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Financer le numérique par le crédit reste un casse-tête

¤ Les banques ont du mal à financer les projets numériques de leurs clients. ¤ L'Observatoire du financement des entreprises se penche sur le sujet.

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Par Édouard Lederer

Publié le 21 juin 2017 à 01:01

A nouvelle économie, nouveaux financements. Les entreprises - de petite taille jusqu'aux grands groupes - s'adaptent à l'économie numérique, ce qui suppose d'engager des frais plus ou moins lourds. Mais les modes de financement habituels - par crédit, comme par fonds propres - ne répondent pas forcément à ces nouveaux besoins, a expliqué mardi le médiateur national du crédit, Fabrice Pesin, lors des Rencontres Entreprises d'Option Finance. L' Observatoire du financement des entreprises, qu'il préside, s'est emparé du sujet et doit publier prochainement un rapport, dont les grandes lignes ont été esquissées lors de cette conférence.

Premier constat, les investissements dans le numérique ne sont pas forcément toujours très lourds, et peuvent pour partie s'autofinancer. « Pour un artisan, il peut simplement s'agir d'investir dans une solution de paiement, d'organiser sa présence sur les réseaux sociaux ou de se brancher sur une plate-forme d'e-commerce », souligne Fabrice Pesin. Mais de l'autre côté du spectre, certains projets de transformations sont plus ambitieux et donc... plus risqués. « La transformation numérique est souvent immatérielle. Or les banques demandent bien souvent des prises de garantie matérielles pour sécuriser leur prêt », souligne le médiateur. Elles auront donc du mal à accompagner leur client sur les investissements numériques, et, à l'inverse, financeront sans difficulté l'achat d'un immeuble, d'une machine-outil ou d'un véhicule utilitaire. La deuxième difficulté est d'ordre comptable. En vertu des normes françaises, « l'immatériel va être classé dans les charges et n'apparaîtra pas au bilan », déplore Fabrice Pesin, ce qui nuit à l'examen de la solidité financière de l'entreprise, et constituera un nouveau frein au financement.

Une logique sectorielle

Autre problème, l'emprunteur lui-même aura du mal à calibrer le montant de l'investissement. Pour une bonne raison : en engageant sa transformation numérique, un acteur industriel va voir son modèle se déplacer vers les services et l'innovation, avec des structures de coûts qui vont elles aussi évoluer. Prenant l'exemple d'une PME spécialisée dans les écrans d'informations aux voyageurs dans les gares, « l'entreprise devra recruter davantage de développeurs que l'on ne pourra pas attirer sur des sites de fabrication industriels », mais plutôt dans de nouveaux locaux - a priori plus coûteux - situés en centre-ville, indique Fabrice Pesin. Enfin, démontrer la rentabilité du projet - autre condition pour emporter l'adhésion de la banque ou d'un investisseur - n'a rien d'évident non plus.

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Pour progresser, le médiateur avance plusieurs pistes, dont notamment une approche par filière : l'évolution numérique d'un sous-traitant ne serait plus un cas isolé, mais prendrait place dans une logique sectorielle. Autre piste, du côté de l'expertise comptable, parvenir à mieux valoriser le patrimoine immatériel des entreprises. Enfin, les banques auraient à se réorganiser pour s'acculturer au numérique - pas seulement aux start-up, mais bien à l'ensemble des besoins types pour une entreprise plus traditionnelle.

Edouard Lederer

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