Travail de nuit et travail posté : quelles mesures de prévention mettre en place ?

Publié le 14/11/2018 à 07:10 dans Risques professionnels.

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Les horaires atypiques concernent tous les aménagements qui ne sont pas « standards », c’est-à-dire, 5 jours réguliers par semaine du lundi au vendredi avec des horaires compris entre 5 heures et 23 heures et 2 jours de repos hebdomadaires. Le travail posté et le travail de nuit font partie des horaires atypiques.

La période de travail de nuit commence au plus tôt à 21 heures et s'achève au plus tard à 7 heures.

La durée quotidienne du travail effectué la nuit ne peut pas excéder 8 heures sauf accord collectif contraire. Le travail posté, quant à lui, correspond à une organisation dans laquelle plusieurs équipes se relaient successivement aux mêmes postes de travail, en fonction d’un roulement établi. La forme la plus connue est le 3 x 8, c’est-à-dire 3 équipes différentes qui se remplacent sur un même poste pendant 24 heures.

Perturbation du rythme circadien

Ces horaires atypiques perturbent le rythme dit circadien, c’est-à-dire le rythme biologique interne qui régule de nombreux phénomènes physiologiques, comme par exemple le sommeil, les sécrétions hormonales, la digestion, etc. Le cycle lumière-obscurité joue un rôle majeur dans la synchronisation journalière des horloges biologiques.

Pour les travailleurs postés ou les travailleurs de nuit, l’exposition irrégulière à la lumière du jour désynchronise les horloges internes et perturbe les rythmes biologiques, provoquant des effets sur la santé tels que des troubles de sommeil, de la somnolence, une baisse de la vigilance, des maladies cardiovasculaires, des accidents vasculaires cérébraux, des cancers, etc.

Le travail de nuit, pour les femmes, peut avoir des conséquences d’autant plus néfastes que ce type de travail augmenterait le risque de cancer du sein.

Mesures de prévention

Pour éviter les états de désynchronisation circadienne et limiter la dette de sommeil, les mesures de prévention suivantes peuvent être mises en place :

  • réduire le recours au travail de nuit. Ce dernier doit demeurer exceptionnel et être justifié par la nécessité d’assurer la continuité de l’activité économique ou des services d’utilité sociale, conformément au Code du travail ;
  • agir sur l’organisation de travail, en affectant en priorité les salariés volontaires à des postes de nuit, en définissant des heures de début et de fin poste compatibles avec les horaires des transports en commun, en adoptant une vitesse de rotation rapide (tous les 2 ou 3 jours) associée à une microsieste nocturne ou proposer un 2 x 8 associé à une équipe de nuit permanente, associer les salariés concernés à la définition des horaires de travail et des cycles de travail, etc. ;
  • adapter les locaux, en aménageant des salles de pauses dédiées à la microsieste pour les salariés en poste de nuit et revoir l’environnement lumineux du poste (intensité lumineuse plus forte avant et/ou en début du poste et moins élevée en fin du poste) ;
  • informer et former les salariés sur les effets sur la santé du travail de nuit/posté, sensibiliser les travailleurs à une bonne hygiène de vie, concernant notamment le sommeil et l’alimentation ;
  • adapter les horaires de travail afin d’éviter des postes longs supérieurs à 8 heures, aménager le système horaire afin qu’il n’interfère pas dans la vie familiale et sociale des salariés qui travaillent la nuit, repousser le plus possible l’heure de prise du poste le matin (après 6 heures) ;
  • consulter les salariés en les associant aux discussions sur les modalités pratiques des horaires telles que le temps de pauses, le rythme de rotation, l’heure de la prise de poste, etc., afin de leur permettre d’organiser leur vie familiale, professionnelle et sociale ;
  • assurer un suivi médical spécifique par le service de santé au travail selon une périodicité qui n’excède pas 3 ans, effectuer une visite d’information et de prévention préalable à leur affectation sur le poste, demander une visite supplémentaire si l’état de santé du salarié posté/nuit se détériore, adapter les postes de travail selon chronotypes des salariés (par exemple, une personne lève-tôt sera plus à l’aise sur un poste du matin).

Vous voulez en savoir plus sur les risques liés aux rythmes de travail ? Les Editions Tissot vous conseillent leur documentation « Réglementation et jurisprudence en santé sécurité au travail ».


Références : Le travail de nuit et le travail posté : Quels effets ? Quelle prévention ? – ED 6305 septembre 2018 INRS (Institut National de Recherche en Sécurité).

Isabelle Castellan

Ingénieur en sécurité du travail

Je participe depuis des années à la mise en œuvre des politiques de sécurité et de prévention, ainsi qu'à l'évaluation des risques professionnels dans l'industrie, la fonction publique et le BTP. Je …