L'école n'est pas une entreprise. Le néolibéralisme à l'assaut de l'enseignement public

Par Christian Ed La Découverte, 2003, 336 p., 20 euros

Fruit d’un travail d’enquête approfondi et assis sur une bonne connaissance de l’institution scolaire, ce livre analyse comment le néolibéralisme s’attaque à l’école. Concurrence, régulation par la demande, consumérisme scolaire, gestion entrepreneuriale, pénétration des intérêts privés : les symptômes sont multiples. L’ouvrage décrit ces évolutions en France, comme à l’étranger, et montre avec justesse comment ce qui est présenté comme un remède à la " crise " de l’école a pour effet d’aggraver le mal, et notamment les inégalités ou l’inadéquation des formations aux besoins sociaux.

L’ouvrage est nuancé : ces évolutions ne résultent pas simplement d’un complot des élites contre une école qui n’aurait rien à se reprocher. Il met en outre en lumière les contradictions du système en rappelant que l’intérêt supérieur du capitalisme serait de maintenir l’institution scolaire hors de la sphère marchande. Les réponses à apporter restent cependant incertaines, faute d’analyser à fond le terreau sur lequel prospèrent ces dérives. Car la demande de modernisation n’est pas nécessairement le véhicule du néolibéralisme. Elle peut aussi traduire un républicanisme refondé, libre de toute nostalgie à l’égard d’un passé mythifié.

Le chômage de masse et le rôle croissant du diplôme dans l’insertion professionnelle ont modifié le rapport des différents groupes sociaux à l’institution. Dans cette perspective, le consumérisme est une réaction au pouvoir croissant de l’école, alors même que l’autorité des enseignants est déclinante. D’où la nécessité d’opposer un projet permettant de répondre aux aspirations des classes moyennes et populaires.

Et sur ce plan, s’il est utile de dénoncer le néolibéralisme, il faut aussi s’opposer à la sainte alliance des enseignants élitistes et des ministres soucieux d’économies, unis pour mettre à mort le collège unique. De même, on ne s’opposera pas au management décentralisé sans proposer une alternative au mélange de laxisme et de bureaucratie qui règne aujourd’hui.

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