dont six mois avec sursis et a été écroué.

    Cet après-midi-là, Patrick, 53 ans, est dans le bus qui relie les gares routières d'Argenteuil (Val-d'Oise) et de Houilles avec un ami. Il est debout et se tient à la barre, lorsque des jeunes gens montent et l'un d'eux jure sur le Coran. Le quinquagénaire s'énerve et déclare qu'il en marre d'entendre ça. Un jeune homme barbu et vêtu d'un pantalon afghan l'interpelle et lui demande s'il a un problème avec l'islam, ajoutant qu'il est prêt à s'expliquer avec lui.

    Le jeune homme reste assis à sa place et lui tourne le dos. Patrick sort un de ses trois couteaux de sa poche droite, fonce sur le jeune homme et le frappe dans le dos. La lame s'enfonce dans la clavicule de la victime et passe à un centimètre de l'aorte. Le sang gicle. Les voyageurs s'interposent. Patrick lâche son couteau quelques secondes plus tard et la police l'arrête. Son ami dira qu'il avait un regard de haine.

    Une alcoolémie de 2 g/l de sang

    Dans le box des prévenus, le petit homme tente de s'expliquer. Il assure qu'il ne se souvient pas de l'action. « On vit dans une France anxiogène. Avec les soucis qu'on a sur le territoire, je croyais qu'il allait me tirer dessus. J'ai eu peur pour ma vie et l'alcool a sans doute amplifié les choses. » Et pour cause, son alcoolémie était de 1 mg/l d'air expiré, soit 2 g/l de sang. Au chômage et en dépression depuis la mort de ses parents, cet ancien cadre des Galeries Lafayette boit tous les jours.

    La victime n'a pas dit un mot. Mais son avocat, Me Yassine Yakouti, dénonce une agression raciste et rappelle que la femme de son client aurait pu devenir veuve vendredi. Ce père de deux enfants « a été agressé parce qu'il est musulman et à cause de son apparence. Son agresseur a déclaré combien il était influencé par les chaînes d'information qui le bassinent toute la journée avec ces gars-là ».