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Arthropodes

Des traces de néonicotinoïdes dans 75 % des miels du monde entier

Des traces de pesticides de la classe des néonicotinoïdes ont été découvertes dans les miels du monde entier. Le nectar a donc été contaminés, et les abeilles qui l'ont prélevé également.

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Abeille et fleur d'abricotier

Nombreuses sont les abeilles qui butinent des fleurs contaminées par des néonicotinoïdes.

© AUSLOOS/SIPA

Des traces de néonicotinoïdes ont été détectées dans la majorité des miels produits dans le monde entier, suscitant encore plus d'inquiétude pour la survie des abeilles. Celles-ci ont donc butiné des fleurs contaminées par ces pesticides, apparus au milieu des années 1990. Or ces substances sont neurotoxiques : elles s'attaquent au système nerveux des insectes.

Des concentrations non toxiques pour l'homme

En analysant 198 échantillons de miel produits sur toute la planète, des scientifiques suisses ont relevé au minimum 1 composé sur les 5 testés (acétamipride, clothianidine, imidaclopride, thiaclopride, et thiaméthoxame) dans 75 % des échantillons. 45 % contenaient plus de 2 composés toxiques et 10 %, 4 ou 5. La fréquence de contamination la plus élevée a concerné les miels d'Amérique du Nord (89%), devant l'Asie (80%) et l'Europe (79%). L'Amérique du Sud a présenté la plus faible (57%). Les scientifiques affirment que les concentrations détectées ne traduisent pas un risque pour l'homme. Elles sont en effet inférieures au plafond autorisé par l'Union Européenne qui est de 50 ng/g pour l'acétamipride, l'imidaclopride et le thiaclopride et de 10 ng/g pour la clothianidine et le thiaméthoxame. 

Le monde scientifique réagit à cette étude

"Ces découvertes sont alarmantes", a estimé Chris Connolly, un expert en neurobiologie de l'université de Dundee qui n'a pas participé à l'étude. "Les niveaux relevés sont suffisants pour affecter les fonctions cérébrales des abeilles et pourraient entraver leur habilité à trouver de la nourriture et à polliniser nos cultures et notre végétation", a-t-il mis en garde. Il a néanmoins tenu à rappeler que les échantillons collectés en Europe dans le cadre de l'étude l'avaient en grande majorité été avant l'entrée en vigueur de l'interdiction de certains de ces pesticides.

"Les niveaux relevés (jusqu'à 56 ng/g) se trouvent dans la fourchette bioactive ayant montré que cela affectait le comportement des abeilles et la santé des colonies", a commenté Jonathan Storkey, spécialiste des végétaux, qui n'a pas non plus participé à l'étude. "Des scientifiques ont prouvé cette année que des niveaux inférieurs à 9 ng/g réduisaient la capacité reproductive des abeilles sauvages", a-t-il souligné. Et, selon lui, "l'accumulation des pesticides dans l'environnement et les concentrations retrouvées dans les ruches représentent une grave préoccupation environnementale et va probablement contribuer au déclin des pollinisateurs".

Pour Felix Wackers, professeur à l'université de Lancaster, les niveaux d'exposition aux pesticides nocifs pourraient être bien supérieurs à ce qui peut être quantifié dans le miel. Cette étude "montre que les abeilles mellifères sont communément exposées à ce type de pesticides quand elles butinent du nectar contaminé aux néonicotinoïdes sur des cultures traitées ou des fleurs ayant été en contact avec des nuages d'épandage ou des résidus au sol", a-t-il relevé.

Les néonicotinoïdes, acteurs majeurs du déclin des abeilles

Les néonicotinoïdes ont été qualifiés de facteur essentiel au déclin mondial des abeilles. Les Nations unies ont prévenu en 2016 que 40 % des invertébrés pollinisateurs - en particulier abeilles et papillons - risquaient une extinction à l'échelle mondiale.

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