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Le marché des musiques actuelles s’ouvre sur fond d’inquiétudes

Le Mama se tient à Paris du 18 au 20 octobre. La concentration du secteur entre quelques grands acteurs internationaux est au cœur des préoccupations des professionnels.

Par Martine Robert

Publié le 17 oct. 2017 à 10:30

Hasard du calendrier, la nouvelle U Arena de Nanterre, inaugurée ce lundi, donnera jeudi son premier concert avec les Rolling Stones, la semaine où se tient à Paris, du 18 au 20 octobre, le marché des musiques actuelles, le Mama. Ce rendez-vous annuel des professionnels de l’industrie musicale sera sans doute le reflet des inquiétudes du secteur comme de ses espoirs, grâce notamment à la présence de 50 jeunes pousses.

Bataille de géants

Cette année, l’un des sujets majeurs pour les 5.300 visiteurs attendus ces trois jours est celui de la concentration des principaux acteurs. Il sera au cœur de deux tables rondes, sur les 80 conférences et débats organisés, autour d’intervenants nationaux et internationaux. De fait, la multiplication récente des salles géantes (arenas de Nanterre, Bordeaux, Aix-en-Provence…) offre de nouveaux terrains de jeux aux poids lourds tels AEG, Fimalac, Lagardère, Live Nation et autres Vivendi.

« Il y a une accélération de la concentration, et la bataille à laquelle les géants se livrent autour des festivals n’est que la partie émergée de l’iceberg », estime Franck Michaut, directeur du RIF, le réseau des musiques actuelles en Ile-de-France. Elle s’est illustrée en mars dernier par la vente de Rock en Seine , convoité par Live Nation et finalement cédé à l’homme d’affaires Matthieu Pigasse, partenaire de l’autre multinationale américaine, AEG.

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Stratégies à 360 degrés

En France, Live Nation, détenue par des fonds d’investissement américains, est déjà très présente, avec quatre festivals, un gros tourneur Nous Productions, de nombreux artistes français en complément de ses stars mondiales (Madonna, U2, Lady Gaga, Jay Z…), et un accord avec Pascal Nègre, l’ancien patron d’Universal Music, pour une activité d’agent d’artistes. Au Royaume-Uni, la firme a déjà 23 % du marché des festivals selon l’AIF (Association of independant Festivals) qui l’accuse d’imposer à ses artistes des clauses d’exclusivité.

« Ce mouvement de concentration a un impact global sur les territoires, pas seulement à Paris », poursuit Franck Michaut. Ainsi Fimalac , qui a acheté des producteurs comme Coullier, Auguri, Thierry Suc, gère près d’une centaine de grosses salles dans l’Hexagone, dont Pleyel et plusieurs Zénith, et a fait son entrée dans les festivals avec Miala. « On n’a pas tout vu », renchérit Gilles Castagnac, directeur de l’IRMA, centre d’information et de ressource sur les musiques actuelles. Il décrit des « stratégies à 360 degrés bousculant l’écosystème, et de nouveaux terrains d’affrontement comme la billetterie qui permet de capter les données clients, et les évolutions technologiques, comme la réalité virtuelle ou les captations audiovisuelles ».

Intégration verticale

Et les exemples ne manquent pas : Live Nation détient ainsi Ticketmaster et Tickenet ; Vivendi, propriétaire de l’Olympia et de quelques festivals, possède Digitick ; Fimalac contrôle 50 % de Kyro, filiale de France Billet du groupe Fnac, lui-même organisateur du Fnac Live festival ; Venteprivée, acquéreur de plusieurs salles à Paris, a pris une participation dans Weezevent, une solution de billetterie en ligne ; enfin, Lagardère, exploitant des Folies Bergère, du Casino de Paris et des arenas, a acquis Billetreduc. Et tandis que l’arrivée d’Amazon dans ce secteur se profile à son tour, les salles labellisées Zénith ne sont toujours pas autorisées à gérer leur billetterie.

Dans le même temps, des acteurs présents dans l’audiovisuel y investissent, comme Morgane Groupe, producteur de nombreuses émissions de variétés, avec le Printemps de Bourges et les Francofolies, TF1 avec Sodexo à la Seine Musicale , ou encore Matthieu Pigasse, présent dans la production audiovisuelle avec Mediawan, qui affiche des ambitions européennes avec AEG, déjà au capital de l’AccorHotel Arena à Paris. Quant à Lagardère (Europe 1), il envisagerait un rapprochement avec Live Nation en Europe autour de salles de 10.000 à 20.000 places.

Terre bénie des festivals, la France, où on en compte environ 2.000, toutes musiques confondues, abrite aussi une foule d’artisans du spectacle musical et peut compter sur un solide maillage de scènes publiques labellisées. Mais pour combien de temps ? « Déjà, 60 % de la taxe prélevée par le Centre national des variétés sur la billetterie est versée par 5 % des entreprises. Il faut protéger ceux qui prennent tous les risques de développement de nouveaux artistes », insiste André Cayot, consultant et ex-Monsieur Musiques Actuelles au ministère de la Culture.

À noter

Le MaMa, c’est aussi un festival avec pas moins de 150 concerts proposés sur les scènes du XVIIe arrondissement de Paris (Trianon, Elysée Montmartre, Centre Barbara, la Cigale…).

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