Tous les feux, ou presque, sont au vert. La Bretagne est sur la voie d'une croissance solide. Dans les entreprises, les carnets de commandes sont bien garnis. Revers de la médaille, les difficultés à recruter se font déjà sentir. Demeure aussi une inconnue : les effets de la rentrée sociale sur la reprise économique.
« La reprise, elle est là. » En s'exprimant de la sorte en juillet 2013, puis en mars 2015, devant les caméras, François Hollande avait suscité moqueries et sarcasmes. En effet, le contexte économique de l'époque et le fort taux de chômage poussaient plus au scepticisme qu'à l'euphorie.
Deux ans après - un temps très court en économie mais une éternité en politique -, Emmanuel Macron pourrait reprendre les mots de l'ancien chef de l'État sans, cette fois-ci, craindre les quolibets. Une croissance française de 1,1 % en 2016, des prévisions convergeant vers 1,6 % minimum pour 2017. Cette fois-ci, la reprise est bien là.
« Et les entreprises bretonnes sont évidemment dans cette tendance. Il y a une accélération de leur activité », confirme Jean-Pascal Prevet, directeur régional de la Banque de France. Signe le plus encourageant, selon la dernière enquête de la banque centrale, qui date de juillet, le climat des affaires dans l'industrie bretonne est positif. « On n'a pas connu cela depuis 2011, commente le directeur. On est dans une tendance haussière et les entreprises nous font part de carnets de commandes extrêmement garnis. »
Même topo du côté des services aux entreprises ou encore du bâtiment, avec des chantiers tous azimuts. Seuls les travaux publics et le commerce de proximité semblent encore coincés dans les starting-blocks.
Autre signe qui ne trompe pas, les banques bretonnes enregistrent beaucoup plus de demandes de crédits d'investissements émanant des industriels. C'est encourageant pour les mois qui viennent, même si « c'est l'investissement des ménages, avec un secteur de l'immobilier dynamique, qui tirera la croissance en 2017 », commente Jean-Pascal Prevet.
Ces bonnes nouvelles devraient se répercuter sur l'emploi. Ce qui n'est pas sans poser de problèmes aux entreprises qui ont parfois du mal à trouver les salariés qualifiés.
« J'ai en tête une PME industrielle qui a beaucoup de commandes mais qui est en retard dans ses délais car elle n'arrive pas à trouver de poseurs », confie Stéphane Kerdat, président de l'Ordre des experts-comptables de Bretagne. Prudents et méfiants à l'égard des politiques, certains chefs d'entreprise veulent aussi prendre le temps, et attendre de voir ce que va donner la réforme du code du travail avant de recruter.
« Les chefs d'entreprise sont dans l'attente de la rentrée. Il y a eu une espèce de bulle d'optimisme après l'élection présidentielle, mais le flottement politique qui a suivi a eu un effet sur la confiance », souligne Stéphane Kerdat. « L'impatience est telle que tout le monde veut des décisions rapides, analyse, pour sa part, Joël Chéritel, président du Medef Bretagne. Mais on n'a jamais été aussi près du dénouement. »
D'ici à quelques jours, le gouvernement va en effet dévoiler ses mesures concrètes pour assouplir le code du travail. « Le temps de la critique ou de l'approbation viendra alors », poursuit le patron des patrons bretons.
Le chef d'entreprise craint-il une rentrée sociale agitée qui viendrait casser la dynamique engagée depuis plusieurs mois ?
« Bien sûr qu'ils vont manifester. Mais contrairement à ce qui s'était passé avec la loi El Khomri, on a là un gouvernement qui va appliquer des mesures qu'il a annoncées avant. Quelques milliers de manifestants n'empêcheront pas des réformes nécessaires à la France », veut croire Joël Chéritel. Confirmation ou non dans les prochaines semaines.