Reconquérir notre souveraineté numérique
La French Tech existait avant d'être nommée. Mais ce label, que j'ai créé en 2013 lorsque j'étais ministre en charge des PME, de l'Innovation et de l'Economie numérique, est désormais connu dans le monde entier. Dans les tours de table, je croise de plus en plus d'investisseurs internationaux. Quelle image ont-ils de nous ? Un système d'enseignement qui forme des ingénieurs prisés dans le monde entier; une très grande créativité qui se manifeste dans nos industries culturelles, mais aussi dans la recherche; une fiscalité de l'innovation attractive grâce au Crédit impôt recherche. Enfin, une qualité de vie qui est parfois le détail décisif.
L'écosystème, incarné par des lieux comme le Cargo, le Numa ou bientôt Station F, est donc désormais en place pour permettre l'épanouissement en France d'une myriade de start-up. Il doit nous permettre d'affronter les défis de la numérisation de la société. Selon moi, l'un des principaux enjeux est la reconquête de notre souveraineté numérique par la maîtrise de l'intelligence artificielle (IA). Comme l'a exposé Laurent Alexandre devant le Sénat, l'emploi de demain devra être complémentaire de l'IA. Citant Yann Le Cun, l'un de nos grands chercheurs en la matière, il nous rappelle qu'elle pourra quasiment remplacer des métiers très qualifiés, comme radiologue ou cardiologue, d'ici à 2030.
Or, de quoi l'IA a-t-elle besoin pour raisonner ? De nos données. Aujourd'hui, nous les offrons gratuitement aux Gafa. Demain aux BATX. Grâce aux rentes de situation que ces entreprises tirent de leur segment historique, elles conquièrent de nouveaux marchés dans lesquels elles se rendent incontournables : voiture autonome, santé, commerce... Il est donc urgent de reprendre la main sur notre avenir et faire émerger des licornes françaises et européennes dans les secteurs de l'IA. C'est ce que, à la tête de Korelya Capital, je m'emploie à faire.
Fleur Pellerin