Ce n’est pas encore un fléau. Mais leur présence peu ragoûtante ne passe clairement pas inaperçue à Menton.
A la nuit tombée, les rats s’extirpent de leur nid et se faufilent furtivement pour se remplir la panse. "Quand je cours sur le bord de mer près du Bastion, ils gambadent près des poubelles. J’avoue avoir été un peu surprise d’en voir en plein centre-ville", confirme Sofia, une joggeuse mentonnaise, un brin dégoûtée par cette vision nocturne. Plusieurs commerçants du centre-ville confirment aussi en voir régulièrement "sur les plages près du musée Cocteau".
"Ils ont besoin de ronger"
"Le rat est devenu sociable, il ne se cache plus et n’a plus peur. Il s’adapte au temps, à l’humain et aux produits", analyse Anthony Malvault, gérant de SOS Envahisseurs 06 qui intervient – avant tout de façon préventive – dans les résidences et les commerces. Trois fois sur la zone piétonne, dernièrement. Avec notamment la pose de piège truffé d’un poison mortel pour les nuisibles.
Patrick Juaneda, directeur de Monaco 3D, est lui aussi intervenu à plusieurs reprises dans la vieille ville et près du marché des Halles. "Ce qui les attire, c’est la nourriture : céréales, ordures, déchets organiques… Ils ont besoin de ronger sinon leurs dents poussent et ils se brisent la mâchoire, explique-t-il. Ils sont aussi attirés par les ports et lorsqu’il y a des travaux, cela les fait fuir."
Allergiques aux vibrations, les rats auraient besoin de calme pour proliférer.
En mairie, on ne cherche pas à éclipser le phénomène. D’autant qu’en réalité aucune ville côtière n’échappe à cette présence débectante. Depuis le début de l’année, ce ne serait pas moins de 82 signalements faits auprès du service hygiène, santé et sécurité de la Ville.
"La majorité de ces appels concernaient le Bastion et le bas du Borrigo. La vieille ville, ce sont plutôt les insectes", nuance Marie-Laure Morgado. La responsable du service voit plusieurs raisons à la prolifération du nuisible: "Avec la loi Reach, les produits pour neutraliser les rats sont moins puissants. Il y a aussi le manque de civisme et le fait que les gens jettent leurs déchets et ne respectent pas leur environnement. C’est un vrai garde-manger pour les rats. Et puis, les travaux dénichent les rongeurs…"
Deux nouvelles machines
Deux fois dans l’année, ISS Hygiène et prévention, titulaire de la délégation de service publique dans ce domaine, effectue un traitement de dératisation "dans les vallons, les enrochements ainsi que dans les réseaux d’eaux usées et pluviales."
Ce même délégataire devrait bientôt installer deux appareils écologiques, Ekomille, aux deux points noirs de la cité. Avec une autonomie de 5.000 captures. "Il y aura de la nourriture pour les appâter. Les rats grimperont jusqu’à une trappe avant de tomber dans un bassin. On n’utilisera pas de produits chimiques", explique Marie-Laure Morgado.
De quoi freiner définitivement la prolifération?
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