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Télécoms

Comment Michel Combes a été rejeté par le clan Altice

Le départ de Michel Combes de la direction générale d'Altice n'est qu'une demie surprise. Plusieurs signaux avant coureurs laissaient prévoir une séparation rapide.

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Michel Combes, le patron de SFR, lors d'une audition  à la commission des Affaires économiques de l'Assemblée nationale, à Paris, le 29 juin 2016

Le départ de Michel Combes, ultime épisode en date d'un feuilleton à multiples rebondissement, n'est qu'une demi surprise.

(c) Afp

Altice sait surprendre son monde. C'est un peu sa marque de fabrique. Au cours des dernières années, notamment depuis le rachat de SFR, en 2014, l'opérateur a démontré qu'il était capable de surgir et rebondir là où on ne l'attendait pas. La conquête américaine en est une bonne illustration. Le départ de Michel Combes, ultime épisode en date d'un feuilleton à multiples rebondissement, n'est en revanche qu'une demi surprise.

La publication des derniers résultats trimestriels du groupe de Patrick Drahi, très décevants, ont certainement accéléré la mise à l'écart du directeur général du groupe. La situation toujours préoccupante de SFR, dont Michel Combes avait directement la charge, rend les investisseurs de plus en plus nerveux. L'opérateur ne cesse de perdre des abonnés, trimestre après trimestre, et l'absence d'amélioration avait enclenché le départ de Michel Paulin, directeur général de SFR, proche de Michel Combes, au mois de septembre dernier, un peu plus d'un an après son arrivée. Plusieurs autres cadres de l'opérateur, mis en place par Combes ont également dû faire leurs cartons ces dernières semaines.

Ces limogeages en série ont été interprétés comme la conséquence de la reprise en main musclée de SFR, depuis quelques mois, par Armando Pereira, cofondateur et actionnaire d'Altice. Chasseur de coûts réputé, ce self-made man d'origine portugaise n'a jamais caché son dédain pour Michel Combes, qui a fait l'essentiel de sa carrière dans des grands groupes : Orange, Vodafone, Alcatel-Lucent... sans avoir jamais rien prouvé à ses yeux.

Le dîner du vendredi soir

Ce problème de légitimité a beaucoup pesé dans l'éviction du directeur général d'Altice, que Patrick Drahi a fait venir à ses côtés, il y a deux ans. Ce manager de 55 ans a eu du mal à trouver ses marques dans une organisation structurée autour d'hommes loyaux à l'extrême envers leur leader. « Si Patrick me demandait de vendre des chaussures, j'irais vendre des chaussures », s'amuse l'un d'entre eux, pour définir l'aura qu'exerce sur ses troupes le propriétaire d'Altice. Une grande partie de cette garde rapprochée l'a suivi à Genève où ils vivent toute la semaine au rythme imposé par le chef de clan et qui s'achève souvent le vendredi soir par un dîner entre semblable.

Michel Combes a lui aussi fait le voyage genevois. Mais son dévouement à l'homme et à sa cause a certainement trouvé ses limites : lui aussi nourrit depuis toujours de grandes ambitions pour sa personnes, au point de s'être parfois brûlé les ailes en voulant sauter les étapes, chez Vivendi, ou France Télécom. Son rôle à l'intérieur d'Altice est devenu plus flou au fil des mois. Chargé de construire les synergies entre les différentes filiales, il n'a jamais trouvé ses marques sur des territoires balisés par les lieutenants de Patrick Drahi et les hommes d'Armando Pereira.

Cette lente glissade s'est prolongée au moment où Alain Weill montait tranquillement en puissance en gagnant la confiance de Drahi et de son entourage. Son âme d'entrepreneur, sa force tranquille, son humilité autant que son efficacité ont facilité son intégration à l'intérieur du clan. Comme Challenges l'indiquait dès le mois de septembre, c'est donc lui qui prend les commandes des activités d'Altice en France. Une consécration qui laissait de toute façon encore moins d'espace à Michel Combes.

 

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