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Luc, électeur de gauche: "si c'est Fillon-Le Pen au 2e tour, je ne ferai pas barrage au FN comme en 2002"

En 2002, Jacques Chirac avait battu Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle (82,21% contre 17,79%).

En 2002, Jacques Chirac avait battu Jean-Marie Le Pen au second tour de la présidentielle (82,21% contre 17,79%). - Pascal Pavani - AFP

Il y a un scénario que les électeurs de gauche redoutent pour cette présidentielle: un second tour François Fillon – Marine Le Pen le 7 mai. Ces électeurs feront-ils comme le 21 avril 2002, il y a tout juste 15 ans, et voteront-ils pour le candidat de la droite pour contrer celle du Front National? Non, répond Luc, électeur de gauche, qui prévient: cette fois, pas de front républicain.

Luc a 42 ans, il travaille dans le marketing à Paris. Il a toujours voté à gauche lors des précédentes présidentielles (Lionel Jospin en 2002, Ségolène Royal en 2007, Jean-Luc Mélenchon puis François Hollande en 2012), sauf en 2002, où il avait voté pour Jacques Chirac au second tour de la présidentielle de 2002, pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen.

"J'ai une crainte: que François Fillon et Marine Le Pen s'affrontent au second tour de la présidentielle. Je crains que l'attaque terroriste (jeudi soir) sur les Champs-Elysées ne fasse émerger ce scénario que je redoute. Avec notamment des électeurs de droite, qui ne pensaient pas voter pour Fillon, et qui finalement, devant cette situation, se disent: 'je rentre au bercail'. Dans ce cas, je ne participerai pas au front républicain, je m'abstiendrai.

En 2002, j'avais voté pour Jacques Chirac sans états d'âme pour faire barrage à Jean-Marie Le Pen, mais aujourd'hui, si la gauche n'est pas présente au second tour, je ne voterai pas contre Marine Le Pen. Chirac appartenait à la droite gaullienne classique, et ses idées ne me choquaient pas même si je n'y adhérais pas. Alors que Fillon…

"En 2002, j'avais voté Chirac sans états d'âme"

Compte tenu de la dureté de son programme, du fait qu'il a perdu toute crédibilité à cause des affaires, François Fillon va se retrouver avec une forte mobilisation populaire contre lui durant son mandat. Dès qu'il va vouloir réformer, il va se retrouver face à une levée de bouclier, on lui rappellera toujours les affaires (mis en examen, il est toujours présumé innocent, NDLR). Ça va être le bazar permanent. A tel point qu'en 2022, le Front national l'emporterait cette fois haut-la-main.

Alors que si Marine Le Pen passait maintenant, compte tenu de notre système électoral pour les législatives, elle ne pourrait pas disposer d'une majorité suffisante à l'Assemblée nationale pour appliquer son programme. Du coup, je me dis que le meilleur moyen de stopper réellement l'inexorable montée du FN, ce serait de montrer que, finalement, ils ne peuvent tenir aucune de leurs promesses une fois aux commandes.

"Ça fait 25 ans qu'on parle du front républicain, et pourtant le FN monte"

Je suis mal à l'aise à l'idée de ne pas voter contre Marine Le Pen qui représente l'extrême-droite, mais je suis aussi mal à l'aise de me dire que je vais donner carte blanche à un type qui va proposer une grosse casse sociale.

Ça fait 25 ans qu'on parle du front républicain, mais cela n'empêche pas le FN d'arriver au pouvoir. Et plus le FN monte, plus les Républicains se durcissent pour aller récupérer les électeurs du Front national. Donc si Fillon passe contre elle au second tour et qu'elle fait un score important, ils vont se sentir obligés de muscler encore leur discours. Il y en a assez."

Propos recueillis par Philippe Gril