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Les pêcheurs de Tanmen, fer de lance de Pékin en mer de Chine méridionale

Choyés par Pékin, honorés par la visite du président Xi Jinping en 2013, l’île de Hainan et ses pêcheurs sont une pièce maîtresse de la stratégie chinoise pour le contrôle des archipels Paracel et Spratleys.

Par  (Tanmen, île de Hainan, Chine, envoyé spécial)

Publié le 13 janvier 2017 à 12h26, modifié le 13 janvier 2017 à 14h41

Temps de Lecture 10 min.

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C’est un ciel tourmenté par une queue de typhon, auquel il reste juste assez de force pour rincer le quai de l’estuaire d’ondées courtes et imprévisibles. Sur le port de Tanmen, nul n’en a cure. Les négociants s’activent, calculette en main. Les caisses de poissons sont déchargées des bateaux. « Depuis des générations, les pêcheurs de Tanmen vont dans les îles Xisha et Nansha », dit Lin Chunyan, une négociante, protégée de la pluie par le traditionnel chapeau de bambou aux larges bords.

Une famille de touristes chinois, en visite sur l'ile de Hainan, dîne  dans un restaurant de fruits de mer. Sur le mur, une carte montre les revendications maritimes chinoises et les récifs disputés.

Xisha et Nansha désignent, en chinois, les Paracel et les Spratleys, ces deux archipels de la mer de Chine méridionale dont Pékin conteste la souveraineté aux pays riverains d’Asie du Sud-Est. Tanmen est le port chinois le plus proche des Spratleys. Il est situé sur la côte orientale de l’île de Hainan, la plus grande île chinoise – de la taille de la Belgique – qui, tout au sud du pays, ferme le golfe du Tonkin, face au Vietnam. Les Spratleys sont devenues un enjeu géopolitique majeur, car les Chinois, qui contrôlent l’intégralité des Paracel depuis 1974, n’y occupent jusqu’à présent qu’une fraction des innombrables récifs et îlots qui composent l’archipel.

Face aux Philippins, aux Vietnamiens ou encore aux Taïwanais, qui se sont déjà appropriéun ou plusieurs îlots et revendiquent tout ou partie des Spratleys, la Chine de Xi Jinping n’a cessé d’avancer ses pions, titillant la patience des uns et des autres, dans une zone d’influence par ailleurs essentielle pour l’US Navy. L’état-major américain s’alarme ainsi d’un « contrôle opérationnel et tactique des voies maritimes et aériennes » par la Chine dans la région, selon les mots proférés en 2016 par l’amiral Harry Harris, commandant en chef des forces américaines dans le Pacifique.

Un visiteur très spécial

Sur l’île de Hainan, les pêcheurs de Tanmen ont accueilli en avril 2013 un visiteur très spécial : le numéro un chinois Xi Jinping, lui-même, alors tout juste désigné président. « J’étais super fière ! Pensez donc, l’empereur nous rendait visite ! s’exclame Lin, la négociante. Il était venu encourager les pêcheurs de Tanmen à aller aux îles Nansha [Spratleys] pour défendre les eaux territoriales chinoises. » M. Xi était monté à bord d’un chalutier impliqué, l’année précédente, dans un accrochage dans l’atoll de Scarborough (Huangyan Dao, pour les Chinois) entre des pêcheurs de Tanmen, qui y braconnaient des espèces rares, et la marine philippine.

Lors de cet épisode, la Chine avait envoyé ses garde-côtes prendre le contrôle de l’atoll, et n’en était plus repartie. Manille avait alors riposté en saisissant la cour d’arbitrage de La Haye (Pays-Bas) sur le droit maritime. Cette dernière lui a donné raison, confirmant, le 12 juillet 2016, les droits des pêcheurs philippins dans leurs zones de pêche traditionnelles – y compris quand celles-ci se trouvent en deçà des eaux territoriales d’un autre Etat. Le tribunal de La Haye n’est en effet pas habilité à se prononcer sur la souveraineté de l’atoll, que Chine et Philippines revendiquent toutes deux.

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