Assassinat du juge Michel : le commanditaire libéré après un demi-aveu

Le commanditaire de l'assassinat du juge Pierre Michel en 1981, François Girard, a obtenu une libération conditionnelle pour des raisons médicales jeudi. 

Archives. François Girard, le 27 janvier 2004 au tribunal de grande instance de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône.
Archives. François Girard, le 27 janvier 2004 au tribunal de grande instance de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône. BORIS HORVAT / AFP

    Il n'avait jamais reconnu les faits. ​​​​​​Après avoir dit « qu'il était informé du projet », François Girard, 68 ans, commanditaire de l'assassinat du juge Pierre Michel, va quitter la maison centrale de Moulins-Yzeure dans l'Allier. La décision de la chambre de l'application des peines de la cour d'appel de Riom lui a accordé jeudi une libération conditionnelle pour raisons médicales, comme l'a révélé La Provence.

    Membre du milieu marseillais impliqué dans les trafics d'héroïne à destination des Etats-Unis à la fin des années 1970, François Girard avait été condamné le 30 juin 1988 par la cour d'assises des Bouches-du-Rhône à la réclusion criminelle à perpétuité assortie d'une mesure de sûreté de dix-huit ans pour avoir commandité depuis sa cellule l'assassinat, le 21 octobre 1981, du juge d'instruction marseillais.

    Il est atteint d'une pathologie cardiaque


    François Girard n'avait jamais reconnu les faits. Devant la cour d'appel de Riom, en janvier, il affichait « une position ambiguë » persistant à contester avoir commandité cet assassinat. « Il reconnaît qu'il était informé du projet et admet que sa condamnation était légitime compte-tenu de son parcours de vie », précise cependant la chambre de l'application des peines dans son arrêt.

    François Girard sera placé sous surveillance électronique durant une année et devra résider chez une cousine éloignée demeurant en Gironde. Sa libération - à laquelle était opposé le parquet de Moulins et la commission pluridisciplinaire des mesures de sûreté de Lyon - a été décidée en raison d'un état de santé très dégradé. Atteint d'une pathologie cardiaque grave nécessitant une prise en charge en réadaptation cardio-vasculaire, un médecin a attesté d'une « espérance de vie réduite à court terme ».


    Déjà libéré, mais condamné pour trafic


    « Il est rentré la première fois aux Baumettes à l'âge de 13 ans sous le premier mandat de Charles de Gaulle, indique son avocat Me Jean-Jacques Campana. Il a purgé 33 années de prison au total et il fallait lui permettre de se soigner dans des conditions que la détention n'autorise pas ».

    En 2005, la cour d'appel de Paris avait déjà suspendu sa peine pour des raisons médicales mais, libéré le 14 mai 2005, François Girard n'avait pas respecté l'interdiction de paraître dans les Bouches-du-Rhône. Il était même incarcéré à nouveau le 28 août 2009 pour son implication dans une association de malfaiteurs en lien avec un trafic de cocaïne, ce qui lui vaudra une nouvelle condamnation à dix ans de prison, en 2011.

    La famille du juge Michel, consultée par les magistrats, a fait connaître son opposition à cette libération conditionnelle. « Il avait 57 ans en 2005 alors qu'il en a aujourd'hui 68, se justifient les magistrats de l'application des peines. Son âge et son état de santé très dégradé limitent considérablement ses possibilités d'action ». Il a interdiction d'entrer en contact avec François Checchi et Charles Altiéri, les assassins du juge Michel, tous les deux placés sous libération conditionnelle en septembre 2015. Il devra également s'abstenir d'écrire ou d'intervenir publiquement sur cet assassinat.