Encalminé depuis plusieurs semaines pour des raisons politiques, le changement de propriétaire des derniers grands chantiers navals français, à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique), semble en voie de se débloquer.
Un compromis se dessine pour que ce site historique passe comme prévu sous contrôle italien, mais sans que le repreneur désigné, le leader européen Fincantieri, dispose à lui seul de la majorité du capital. D’abord très réticents, les dirigeants italiens ont récemment accepté d’étudier ce compromis proposé par la France. Depuis peu, les discussions s’accélèrent. L’affaire doit aller vite : « François Hollande tient à boucler avant la fin de son mandat ce dossier très sensible », indique un proche.
Selon le schéma envisagé, Fincantieri se contenterait d’une majorité relative, de l’ordre de 45 % à 49 %. L’Italie aurait néanmoins le contrôle, grâce à la présence d’un ou de plusieurs partenaires de Fincantieri qui prendraient autour de 10 %. Le reste des titres pourrait se partager entre l’Etat français, qui conserverait ses 33 % actuels, et le groupe militaire public DCNS, qui obtiendrait 10 % ou un peu plus. Le capital des chantiers serait ainsi scindé entre un bloc italien majoritaire et un bloc français minoritaire, mais sans qu’aucun actionnaire ait plus de 50 %. Pour Paris, il s’agit de diviser le capital pour empêcher Fincantieri de régner de façon absolue.
Menace
Cette version industrielle de la fameuse « synthèse » chère à François Hollande est loin, toutefois, de susciter l’unanimité. « Que le bloc italien soit réparti entre deux mains n’y change rien, peste le banquier d’affaires Philippe Villin, qui cherche à faire émerger une autre solution. Donner le contrôle d’une telle entreprise aux Italiens est inacceptable à deux mois de l’alternance ! »
Dans l’immédiat, une première étape est attendue ces prochains jours : la signature à Séoul, en Corée, des accords définitifs pour la reprise de STX France, la filiale du conglomérat sud-coréen actuel propriétaire du site de Saint-Nazaire.
Le 3 janvier, le tribunal de commerce du district central de Séoul, chargé de gérer la faillite du groupe STX, avait retenu la seule offre déposée pour les actifs français, celle du constructeur italien de navires Fincantieri. Deux mois plus tard, celui-ci s’apprête à transférer les fonds (moins de 80 millions d’euros, selon des sources concordantes) et à devenir officiellement propriétaire des 67 % de STX France mis aux enchères.
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