« Ta gow là, c'est p'têtre une fille bien. Mais on préfère les tchoins tchoins tchoins » : ces mots, c’est Kaaris, rappeur français de 36 ans qui les prononce dans son dernier clip « Tchoin ». Une tchoin, c’est une fille vénale, une fille qui assume son sex-appeal, une fille facile, une prostituée si on en croit la définition même du mot qui vient de l’argot ivoirien. Dans ses interviews, Kaaris affirme qu’il ne s’agit que de « second degré ». Pause. Jusqu’à quand la femme va-t-elle servir de prétexte à toutes les outrances et les humiliations, sous couvert d’expression artistique ? 

capture écran clip kaaris

Une guéguerre machiste ?

On ne va pas refaire le débat une énième fois : la misogynie est l’un des thèmes forts dans le rap. Dans les clips, les filles dansent en tenue légère tandis qu’un rappeur lâche quelques phrases qu’on pourrait croire écrites par un ado de 14 ans sur son cahier de textes, en heure de perm’. Rien de bien original sauf que 2017 semble remettre au goût du jour le vulgaire. Booba, probablement l’un des rappeurs les plus populaires en France, a brandi le mot « tchoin » dans sa guéguerre avec le boxeur Patrice Quarteron. Entre eux, un échange d’insultes sur les réseaux sociaux et sur les plateaux de télévision. Les victimes ? La petite amie du premier et la mère du second avec en point culminant, Booba qui balance cette punchline dans son morceau « Daniel Sam » : « J'insulte pas les mères sauf celle de Patrice Quarteron la tchoin ».

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Dans leurs interviews, les rappeurs saluent tous l’abnégation de leurs mères, le respect qu’ils ont pour elles. Kaaris confiant même en décembre dernier au site « Iamdiva.com » : « J’ai quatre soeurs et j’ai été éduqué par ma mère, et dans l’ethnie maternelle (ziki, de Côte d’Ivoire), c’est la femme qui tient les rênes ». Mais alors au lieu de saluer cette éducation matriarcale, pourquoi insister tant pour écraser la femme à longueur de chansons ? Et les femmes de leurs vies, elles en pensent quoi ?