Stanislas Dehaene et la révolution des sciences cognitives

Exemple

 


Stanislas Dehaene, pionnier des sciences cognitives en France

 

Stanislas Dehaene est né dans le Nord de la France en 1965. Diplômé de l’Ecole Normale Supérieure, il est actuellement titulaire de la chaire de psychologie cognitive expérimentale au Collège de France. Il est également membre de l’Académie des Sciences depuis 2005.

 

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Stanislas Dehaene est un des pionniers de la compréhension des mécanismes de l’apprentissage fondée sur les sciences cognitives en France.

Ses travaux, dont Agir pour l’école s’inspire pour créer et mettre en œuvre ses méthodes d’apprentissage de la lecture, sont compilés dans divers ouvrages qu’il a publiés ces dernières années : « Les neurones de la lecture » et « Apprendre à lire ».

 

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Dans un article pour la Paris Tech Review, le chercheur nous apprend que « la remarquable plasticité du cerveau humain le rend habile, à tout âge, à apprendre. Encore faut-il savoir en tirer parti. C’est ici que les neurosciences ont leur mot à dire ». Les neurosciences (ou sciences cognitives) ont en effet amélioré notre compréhension du fonctionnement du cerveau humain et des mécanismes de l’apprentissage.

Grâce à la technologie de l’IRM – « Imagerie par Résonance Magnétique » – Stanislas Dehaene a montré la formidable « plasticité cérébrale » des êtres humains. Selon lui, « c’est précisément ce qui nous permet d’apprendre. Cette plasticité, on doit la comprendre comme une remarquable capacité à recycler des circuits présents dès l’origine. »

 


Les 4 piliers de l’apprentissage

 

Le chercheur recense, à partir de ses propres travaux et des progrès récents des sciences cognitives, « quatre facteurs principaux de réussite d’un apprentissage ».

Le premier est l’attention. « L’attention est le mécanisme de filtrage qui nous permet de sélectionner une information et d’en moduler le traitement ». Pour l’enseignant, il faut  savoir canaliser l’attention de celle ou celui qui apprend.

Le deuxième pilier est « l’engagement actif ». « L’enseignant ne peut mobiliser que si l’enfant ou apprenant se mobilisent ». L’engagement actif recoupe également la soumission à des tests – de savoirs, comme de savoir-faire – qui seront autant de jalons dans la mobilisation des enfants et des apprenants.

Le troisième facteur de réussite d’un apprentissage est le retour d’information (le « feedback », en anglais). Ce facteur est central puisqu’il permet de souligner l’importance de l’erreur. En effet, « le cortex est une sorte de machine à générer des prédictions et à intégrer les erreurs de prédictions : il lance une prédiction, reçoit en retour des informations sensorielles, et une comparaison se fait entre les deux ». L’erreur est un retour d’information qui permet d’aboutir à une prédiction plus précise et plus adaptée : l’erreur représente donc une condition de l’apprentissage !

Le 4ème facteur est la répétition pour la consolidation des acquis. L’exemple de l’apprentissage de la lecture est particulièrement éclairant. « L’enfant au début doit justement retenir consciemment chacune des correspondances entre les lettres et les sons, et les appliquer une par une. La répétition, ainsi qu’une bonne nuit de sommeil, permet de consolider et d’automatiser les apprentissages, au premier chef, l’apprentissage de la lecture.

 


 Et la lecture ?

 

Comment le cerveau fonctionne-t-il pour l’apprentissage de la lecture ? S. Dehaene utilise la métaphore informatique pour l’expliquer.

« La zone de la lecture recycle un ‘algorithme’ préexistant, celui de la reconnaissance des visages : à l’IRM [l’imagerie à résonance magnétique], on voit nettement la même zone s’activer. D’une reconnaissance des visages elle passe à une reconnaissance des lettres et des mots ». La plasticité du cerveau réside dans sa capacité à ré-agencer ses « algorithmes », présents dans le cerveau de chaque être humain dès la naissance.

Les travaux de Stanislas Dehaene aboutissent, en matière d’apprentissage de la lecture, à une conclusion claire : « la ‘méthode globale’ d’apprentissage de la lecture est condamnée à ne pas bien fonctionner ».

C’est l’apprentissage des « composantes autonomes, associations de graphèmes et de phonèmes » qui permettent au cerveau d’automatiser la cognition petit à petit pour aboutir à la lecture de mots entiers.

 

Dès lors, les conditions du « petit miracle » de la lecture sont réunies.