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Une génération d’enfants traumatisés à Mossoul

Confrontés aux violences de l’EI et aux combats, ils se reconstruisent grâce à des thérapies et à l’école.

Par  (Mossoul (Irak), envoyée spéciale)

Publié le 22 février 2017 à 11h32, modifié le 22 février 2017 à 12h00

Temps de Lecture 5 min.

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Un jeune Irakien du camp de réfugiés de Khazir, entre Mossoul et Erbil, le 1er février.

« C’était un après-midi, tout le quartier de Gogjali était rassemblé. Ils avaient appelé les habitants à venir voir. Des gens jetaient des pierres sur la femme en criant “Allahou akbar”. Son cerveau était éparpillé sur le sol. Ça m’a rendu malade pendant deux mois. Je n’arrivais plus à dormir. Je faisais des cauchemars : ils lapidaient ma mère en face de moi. » Sous une tente du camp de réfugiés d’Hassan Cham, à la lisière du Kurdistan irakien, Fahad, 12 ans, raconte avec détachement, sans ciller de ses grands yeux noirs, la première exécution à laquelle il a assisté pendant les deux ans et demi de règne de l’organisation Etat islamique (EI) à Mossoul. « Il est devenu somnambule. Il venait la nuit, attrapait mes vêtements et criait : “Ils sont là ! Ils sont venus pour nous !” », poursuit sa mère, Nihat, une femme de 28 ans, enceinte de son huitième enfant.

Trois mois après la conquête de la province de Ninive par les djihadistes, en juin 2014, cette famille de Khazir avait été emmenée par l’EI à Gogjali. Elle y a vécu au milieu de familles ralliées à l’EI et des combattants. Nihat a fini par empêcher ses enfants de sortir de la maison de peur qu’ils soient châtiés ou embrigadés.

« Ils emmenaient de force les enfants à la mosquée, explique Fahad. Ils ont essayé avec moi, mais je me suis enfui. J’avais peur qu’ils me fouettent car je n’allais pas prier. Mon ami a été fouetté soixante-dix fois pour ça. Il avait 15 ans, il est parti avec eux. Ils ont réussi à emmener beaucoup d’enfants. Ils les emmenaient en minibus aux entraînements. Ils apprenaient à monter et à démonter des armes. Ils leur retournaient le cerveau à l’école. Ils leurs donnaient des pilules. »

Les enfants sont pris en charge dans le camp de réfugiés de Khazir, en Irak, le 1er février.

Certains ne parlent plus

La thérapie que le jeune garçon suit avec les travailleurs sociaux et les psychologues de l’ONG Terre des hommes a eu des effets bénéfiques. « Je commence à oublier. Mais je ne veux plus retourner à Gogjali », dit-il. Le programme lancé par l’organisation humanitaire en novembre 2016, avec le soutien de l’Unicef, prend en charge 600 enfants, âgés de 4 à 17 ans, souffrant de traumatismes liés aux violences perpétrées par l’Etat islamique et aux combats qui font rage à Mossoul depuis octobre 2016. « Les cas les plus fréquents sont des troubles de stress post-traumatiques : des enfants incontinents ou qui ne parlent plus, d’autres ont des flash-back ou font des cauchemars sur les exécutions », explique Berivan, 26 ans, l’une des deux psychologues de Terre des hommes.

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